10- Les premières vacances

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** 24 décembre 2019, à Paris. **

* Emma *

Mon regard dérive sur mon poignet tandis que la voix de ma compagne finit de se déverser dans la pièce. Je contemple la pierre turquoise incrustée sur mon bijou et ressasse l'instant où il m'a été confié. Nos retrouvailles se répètent en boucle dans ma boîte crânienne, en même temps que le récit de Regina. Un étrange mélange d'amertume et de joie me comprime la poitrine. Ce bracelet que je porte chaque soir depuis notre réconciliation est particulier à mes yeux. Il a une valeur sentimentale plus importante que les autres cadeaux de ma partenaire, me rappelant sans arrêt le déluge que nous avons surmonté. Ensemble, comme toujours.

Ma brune s'arrête en cours de route, soit à un moment clé de ce morceau de notre histoire. Je sens sa main serrer la mienne de toutes ses forces. Sa nervosité m'est transmise aussitôt par le biais de nos doigts liés et je sais qu'elle peine à gérer ses émotions. C'est pourquoi je lui adresse un demi-sourire rassurant avant de prendre la parole. D'autant plus que la suite en est aussi belle qu'émouvante.

– Ensuite, j'ai pleuré parce que j'étais triste et énervée contre ta maman, avoué-je, tournée vers mon fils, mais je n'ai pas su lui résister longtemps. Je l'aimais déjà beaucoup trop pour ne pas lui pardonner, tu comprends?

Henry remue la tête de haut en bas, provoquant un amas de rires parmi les membres de notre famille. Le voir si heureux en entendant le dénouement positif de l'une de nos disputes me procure une chaleur en plein cœur. Son chagrin vis-à-vis de notre séparation temporaire n'a laissé aucune trace sur ses iris. Au contraire, le voilà désormais en train d'applaudir avec fierté devant ses grands-parents, sa tante et enfin ses deux mères. La peau de mon amoureuse frissonne sous mon contact. Un rictus radieux traverse la barrière de ses lèvres, certainement dû à mes propos.

– Et tu t'es excusée pour revenir avec 'man? quémande le cadet à l'intention de mon âme-sœur.

– Oui, bien sûr mon ange. Nous avons eu une grosse discussion et au bout de plusieurs semaines, j'ai réussi à regagner sa confiance, petit à petit. Je te faisais livrer des fleurs presque tous les jours, tu te souviens? ajoute l'intéressée en pivotant en ma direction.

Je hoche le menton positivement. L'image des nombreux bouquets qui m'ont été offerts se forme dans mon esprit. Mes géniteurs me lancent un regard amusé à l'évocation de cette anecdote. C'est vrai, j'en avais tellement que leur logement étriqué était envahi de vases en tout genre. Notre protégé semble convaincu de la réponse qui lui est fournie puisqu'il abandonne la conversation pour poursuivre ses chamailleries avec Zelena.

Je constate que les muscles de ma moitié se détendent quelque peu à ma droite. Néanmoins, la froideur de son épiderme me permet d'émettre une légère opinion sur son état actuel. Les dernières explications apportées ne suffisent pas à apaiser la totalité de sa culpabilité. Dans le but de soulager les ultimes tensions qu'elle s'inflige inutilement, je me penche et la gratifie d'un chaste baiser. Du moins, c'est ce qu'il aurait été si sa langue n'en demandait pas davantage. Je recule afin de ne pas éveiller les soupçons mais sa paume exerce une pression sur ma cuisse, me faisant bien saisir que mon action ne lui convient pas.

Telle une innocente demoiselle, je hausse un sourcil d'un air ignorant. Sa prise s'intensifie à mesure qu'elle ne soulève le tissu de ma robe. Par chance, mes réflexes sont plus rapides que les siens sur ce coup-ci. Mes jambes se joignent donc avant que son pouce ne s'aventure plus loin. Résignée, ma conjointe retombe dans le dossier de sa chaise, non sans m'assigner une œillade féline. Bonne nouvelle; son attitude habituelle est de retour. Mauvais présage; la nuit qui va suivre ce réveillon promet d'être agitée, en ce qui me concerne.

Au pied du sapin [SWANQUEEN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant