Chapitre 18

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J'étais en pleurs, mais il fallait que je continue de parler. Liam s'était rapproché de moi, il avait passé son bras dans mon dos et dessinait des cercles imaginaires pour essayer de me calmer. Je ne l'ai pas regardé dans les yeux depuis un moment, je ne veux pas voir tout le dégoût qu'il pourrait ressentir contre moi a cet instant. 

Raconter cette histoire m'épuise autant physiquement que mentalement. : 

"Peu de temps après, j'ai appris que Charles avait été grièvement blessé. J'ai sectionné sa moelle épinière avec le couteau de cuisine et je l'ai laissé paraplégique avec un poumon dans un très mauvais état. À la sortie de la maison d'arrêt, j'ai  fait le choix d'éloigner ma mère de moi pour ne pas lui faire encore plus de mal. Quand elle a appris tout ce qu'il s'était passé depuis tout ce temps, elle s'est effondrée. Elle s'en est voulu de ne pas avoir su protéger sa petite fille, ma ce n'est pas de sa faute. Donc je suis partie. Dans l'urgence, j'ai réussi à louer une chambre chez une grand-mère assez sympathique puis je suis rentrée à la fac et j'ai loué mon appartement. 

Voilà, tu connais toute l'histoire maintenant. " 

Mes larmes s'étaient taris. Je crois que je n'avais plus assez d'eau en moi pour pleurer. Mais je me sentais comme libre d'un poids en moi. Peu importe si Liam ne voulait plus me voir après avoir pris connaissance de cette partie de ma vie, au moins je lui aurais avoué. Alors oui, ça me fera extrêmement mal s'il décide de partir mais je ne le retiendrais pas. Après tout c'est normal, personne ne devrait avoir à supporter quelqu'un dont le passé est aussi lourd et a un tel impact sur le présent.

Il a arrêté de tracer des cercles dans mon dos. Je l'ai senti bouger sur le canapé a côté de moi mais je ne pouvais toujours pas le regarder. Il a posé une de ses mains sur mes joues encore humides, l'a fait descendre jusqu'à mon menton d'un mouvement très lent et délicat, et il m'a fait tourner la tête vers lui de telle sorte à ce que je sois obligé de le regarder. Ses yeux bleus étaient humides mais il me souriait. Puis il l'a chuchoté, comme une confidence : 

" Tu es la personne la plus forte et la plus courageuse que j'ai rencontrée de toute ma vie. Je sais ce que tu dois penser. Tu dois te dire que je devrais partir pour pas que tu me fasses du mal, comme tu as fait avec Jay, et comme tu l'as fait avec ta mère. Mais la vérité c'est que je ne peux pas partir, et même si je le pouvais, le plus important c'est que je ne le veux pas. Parce que je suis trop attaché à toi maintenant.  C'est même plus fort que du simple attachement, c'est ... " 

Il ne termina pas sa phrase mais je me doute de la suite. Je me remis à pleurer, parce que je me sens bien, comme libérée. Finalement, il me restait encore des larmes en stocks. 

"Alors, je sais très bien que ça ne va pas être simple, et que c'est quelque chose qui te suivra à jamais, tu ne peux pas t'en débarrasser. Mais maintenant, je vais être là pour t'aider à le laisser derrière toi, et à regarder droit devant toi. Maintenant, arrête de pleurer, je déteste voir tes jolis yeux tout pleins de larmes. Viens là !"

Il m'ouvre les bras et je viens me blottir contre lui. C'est fini maintenant, je ne ressens plus de brûlures à son contact, comme la première fois qu'il m'a touché sur le toit. Je ressens juste une sensation de chaleur agréable. 

"Il est tard maintenant, il faut que tu dormes" 

Je secoue la tête. Je ne pourrais pas dormir maintenant, même si je suis épuisé, j'ai peur de faire des cauchemars. 

"Quand j'étais petit ma mère me chantais une berceuse qui me calmait à tous les coups quand je n'arrivais pas à dormir. Tu veux que je te la chante ? Peut-être que ça pourrait t'aider. 

Je hoche la tête, il se racle la gorge et entonne doucement : 

"Las hojas de los arboles caen en otoño

Y el agua del arroyo fluye lentamente

Eschucha atentamente lo que tarareo

Centrate en mis sussuros

El día vendrá después de la noche, asegúrate

El tierno y suave aire de la tarde

Aliviará todas tu heridas 

Solo tienes que saber cómo escucharlo, cómo recibirlo,

El futuro te cuidará, cariño

Las estrellas, al tu pasaje, brillan

Cierra los ojos, déjate llevar por este país de las hadas

Duerme, deja que tus ojos brillen mañana" 

Je l'avais reconnu immédiatement, c'était la même berceuse que ma mère me chantait, mais en espagnol. Je souris en l'entendant, et mes yeux se fermèrent petit à petit. Je m'endormis dans ses bras.


La lune et ses étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant