Chapitre 16

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"Embrasse la personne que tu aimes le plus dans l'assemblée."  Cette phrase retentie dans mon esprit. Je ne sais pas si j'ai envie de voir Liam embrassé quelqu'un. Je veux dire, c'est vrai, il ne me doit rien et moi non plus, mais rien que de l'évoquer, je sens un pincement dans mon cœur. 

Après avoir entendu cette phrase, un sourire s'affiche sur le visage de Liam. Je le sais, il a déjà quelqu'un en tête. Il regarde autour pour la trouver et cet instant semble duré une éternité pour moi. Puis il se tourne vers moi et me demande doucement :

"Tu es d'accord ?" 

Je beugue. Comment ça, si je suis d'accord ? Si je suis d'accord pour qu'il embrasse une meuf ? Bien sûr que non, mais je ne lui dirai pas. Mais pourquoi il me demande la permission ?  Voyant que je ne comprends pas vraiment, il continue toujours aussi doucement:

"Pour que je t'embrasse. Tu es d'accord ?" 

Je suis encore plus perdue. J'ai dû rêver ce qu'il vient de dire, ce n'est pas possible autrement. Il a dû dire autre chose que je n'ai pas compris. Et puis tout le monde nous regarde, attendant que je donne une réponse. Un lourd silence s'est installé pour que chacun puissent entendre ce que nous disons tout bas. Voyant que ne réagit toujours pas, Liam reprend :

"C'est toi, la personne que j'aime le plus." 

Il faut juste que mon cerveau se connecte. Est-ce que j'ai bien entendu ce que j'ai entendu ? Wow, je ... Ah, ouais, merde ! Je ne m'y attendais pas. Sans vraiment m'en rendre compte, je hoche la tête. Nous étions déjà très proches, mais là, son visage se rapproche jusqu'à toucher le mien, ses lèvres douces entrent en contact avec les miennes, il pose sa main sur ma joue. Je sens légèrement le goût de la bière sur ses lèvres. Je crois que c'est le moment le plus doux que l'on ne m'ait jamais donné. Mon cerveau est en ébullition, et je ressens une vague d'émotion montée en moi.

Quand il se détache de moi, j'ai l'impression d'étouffer. D'un coup, il y a trop de monde autour de moi, la pièce est trop petite, je n'arrive plus à trouver d'air, il faut que je sorte de là. Je me lève de façon presque inconsciente et je contourne la piscine pour sortir de la véranda. J'atterris dans le jardin, et je m'isole dans un coin pour être tranquille. J'inspire un bon coup et je sens l'air froid s'infiltrer dans mes poumons. Je m'assois par terre, le sol est humide mais ce n'est pas grave. J'ai des frissons, et c'est seulement à ce moment que je m'aperçois que je suis en petit top et short dehors alors que l'on doit frôler les températures négatives. Des flashs viennent brouiller ma vision 

Sa main caresse ma joue. Je ne veux pas qu'il me touche

Il faut que ça cesse

Il me griffe dans le dos

Non, je ne veux pas revivre ça

La ceinture qui claque dans l'air

Je ferme les yeux le plus fort possible, les mains sur les oreilles dans l'espoir que les souvenirs s'arrêtent. En vain. Des larmes viennent s'écouler sur ma joue. Je n'en peux plus de replonger dans le passé continuellement.

Une main se pose sur mon épaule, me faisant sursauté. C'est Liam. Il retire directement sa main pour être sûr de ne pas me perturber encore plus mais contre toute attente, je lui saute dans les bras et me blottis contre lui. Il me réceptionne et me serre le plus fort qu'il peut. Il me chuchote à l'oreille :

"Aller viens, on rentre, il caille et tu n'es pas très couverte."

Je le suit mais je ne veux pas le lâcher. Nous rentrons par la véranda, plus personne n'est autour de la piscine. Liam capte le regard de Jay en peu plus loin et lui fait un signe de tête pour lui dire que tout va bien. Puis il me regarde et me demande : 

"Tu veux rentrer ?" 

Je hoche la tête et nous nous dirigeons vers la voiture de Jay qui a sans doute dû lui donner les clés. Il roule jusqu'à notre immeuble et le trajet se fait dans le silence. Nous rentrons par la porte de derrière, la porte principale étant fermé en raison de l'heure tardive. Nous arrivons à notre étage et il ouvre la porte de son appartement avant de me faire rentrer. Je m'installe sur le canapé tandis qu'il allume quelques lumières et qu'il monte de chauffage. Quand il vient me rejoindre, la première chose qu'il dit c'est : 

"Je suis désolé" 

Beaucoup trop de monde s'excuse auprès de moi dernièrement alors qu'ils n'y sont pour rien. Je secoue la tête négativement pour lui signifier mon désaccord puis je prends la parole :

"C'est moi qui suis désolé. Pour tout ce que je te fais vivre. Je ... Je ..."

Des larmes commencent à couler sur mon visage, je les essuie avant de continuer :

"Il faut que je te dise. Tu es la première personne depuis pas mal de temps à m'apporter de l'attention. Par ta bonté, ta gentillesse, ton caractère, ton humeur, et encore pleins d'autres choses, tu as réussi à casser le mur que je m'étais construit, et ça, dès le premier jour. Tu me fais ressentir des émotions, tu me fais être en vie, mais cela s'accompagne aussi de souvenirs douloureux qui resurgissent. Je ne suis pas partie parce que j'ai pas aimé ton baiser, au contraire, c'était ..." 

Je soupire et je reprends :

"Je suis partie parce que j'étouffais face à une époque douloureuse qui m'a frappé de pleins fouets." 


La lune et ses étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant