Au pied du sapin [SWANQUEEN]

2 - Le premier rendez-vous

** 24 décembre 2019, à Paris. **

* Emma *

Un frisson m'envahit, lorsque ma compagne glisse sa main dans la mienne, après avoir terminé sa longue tirade. Je ferme les paupières quelques secondes, et me mords la lèvre en me remémorant l'audace dont j'ai fait preuve, en l'abordant ce jour-là. Je sens une vive chaleur me monter aux joues, au souvenir des allusions sexuelles que je lui faisais déjà, lors de notre rencontre. Un passage qu'elle s'est – heureusement – gardée de révéler devant notre famille, et surtout Henry. Regina approche son visage du mien, et alors que je me prépare à l'embrasser, sa bouche se décale vers la droite.

– Arrête de rougir Em, je ne voudrais pas expliquer le fond de tes pensées à tes parents, murmure-t-elle au creux de mon oreille.

Une vague de désir me submerge, et je tente aussitôt de la calmer. Ma bien-aimée s'écarte comme si de rien n'était, et pousse un petit ricanement, satisfaite de l'effet de son action sur moi. Je lui lance un regard faussement noir, tout en tentant d'éteindre le tourbillon qui a lieu dans mon ventre. Mon manque de conviction lui décroche un rictus, que je fais semblant de ne pas avoir remarqué. Ma brune me connaît par cœur, et elle sait parfaitement comment me mettre mal à l'aise. C'est une chance pour moi, que mes beaux-parents soient occupés en cuisine et que le reste des invités ne soient trop pris dans leur conversation, pour prêter attention à notre petit jeu. Un jeu auquel je n'ai pas demandé à participer, mais que ma femme à tout l'air d'apprécier. Un peu trop, peut-être.

Je détourne mes yeux de notre fils qui joue sur les genoux de Zelena, en sentant quelque chose frôler l'une de mes jambes. Je comprends assez vite de quoi il s'agit, et prie pour que personne ne détecte ma gêne, qui redouble d'intensité. La chaussure de ma conjointe caresse ma cuisse dénudée, faisant remonter le haut de ma robe blanche en dentelle. L'œillade ardente qu'elle pose sur moi, me donne un coup de chaud brutal, si bien que je me serais éclipsée avec elle dans une pièce à part. Du moins, si nous n'étions pas en train de dîner chez Cora et son mari, entourés de tous nos proches.

Elle cesse son petit manège, dés que ses géniteurs reviennent vers nous avec une magnifique dinde, qui me fait déjà salivé. Pas autant que les images qui me traversent l'esprit, mais tout de même. Je secoue le faciès pour me remettre les idées en place, ce n'est ni l'endroit ni le moment, pour penser à de telles choses. La tante de notre enfant le repose à sa place, avant de commencer à servir chacun, tour à tour. Sa bouille se tourne vers nous, et je lui souris pour masquer mon embarras, tandis que sa deuxième mère prend une expression neutre, comme si notre dernier contact n'était jamais arrivé. Je n'en suis même plus surprise, Regina s'est toujours montré capable de cacher ses ressentis et sentiments. Même si je vois bien que sa mascarade ne l'a pas laissé insensible, je ne le relève pas. Cependant, je m'autorise un coup d'œil accusateur en sa direction, qu'elle fait mine d'ignorer. Ce soir encore, elle n'est pas décidée à abandonner de sitôt. Cela a toujours été ainsi entre nous, une partie à laquelle chacune marque des points, sans que jamais aucune ne gagne ou ne perde réellement.

– Et après, il s'est passé quoi entre vous? s'exclame Henry, plein d'entrain. Je veux tout savoir, tout, tout, tout.

Son énergie fait rire l'ensemble des gens attablés, moi y compris. Mes iris croisent à nouveau ceux de mon âme-sœur, et elle m'encourage en silence à raconter la suite de notre histoire. Je réfléchis un instant, et ma mémoire rejoue nos retrouvailles à la perfection, comme si cela avait eu lieu hier. J'affiche un sourire instantané et involontaire, qui suscite encore davantage la curiosité du petit, assis à ma droite. Il trépigne d'impatience sur son siège, amusant tout le monde. Je me décide enfin à prendre la parole, les prunelles plongées dans celles de ma séduisante partenaire.