5 - L'adoption

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** 24 décembre 2019, à Paris. **

* Regina *

Le dîner se poursuit, dans la joie et la bonne humeur. Mes lèvres s'étirent naturellement, lorsque mon cher père débarrasse le plateau de fruits de mer de la table, après s'être assuré que personne n'en veuille. Ma blonde remarque ma satisfaction, quant à la disparition des carcasses de crevettes et autres animaux marins, et me gratifie d'un rictus. Amusée, je lui tire la langue, lui faisant lever les yeux au plafond. Henry rit sans retenue, en se tournant vers nous. Et pour cause, c'est le moment que choisit Emma pour s'accaparer mon verre de champagne. Elle en boit le contenu en quelques gorgées, tandis que je fais – encore – la moue.

– Tu aurais pu t'en servir un toi-même, au lieu de me le voler, grogné-je faussement avant d'attraper la bouteille.

Ma réaction lui décroche un ricanement, tout comme à l'ensemble de nos proches. Pour unique réponse, ma compagne me fixe de ses prunelles pétillantes, ma coupe toujours en sa possession. J'en fais de même, lui quémandant en silence de me rendre l'objet qui ne lui appartient pas. Une lueur de défi passe dans son regard émeraude et son sourire s'accentue quelque peu. Le mien aussi. Tu veux jouer à ça Swan? Alors jouons.

Je ne compte plus le nombre de fois où nos visages se sont rapprochés dans la soirée, tantôt pour s'embrasser et tantôt pour se balancer des répliques sans être entendues par le reste des convives. A nouveau, sa frimousse se penche vers moi avec une lenteur déconcertante. J'intercepte son œillade furtive qui zieute ma poitrine, mise en valeur par ma tenue. Une simple robe noire, qui s'avère être la préférée de ma chère partenaire.

– C'est vrai, mais celui-là a meilleur goût, me glisse-t-elle dans un murmure.

Une bouffée de chaleur m'assaillit, et je ne sais si elle est due à notre proximité soudaine, ou au sous-entendu que je fais mine d'ignorer. La malice qui se lit sur sa bouille lorsqu'elle reprend sa place initiale, me confirme que ses propos ne font pas allusion à la boisson. Pas uniquement, tout du moins. Le contact de son souffle contre mon cou continue de fait frissonner ma peau, même plusieurs minutes après notre échange.

Celle-ci paraît ravie de son petit effet sur moi, puisqu'elle finit par poser la flûte vide en ma direction. Je hausse les sourcils en souriant, comme pour me vanter d'avoir obtenu ce que je souhaitais. A mon grand étonnement, ma moitié ne manifeste aucun signe de protestation. Excepté l'une de ses mains qui effleure ma cuisse, avant de la caresser avec davantage d'insistance. Mon cœur loupe un battement, quand je prends conscience que plusieurs faciès nous observent.

– Qu'est-ce que vous racontez en messes basses? s'exclame ma belle-mère, de sa curiosité habituelle.

En voyant ma petite-amie entrouvrir les lèvres, mon corps réagit plus vite que ma cervelle. Mon pied remonte le long de sa jambe dénudée, l'aguichant comme déjà effectué un peu plus tôt au cours du réveillon. Ma chaussure se trémousse délicieusement contre elle, me faisant prendre un malin plaisir à la torturer ainsi. Un coup d'œil sur la gauche m'avertit que ma mascarade ne la laisse pas insensible, puisqu'elle se fige un court instant. Ma bouche se tord en une mimique discrète mais flattée.

– Rien d'intéressant, maman. Mon chéri, que dirais-tu d'une autre histoire? Tu peux même choisir le passage de notre vie que tu veux connaître, ajoute-elle aussitôt.

Sa façon de changer de sujet pour cacher son embarras échappe à tout le monde, sauf à moi. Je connais trop bien mon âme-sœur, pour deviner la moindre émotion qui traverse son échine. Heureusement pour elle, je ne suis pas d'humeur à poursuivre ma ruse, et cesse mon attouchement. Notre lien n'en est pas rompu pour autant, puisque ses doigts triturent toujours mon vêtement, hors de la vue de nos familles respectives.

Au pied du sapin [SWANQUEEN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant