Chapitre 19 : Cherry

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J'ai passé une nuit épouvantable peuplée de cauchemars sur des enfants violés et maltraités.

Les horreurs de ce genre peuvent sembler abstraites à quiconque en entend parler à la radio ou à la télévision. On ne réalise pas vraiment la souffrance que ça implique. On imagine pas réellement l'enfer que ça représente.

Mais je peux vous dire que quand vous avez vécu ce genre de chose, vous voyez tout d'un autre œil. Un peu comme si vous étiez passé de l'autre côté du miroir.
Vous n'êtes plus seulement spectateurs, vous vivez ces horreurs avec les victimes.

Ça m'a fait un choc de voir ces enfants subir ce que j'ai moi-même subi alors que j'étais plus âgée.
J'avais tout de même dix-huit ans. Je comprenais les choses. Je savais ce qui m'arrivait et ce que ça impliquait.
Mais un gosse de douze ans est loin de s'imaginer ce qui viendra après la torture et les viols. La finalité du dressage, la prostitution.

Hier, j'ai vraiment réalisé toutes la souffrance que Blizz a dû endurer.
J'avais beau rester calme face à cet horrible spectacle, je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer mon homme dans la même situation que ces enfants.

Je me lève enfin et vais rejoindre Blizz sous la douche. Je me glisse derrière lui, passe mes bras autour de sa taille et me colle à son dos pour profiter du jet d'eau chaude.
Il prend sur lui de me savonner de la tête aux pieds. On ne m'avait jamais lavée avant. J'aime bien même si j'avoue être un peu déstabilisée.

Nous descendons ensuite mettre nos sacs dans la voiture avant d'aller prendre un copieux petit-déjeuner.
Une longue route nous attend.

— On va devoir rouler combien de temps ?
— Huit heures environ. On se relayera.
— Quatre heures chacun ?
— Je pensais plutôt toutes les deux heures.
— Ça me va !

Nous reprenons la route. Le trajet se passe sans encombres jusqu'à Boulder City.
Nous prenons une chambre au motel du coin.

Blizz part nous acheter quelque chose à manger pendant que je prépare tout ce dont nous aurons besoin ce soir.
Je dépose nos gants, nos cagoules et des vêtements noirs sur le lit, puis je vérifie que nos armes sont bien chargées.

Tout est prêt.

Blizz revient et nous mangeons.
Je suis de plus en plus anxieuse à mesure que l'heure fatidique approche.

Le centre est à la sortie de la ville.
L'endroit est comme dans mes souvenirs. Rien n'a changé.

Je suis souvent demandée pourquoi les voisins ne réagissaient pas en entendant nos hurlements.
J'ai la réponse. C'est parce qu'il n'y rien à entendre. Je ne l'avais pas remarqué la première fois, mais de l'extérieur, tout est calme.

Il n'y a pas de clients à cette heure-ci. Il est encore trop tôt. Nous avons une marge de deux heures pour agir avant l'arrivée des premiers clients.

Nous passons par la porte principale.
Le plan ? On entre et leur fonce dedans, comme dirait Blade.
On n'a pas le temps de faire les choses en douceur.

Blizz ouvre la porte comme si il était chez lui et entre.
Un gars, affairé à attacher une pauvre fille, gueule sans se retourner.

— C'est pas l'heure ! Faut venir plus tard !

Un deuxième gars arrive de la cave et, avant même qu'il puisse réagir, Blizz l'abat.

— Putain ! réagit enfin le premier homme.

Trop tard. Je lui met une balle entre les deux yeux.

Je fais signe aux filles de se taire. Elles acquiescent et nous passons à la cave.
Nous tuons tous ceux qui se trouvent sur notre chemin.
Nous demandons aux filles de rester calmes et les informons que la police arrivera bientôt.

Nous nettoyons les deux étages supérieurs de la même manière et retournons au rez-de-chaussée.

Blizz fouille les poches de l'un des corps et me tend le téléphone qu'il trouve.

Je compose le numéro de la police, mets le haut-parleur et le pose à terre près de l'une des filles.

Nous quittons les lieux avant l'arrivée de la police et rentrons au motel sans trop se faire remarquer.

Dans la chambre, c'est plus fort que moi, je m'effondre à genoux sur le sol en sanglotant.
Pas d'avoir tué ces hommes. Ils méritaient de crever.

Mes larmes sont des larmes de soulagement. Blizz se précipite pour me porter dans ses bras et me poser sur le lit.
Il s'allonge à côté de moi et je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage.
Il me caresse les cheveux avec une douceur infinie.
J'aime quand il fait ça, ça me rassure.
Mon père me caressait les cheveux de la même façon quand j'avais peur qu'il ne rentre pas du travail.

J'aimerai lui dire ce que je ressens à cet instant mais les mots me manquent.

Je m'endors contre le corps chaud et musclé de mon homme.
Je ne fais pas de cauchemars cette nuit, Blizz non plus.

Nous nous offrons une grasse matinée amplement méritée, suivie d'un copieux petit-déjeuner avant de prendre la route.

Nous avons environ douze heures de trajet devant nous.
Nous avons décidé de nous relayer toutes les deux heures et de faire le trajet d'une traite.

Nous avons hâte d'être à la maison.
Notre très grande famille commence vraiment à nous manquer.

Metallica à fond dans la voiture, nous roulons avec insouciance sur les routes américaines.

Aujourd'hui, nous comprenons enfin le sens profond du mot liberté.

Devil's Eagles T3 : Les ailes de la vengeance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant