Chapitre 12 : Blizzard

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J'ai cogné sans même réfléchir aux conséquences. Heureusement, Cherry sait comment s'y prendre pour me faire réagir.

Non, je n'ai pas envie de finir en taule pour cette ordure. Je ne vais même pas le tuer, ce connard. Si il est aussi désolé qu'il le prétend, sa vie sera un enfer car jamais il n'obtiendra mon pardon.
Je vais d'ailleurs m'arranger pour que personne n'ignore ce qu'il a fait. Plus personne ne voudra de lui. Il deviendra un pestiféré.
Qui sait, j'arriverai peut-être à le pousser au suicide.

Sur ce coup-là, Cherry a fait réagir tout le monde. Je vois ma mère, les mains plaquées sur sa bouche. Je demande à Cherry de l'emmener à l'intérieur.
Mais elle est têtue et décide de rester au cas où il me prendrait une nouvelle folie.

— Nicholas ? demande mon père. C'est vraiment toi ?
— Ouais ! T'es content, tu m'as vu ? Maintenant casse-toi !
— Attends, tu...
— Non ! On a rien à se dire. Tu n'es plus rien pour moi.

Je sors mon téléphone, prépare un appel au 911 et lui montre.

Je n'ai pas peur d'appeler les flics, c'est lui repris de justice. C'est lui qui vient de sortir de taule. Pas moi.
Et quand les flics réaliseront que j'étais sa victime. Devinez qui va se faire embarquer.

— Tu as cinq secondes pour dégager de ma vue avant que je lance l'appel.
— Nicholas !
— Cinq, quatre, trois...

Il a compris que je ne plaisantais pas et se barrer en courant. Pauvre minable.

Je me retourne et vois ma mère accrochée au bras de ma femme.

— Bonjour, maman.

Elle lâche ma femme et s'approche de moi. Elle prend mon visage dans ses mains, touche ma bouche, mon nez, mes cheveux.
Je me souviens qu'elle a toujours été très tactile avec moi. Elle m'embrassait souvent, passait sa mains dans mes cheveux, me serrait dans ses bras.

Elle font en larmes. Ça me déchire le cœur en mille morceaux.

— Mon trésor, mon petit cœur. Si tu savais comme je m'en veux. J'aurais dû...
— Rien n'est ta faute, maman. C'est lui le seul responsable. C'est lui qui nous a détruit. Je ne t'en ai jamais voulu, tu étais aussi sa victime.
— Mon bébé. Tu m'as tellement manqué. Je t'aime tellement.
— Je t'aime, maman. Je n'ai jamais cesser de t'aimer.

J'ai comme un poids en moins sur la conscience. Je tends la main vers Cherry pour qu'elle me rejoigne. Elle est aussi émue que nous.

— Maman, je te présente Cherry, ma régulière. Cherry, voici Elen, ma maman.
— Je suis heureuse de vous connaître, Elen. Blizz parle de vous avec beaucoup de tendresse.
— Blizz ? C'est ton nom de route.
— C'est Blizzard, en fait, parce que je jette un froid partout où je passe.
— Et bien, saches, mon trésor, que ça ne fonctionne pas avec moi.

Nous rions tous les trois.
Maman nous invite à prendre un café.
Nous parlons de tout, de rien. Quand elle me demande ce que j'ai fait durant toutes ces années, je lui raconte la vérité.
Elle en fait autant. J'apprends qu'elle a pu acheter cette maison en travaillant dans un club de motards comme barmaid. Qu'elle faisait des extra avec quelques gars du club. Elle ne me cache même pas le nom du club, les Red Devils. Une chance que ce soit nos alliés.
Je lui explique mon rôle au sein des Devil's Eagles. Elle est impressionnée quand je lui dis que je suis le trésorier du club.
Bon sang, elle n'a pas changé. Certes, elle a plus mauvais caractère, la prison aidant, mais elle est restée la maman douce et aimante qu'elle a toujours été.

Elle est déçue quand je l'informe qu'on ne peut pas rester plus longtemps. Cherry aussi d'ailleurs.
Je lui promet de revenir aussi souvent que possible.

Elle nous raccompagne à la barrière et nous embrasse tendrement.

— Elle est à toi cette merveille ? demande-t-elle en pointant ma moto du doigt.
— Ouais. Je me la suis offerte avec mes premiers salaires.
— Un jour, tu emmèneras ta vieille mère en ballade, n'est-ce pas ?
— Quand tu veux, maman. Et tu n'es pas vieille.
— Encore une chose, intervient Cherry. Si l'autre revient, laissez-le dehors et appelez la police.

Maman hoche la tête. Je l'embrasse une dernière fois et nous reprenons la route.
Je dois voir Kill si je veux pouvoir m'absenter du club en paix. Et Dieu sait qu'il faut que je règle tout le bordel qu'il y dans ma tête avant de pouvoir être heureux et rendre ma femme heureuse.

Quand nous arrivons, je file droit dans la grande salle. Je repère Kill et demande à le voir en privé.

En privé ? Laissez-moi rire. Il y a Kill et Snake, comme d'habitude. Ce qui est hors normes, c'est Cherry qui a décidé que je n'irais nulle part sans elle.

Je fais genre qu'elle me soûle, mais au fond, sa présence me rassure.

— Je veux allez massacrer les enfoirés qui tiennent ces putain de centres de dressage. Et je veux aussi faire la peau aux voisins qui n'ont rien fait pour nous aider. Et ce con de dirlo qui ne s'est même pas inquiéter de savoir pour je n'allait plus à l'école. Et...
— Stop! Je crois qu'on a tous compris. Venge-toi de qui tu veux mon frère, du moment que la réputation du club reste intacte. C'est tout ce que je te demande.
— Et je l'accompagne ! s'exclame Cherry.

Ça, c'était pas dans mes plans.

Snake commence à gueuler qu'elle est inconsciente. Que je pars pour tuer pas pour le plaisir. Que les femmes sont censée rester à l'abri.

Évidemment, Cherry gueule aussi fort que son frère, si pas plus, qu'on n'est plus à l'ère préhistorique, que les femmes ont des droits, qu'elle ne lui appartient pas, qu'il n'a aucun droit sur elle, qu'elle fait ce qu'elle veut.

Je parie qu'ils ne s'écoutent même pas l'un l'autre.
Leurs disputes vont finir par devenir légendaires au sein du club.

Kill et moi attendons, impuissants, que l'orage passe.

On pourrait les séparer, mais on les connaît. Ils continueront de se hurler dessus jusqu'à ce que l'un des deux cède.

Et comme ils sont partis là, Dieu sait que ça risque de prendre longtemps.

Devil's Eagles T3 : Les ailes de la vengeance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant