Mon périple vers le vrai amour

Je dépasse mes limites...

En deux jours, mes adversaires ont réussi à faire pour Val ce que je n'avais pas pu faire en 12 ans de relation.

Yahia et M. Kalingui avaient donc marqué des points en invitant Valérie au resto, en lui faisant goûté des plats qu'elle ne voyait qu'à la télévision.

Je me suis senti minimisé et rabaissé. Je devais donc riposter, trouver d'autres astuces pour espérer reprendre ma place dare-dare.

Le premier combat s'était contre moi même. Je devais changer de look, d'habillement, de comportement: façon de parler, de marcher, de rire, de manger, bref tout.
J'ai décidé de me toubabiser, de m'occidentaliser, de me comporter comme un Blanc de la haute hiérarchie.

Étant donné que depuis l'enfance je ne porte que des habits typiquement peuls, traditionnels ( thiaya en percale, tergale ou wax), il me fallait une vraie révolution physique et morale.

Je suis allé au marché sandaga puis à Colobane. Là-bas, j'ai acheté dans les friperies des costumes, des pantalons en super cent, des chemises, des vestes et des ceintures. J'ai également acheté des chaussures italiens et des chaussettes.
Toute cette liste pour un coût global de 15900F. C'est l'avantage de la friperie, c'est de bonne qualité et c'est pas cher.

Dès mon retour à la maison, j'ai commencé  à essayer ma collection. Le problème était que je ne savais pas quelle couleur allait avec quelle autre couleur.
Malgré tout, j'étais décidé à changer d'apparence.

Le second défit était d'inviter ma Val dans un restaurant très chic pour lui prouver que les charognards, les prédateurs qui courent après elle, n'étaient pas les seuls à pouvoir appâter par la nourriture.

Pour y arriver, toute ma bourse d'étudiant de ce mois devait y rester.
J'étais prêt à prendre le risque.
Alors,  j'ai appelé Thiargal takk Yoummoum pour lui notifier de mon invitation demain après les cours.
Elle était contente, elle qui est si gourmande.
On s'est donné rendez-vous devant la bibliothèque centrale de l'ucad.

Le lendemain, très tôt le matin,  j'ai pris un bain. J'ai débroussaillé tous les coins et recoins jusqu'au dernier poil. J'ai désinfecté et parfumé tous les endroits proches et isolés. Je me suis peigné les cheveux comme jamais.
Après la douche, j'ai eu un énorme ambaras pour choisir les plus beaux habits. J'avais aussi du mal à distinguer les couleurs qui vont ensemble.
Finalement, j'ai choisi un costume jaune, une cravate orange, un pantalon marron, une chemise de couleur violet et des chaussures italiens noires.

Rapidement, j'ai porté un par un toutes les pièces.
Puisque que c'était pas du sur mesure, les habits étaient trop large. Avec l'aide de la ceinture, j'ai bien attaché pour que le pantalon ne tombe pas.
Quand j'ai regardé dans le miroir, j'avais plus de couleurs que l'arc en ciel. J'etais comme un clown.

Le pantalon dépassait de quelques centimètres, le costume m'arrivait aux genoux et ses manches si longues cachaient mes doigts. J'étais comme un ivrogne des années 50.

Malgré cette apparence drôle, j'étais décidé à aller jusqu'au bout.
Quand je suis sorti de la chambre, mon cousin Djiby et toutes les personnes présentes au salon étaient surpris. Ils n'ont pas voulu me vexer, alors ils réussirent le miracle de retenir leurs rires.

Un sac diplomate à la main, je me suis dirigé vers l'agence d'ecobank la plus proche pour faire un retrait.
La aussi, les gens me dévoraient des yeux tellement mon look était bizarre.
J'en avait rien à cirer, je n'avais en vue que mon objectif : séduire Val.
J'ai tranquillement attendu mon tour, je suis entré au guichet et j'ai retiré toute ma bourse, 36000F.
Je devais mettre tous les atouts de mon côté.
Je suis parti à l'université sans aucun escale.
On avait fixer la rencontre à 18h. Mais à 17h déjà j'étais devant la bibliothèque. Les gens me regardaient toujours, certains rigolaient  sans gêne.

Avec mes innombrables couleurs, je suis resté devant le bâtiment Jusqu'a 18h pour que Val vienne enfin.

Elle était hyper bien habillé. Décidément, elle a mieux réussi sa transition culturelle.

Après de brèves salutations, elle me demanda :
- qui t'a habillé comme ça Jules ?
- personne, c'est moi même, personne ne m'a aidé.
- Waw, t'es comme le rainbow, c'est à dire l'arc en ciel.
- alors je suis beau.
- oui chéri, t'es toujours très séduisant.
- merci mon amour, même si tout le monde critique mon accoutrement, tant que t'aimes, le reste importe peu.

Val ne voulait pas  me mettre mal à l'aise. Elle savait bel et bien que si elle me donnait son vrai avis, je risque de fondre en larmes.

Elle me demanda, on va où ? 
C'est à toi de choisir le lieu, on part ou tu veux, ai-je répondu.

OK, on prend un taxi, avait affirmer Val.

Nous sommes sorti par la petite porte, derrière la BU, elle arrêta un taxi et lui fit savoir qu'on allait à Dakar, au restaurant l'elysee.
Après les discussions, on monta et le chauffeur pris la vdn pour rallier le plateau.
Je n'avais dans ma poche que les 36000 de la bourse et je savais pas que les tarifs de ce resto étaient très élevés.

A notre arrivée, j'ai donné au taximan un billet de 5oooF avant de lui demander de garder la monnaie.

Il ne me restait plus que 31000F TTC.
C'était la premiere fois que je fréquentais un tel lieu. Un restaurant où la clientèle était majoritairement constitué de ministres, de DG et de hauts gradés.
J'étais plus qu'audacieux de venir à un lieu pareil avec ma maigre possession.

Nous primes une table isolée et tranquille. Un instant après une belle fille se présenta devant nous avec deux gros carnets à la main.

Elle remit un à chacun de nous. A l'intérieur de ces carnets , une longue liste de plats avec des tarifs très chers était noté.

Le plat le moin cher coûtait 15000F, sans compter la boisson et le pourboire.
Le pire de tout ça est que Val ignorait mon capital financier. Si elle commande un des menu très hight, je ne pourrai pas payer car il ne restait que 31000 dans ma poche....