Chapitre 11

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Je suis réveillée par des coups frappés à ma porte. Je me lève, en nage, les larmes  aux yeux et les cheveux en bataille mais ce n'est pas grave, je sais déjà qui se trouve derrière la porte. Je jette un rapide coup d'œil à l'heure du micro-ondes, il est 7h50, c'est l'heure d'aller en cours. Mes cauchemars sont si réels, car ce ne sont pas des cauchemars mais des souvenirs. Et je connais la suite des événements, je ne veux pas la revivre. J'atteins avec difficulté la porte d'entrée, et je l'ouvre, donnant comme je l'avais prédit sur Liam. Il est habillé pour aller en cours et a un grand sourire qui s'efface en me voyant. 

"Oulà ! Ça n'a pas l'air d'aller ! 

- Si, ça va. Je crois qu... Je crois juste que je vais être malade !" 

Un haut-le-cœur me prends et je me précipite dans les toilettes pour vomir tout ce que j'ai dans l'estomac, c'est-à-dire, pas grand-chose. Liam me rejoins, je suis assise par terre, la tête posée sur la faïence, les larmes coulant sur mes joues, essayant de reprendre une respiration normale. Il s'accroupit en face de moi, et essuie mes pleurs. Il murmure : 

"Ça va aller, ok ? Reste chez toi aujourd'hui, reposes-toi, hydrates-toi bien correctement et je reviendrai te voir ce midi, d'accord ?"

Puis il m'aide à me relever et à me mettre au lit. Et il part en cours. Il doit penser que j'ai attrapé une gastro ou un truc comme ça mais mon état n'est pas dû à un virus, il est lié à mon vécu. J'avais réussi à le mettre de côte pendant tant de temps que maintenant, il revient bien plus fort et me frappe en pleine gueule.

Il fallait que je me calme. J'aurais pu appeler Billy, mais je ne voulais pas l'inquiéter. Donc j'optais pour une deuxième solution. Ma mère était hôtesse de l'air sur des vols internationaux, donc elle n'était pas souvent présente à la maison. Mais chaque fois qu'elle était là, elle me chantait une berceuse en me caressant le nez de son doigt. C'était la seule chose qui arrivait à me calmer après un cauchemar quand j'étais plus jeune. Alors, je ne sais pas si ça va marcher aussi bien mais je me mis à me chuchoter la berceuse :

"Les feuilles d'arbres tombent en automne

Et l'eau du ruisseau s'écoule lentement

Écoute bien ce que je te chantonne 

Concentres-toi sur mes chuchotements 

Le jour viendra après la nuit, sois-en sûre

L'air tendre et doux du soir

Apaisera toutes tes blessures

Il faut juste  savoir l'écouter, le recevoir

L'avenir veillera sur toi ma chérie

Les étoiles, à ton passage, scintillent

Ferme les yeux, laisses-toi prendre dans cette féerie

Dors, que demain ton regard pétille"

Je me répète en boucle cette chanson,  et je me plonge finalement, dans un sommeil sans rêve.

Le soir est tombé sur la ville. Je suis dans mon canapé, avec un chocolat chaud, enroulé dans un plaide, et Liam me raconte sa journée. Il est passé me voir à midi, mais comme je dormais, il n'a pas voulu me déranger et est parti manger à la cafet avec Jay et sa bande. 

"En fait, ils sont assez sympas. Y'en a deux-trois qui sont, je pense, un peu jaloux que j'ai réussi à obtenir l'attention de leur "chef", mais dans l'ensemble, ça va. Par contre, y'a des filles, j'ai croisé leurs regards, j'ai l'impression qu'elle voulait me sauter dessus. Je veux dire, je sais, je suis pas un thon mais quand même, à ce point-là, ça fait limite flipper. "

Je lâche un petit rire et il continue :

"Et puis, y'a Max et Théo qui sont jumeaux, ils n'arrêtent pas de s'embrouiller toute la journée mais c'est drôle à voir. D'ailleurs Théo est dans notre classe et, pour le dernier cours, ils ont échangés de classe avec Max mais ils se sont faits cramer par le pro..."

Je décroche un peu de son discours. Vraiment, je suis étonné par sa capacité à parler autant. En plus, il ne peut pas s'empêcher de bouger donc ça fait une heure qu'il fait des allers-retours devant moi, et qu'il parle avec les mains. Je continue de l'observer s'agiter et m'expliquer des choses quand une phrase attire mon attention :

"On a parlés de toi avec Jay."

Je le regarde étonné :

"Comment ça ?

-Bah, on a parlés de toi. En fait, il m'a dit que vous vous connaissiez depuis la maternelle et qu'à cette époque vous étiez voisins et que vous passiez tout votre temps ensemble. " 

Je hoche la tête. C'est vrai. Jay et moi étions voisins. On allait à l'école en vélo tous les matins et on rentrait ensemble le soir. J'allais prendre le goûter chez lui et il venait faire de la balançoire chez moi. Sa mère m'aidait à faire les devoirs et son père réparait ma bicyclette. 

"Il m'a dit que tu avais commencé à t'éloigner de lui à partir de la cinquième et qu'il n'a pas compris pourquoi. Il a cherché à rester avec toi mais tu le repoussais et que c'est a partir de là que tu as commencé à t'isoler des autres."

Encore une fois, c'est la vérité. Je ne voulais plus que personne ne m'approche parce que j'allais leurs faire du mal. J'étais un poids pour les autres, c'est ce qu'on n'arrêtait pas de me répéter à la maison, alors j'ai fini par le croire, et je me suis isolée, pour ne faire du mal à personne. Ce sont les mots d'un adulte sur une gamine qui ont entraînés ma chute.

La lune et ses étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant