Chapitre 3

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Ses doigts étaient brûlants sur ma peau. Ils m'électrisaient. J'étais également happée par son regard si envoûtant. Il n'était qu'à quelques centimètres de moi, et je n'en avais pas l'habitude. Lui non plus ne semblait pas vouloir ne lâcher, on a dû rester dans cette position seulement quelques secondes mais ça m'a paru durer des heures. Je lui ai murmuré d'une voix rauque de ne pas avoir parlé depuis longtemps :

"Tu...Hmm... Tu peux me lâcher maintenant, j'allais pas tomber, il y a un escalier juste en dessous"

"Oui... oui, bien sûr" Il semblait comme sortir d'un moment d'égarement. Il n'y avait pas que moi qui étais troublé, à ce que je vois. 

Il a enlevé ses mains de mes hanches et j'ai ressenti comme un vide, un trou qui venait de se former à l'intérieur de moi. C'est aussi à ce moment là que les sons de l'extérieur me sons parvenu de nouveau. J'entendais la circulation des voitures au loin, le chant des oiseaux dans les arbres, et surtout les potes de Jay qui sifflaient et riaient. Je me suis également rendu compte que j'étais en apnée pendant tout ce moment. J'ai jeté un dernier coup d'œil à Liam qui s'était reculé de quelques pas, mais qui ne cessait de m'observer, puis j'ai sauté sur l'escalier de secours avant d'atteindre la fenêtre de ma chambre et d'y pénétrer.  Je mets plusieurs minutes à me dégager de la brume qui entoure mon cerveau. Son contact sur ma peau a fait resurgir en moi des souvenirs dont je voulais oublier l'existence. Ce n'est qu'au moment où je reprends complètement possession de mes moyens que je me rends compte que je pleure. Merde, je m'étais promis de ne plus pleurer pour ça. Par un simple touché, anodin pour beaucoup, et surtout involontaire, Liam a fissuré les murs que j'avais mis tant de temps à forger, et maintenant c'est comme si, petit à petit, mes émotions se glissaient dans les failles et m'échappaient. Il faut vite que je rebouche les trous de mon mur sinon ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne se brise entièrement. 

Je mets tout ça dans un coin de ma tête et décide d'aller prendre une douche pour me changer les idées. J'évite mon reflet dans le miroir et je rentre directement sous l'eau bouillante. La chaleur sur ma peau se mélange avec la sensation de brûlure que j'ai ressentie. Je n'arrive pas enlever son toucher de mon esprit. Je m'assois sur le carrelage de la douche, mes bras entourant mes jambes et mon menton posé sur mes genoux et je me chuchote comme un leitmotiv :

"C'est bon, tu es en sécurité ici, personne ne peut te faire de mal" 

Je répète cette phrase jusqu'à ce qu'elle n'est plus aucun sens. Finalement, après ce qui me semble une éternité, je sors enfin de la douche. Je regarde l'heure qu'affiche l'horloge de la salle de bain. 14h47. Bon J'ai loupé mon premier cours de l'après-midi. Tant pis. Je décide de ne pas aller aux autres non plus, tant qu'à faire. J'enroule mes cheveux dans une serviette puis je vais jusqu'à ma chambre. Je ne prends pas la peine d'enfiler le moindre vêtement et je file directement sous mes draps. Il faudrait que je dorme pour rattraper mon sommeil de la nuit dernière et compenser le manque que je vais sûrement également avoir cette nuit, mais les images tournent en boucle dans ma tête. Je m'énerve contre moi-même d'être chamboulée par une si petite chose. Les personnes normales ne réagissent pas comme ça. Une personne normale aurait sûrement dit : "Merci de m'avoir rattrapé, je t'en dois une.  À plus tard" et elle n'aurait pas bégayé l'espèce de truc que j'ai raconté. Des fois, j'ai envie de me foutre des claques. J'ai fini par m'endormir vers 16 h

Je me suis réveillé d'un sommeil sans rêve, pas très reposant mais ça fera l'affaire. C'est souvent comme ça quand je fais une sieste dans la journée mais c'est mieux que rien. Je regarde l'heure, 19h56. Il faudrait que je me préparer à manger mais, à part des compotes, je n'ai plus rien dans le frigo ou les placards et je ne peux plus aller faire les courses à cette heure-ci, l'épicier du bas de la rue doit être fermé. Ma dernière option est de manger à la cafétéria de l'université. C'est un système qu'ils ont mis en place pour que les résidents du bâtiment puissent venir manger les soirs et les weekends en plus du midi, qui est proposé pour tout le monde. Mais j'évite un maximum d'y aller. Moins je vois de personne, mieux je me porte. Mais là, je n'ai pas le choix.  Je prends donc mes affaires et je descends jusqu'à la cafet. Au menu de ce soir, pommes sautées et steak. Mouais. 

Je pose mon plateau sur une table puis  je sors pour aller aux toilettes. Je m'apprête à tirer la porte du couloir vers moi, quand d'un coup, elle s'ouvre brutalement et vient s'écraser sur mon nez. La violence du choc me fait tomber au sol, et je suis sonnée. J'entends quelqu'un se précipiter vers moi. 

"¡Mierda ! Jeen ! Est-ce que ça va ?" 

Je reconnais cette voix. Punaise, pourquoi il faut toujours que je sois confrontée à lui ? Et pourquoi il parle en espagnol ? 

La lune et ses étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant