Chapitre 10. II.

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Des larmes glissaient silencieusement le long des joues de la jumelle qui ne s'en rendit pas compte. À travers le brouillard qui s'était emparé d'elle, elle sentit la main de Blanche qui se perdait dans sa chevelure, caressant lentement les mèches grises afin de l'apaiser.

Gretel avait toujours pensé que la folie la gagnerait pour de bon s'il lui fallait évoquer un jour ces sombres événements. Pourtant, dans cette chambre d'hôtel, allongée juste à côté de Blanche qui la fixait de ses grands yeux caramels, elle se sentait un peu comme... hors du temps. Elle avait commis le pire des crimes, et pourtant, à cet instant précis, elle était juste... bien. Ni folie, ni peur, ni meurtre. Juste Blanche et elle.

Était-ce cela la paix ?

Gretel se releva et la princesse l'imita. Rivant ses prunelles argentés à celles brune qui la dévisageaient, la jumelle s'enquit, la voix rauque d'avoir tant parlé :

« Maintenant que tu sais, que vas-tu faire ?

Blanche battit des paupière une ou deux fois avant de souffler :

— Ça !

Surprenant sa comparse, elle l'attira dans ses bras et l'étreignit de toutes ses forces. La faucheuse aux cheveux cendré lui rendit aussitôt son étreinte alors que son cœur s'emballait dans sa poitrine. Elle avait l'impression de fondre à ce contact, une étrange chaleur s'emparant d'elle et se diffusant dans ses veines. Le parfum de la princesse était sucré, envoûtant, apaisant.

Gretel la serra bien plus contre elle, fascinée par la tendresse qui se dégageait de leur embrassade. La tête posée sur l'épaule de la brune, elle ferma les yeux, écoutant la mélodie de leurs battements de cœur. Elle souhaitait que cet instant ne se brise jamais, qu'il dure pour toujours. Elle était bien... Si bien. La main de la princesse s'était mise à caresser son dos lentement, jouant parfois avec les pointes des mèches grises, effleurant la taille de la faucheuse.

Pourtant, Gretel finit par rompre leur étreinte, reprenant ses distances de sécurité. À voix basse, elle souffla :

— Merci.

Le regard brillant, Blanche balaya d'un geste de la main les remerciements. La poussière qui la recouvraient suite au combat contre le croque-mitaine dissimulait le rosissement de ses joues. Se relevant, elle piétina un instant sur place avant de s'exclamer :

— Bon et bien... Je vais peut-être aller me débarrasser de toute cette crasse !

Cependant, alors que la brune se levait pour rejoindre la salle d'eau et mettre en exécution ses paroles, son téléphone sonna. Elle le porta à son oreille avant de froncer des sourcils un instant. Avec un profond soupir, elle éloigna le combiné de son oreille avant de se tourner vers sa comparse :

— Gret' ? Quelqu'un veut te parler ?

La jumelle fixa un instant le téléphone que lui tendait Blanche, l'air effrayée par cette technologie. Méfiante elle s'en saisit tandis que la princesse entrait dans la salle de bain. Peu sûre, la Faucheuse murmura :

— Allo ?

Ce fut la voix grave et basse de Valentin qui lui répondit :

— Salut Gretel.

— Valentin !

Elle entendit le rire de son ami et étonnamment, cela la réconforta, éveillant en elle un semblant d'émotion positive. Elle en oublia presque l'évocation douloureuse de ses souvenirs. Moqueuse, elle reprit de sa voix traînante :

— Ravie de voir que tu ne me détestes toujours pas...

— Qui te dit que ça n'est pas le cas ?

Les Faucheurs I - Sombre prophétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant