Au pied du sapin [SWANQUEEN]

23 - La distance

NDA : Le montage n'est pas de moi, je l'ai trouvé sur Pinterest!

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** 24 décembre 2019, à Paris. **

* Regina *

L'anecdote précédente ne résonne que très peu en mon esprit. Seuls les récits de mon fils et de ma conjointe racontés le lendemain demeurent en ma mémoire. Pour cause, je me suis aussitôt rendormie après le réveil mouvementé de ma moitié, cette nuit-là. A ma décharge, Henry et moi avions joué tout au long de la soirée tandis que Emma dînait avec ses parents. D'où ma fatigue excessive, presque trois ans auparavant. Je glousse dans mon coin en me rappelant du minois épuisé de ma promise au levé du soleil. La pauvre, je ne devrais pas me moquer d'elle. D'ailleurs, l'intéressée me le fait savoir d'un coup d'œil faussement accusateur.

– Rigole si tu veux mais ce n'est pas moi qui suis restée sur ma faim au petit matin.

Sa remarque diffusée à haute voix provoque une réaction immédiate sur ma personne. Mes pupilles s'écarquillent dès que je baisse la tête afin de masquer mon malaise. Manquerait plus qu'ils me voient tous rougir sous leurs yeux ébahis. Ce qui doit déjà être le cas, si je m'en tiens à l'énorme chaleur m'enflammant le visage. Les pommettes, plus exactement. Aussi étonnant que cela soit, j'étais en grande forme malgré mon sommeil interrompu. Trop par rapport à mon acolyte, au vu de la suite des événements. Mon désir a connu une rapide descente quand elle m'a tourné le dos pour repousser mes avances, embarquant la couverture au passage. Un message clair comme je les aime. Enfin, en d'autres circonstances, bien entendu.

– Vous avez quelque chose de particulier pour la fin des vacances? quémande mon père à l'intention de chacun d'entre nous.

– Moi, je serai à la maison avec mes mamans même si elles sont toujours collées ensemble, s'exclame le cadet, fier de son programme.

La dernière partie de sa réponse m'arrache un rictus ainsi qu'à l'entièreté de nos proches. Je ne peux contredire le jeune futé sur ce point-ci; il a raison à cent pour cent. Sa mère et moi sommes indissociables et n'importe quel individu de notre entourage le sait. Depuis notre fatidique rencontre, nous entretenons une relation fusionnelle où les obstacles n'ont pas leur mot à dire. Du moins, la plupart du temps. Cette réflexion ravive un ancien souvenir en mon subconscient, un de ceux que j'aurais préféré omettre. Et des années plus tard, je ne voudrais le revivre pour rien au monde.

** 23 octobre 2014 **

Mes mains tremblent lorsque j'attrape mon téléphone. Allongée sur le lit de ma chambre d'hôtel, je fixe le plafond durant un court instant. Voilà deux semaines que je suis séparé de mon amoureuse pour motif professionnel. Comme d'habitude, mon employeur s'est déplacé à son second cabinet vétérinaire situé à Marseille. En général, il ne s'y rend que pour vérifier la qualité de travail de ses collègues sur place. Cependant, cela se montre différent désormais. En effet, une exceptionnelle surcharge a obligé Mr Andson à exiger ma présence à ses côtés. Une première au sein de mon activité salariale dont je me serais passé volontiers. Il fut une période où ma mutation occasionnelle n'aurait dérangé que mon caractère casanier. Néanmoins, aujourd'hui mon ressenti sur le sujet a changé en totalité.

Une femme extraordinaire partage ma vie dorénavant et habiter temporairement loin d'elle est plus compliqué que je ne l'aurais cru. En dépit de nos appels réguliers, l'absence de ma concubine crée un terrible creux en moi. Je me demande sans cesse la façon dont celle-ci occupe ses journées et surtout avec qui. La jalousie, voici une émotion que jamais je n'ai éprouvé avant. Pourtant, je ne peux m'empêcher de l'être en permanence à l'égard de la demoiselle en question. Rien d'extrême non plus mais de nombreuses disputes ont eu lieu à propos de cette facette de ma personnalité.