Chapitre 3 • À l'aube d'une métamorphose éhontée

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— C'était bien la voix de Morgan ? nous demanda pour la énième fois Alfdis.

Et pour toutes ces fois, nous répondions en cœur un « oui » las, en ficelant nos paquetages. À croire que le biche ne nous croyait aucunement.

Après l'annonce des grands conifères, nous n'avions pas trainé. L'urgence du message était palpable dans la voix de la fée. Sans un mot, la Dryade et moi étions revenu au pas de course dans la grotte. Nous avions hâté la Charmuzelle à boucler au plus vite son sac.

— Où allons-nous aller ? me demanda la Nymphe.

Bonne question ! Je n'en avais aucune idée. Ignorant où nous étions exactement sur le globe, je ne savais comme appréhender la suite de notre voyage. La crainte qu'engendrait la Chasse Sauvage nous ne laissait peu de choix.

— Si je savais où nous nous situons... ça pourrait me donner des idées, lui répondis-je désespéré.

— Nous sommes dans la limite de la forêt boréale.

Comme si c'était une évidence pour tout le monde, Eulalia m'indiqua si naturellement ce que je désirais savoir depuis des heures. J'arrêtai de ranger mes affaires et lui lançai d'un ton amer qu'elle aurait pu nous en faire part plus tôt.

— Tu aurais pu aussi nous faire part de tes questions muettes. Ne remets pas toute la faute sur moi !

— Comment le sais-tu ? lui demandais-je d'un ton plus doux.

— Les arbres. Je ne peux pas te donner l'endroit exactement dans cette forêt. Elle est tellement vaste qu'elle s'étend sur beaucoup de pays. Mais vu les descriptions que m'ont fait mes amis, je pencherais pour l'ouest du nord de l'Europe.

Nous nous replongions dans le silence. Mon cerveau fonctionnait à plein régime et émettait diverses options possibles.

« Eh mon pote ! »

À ces trois mots... Des frissons parcoururent tout mon dos. Je me retournai comme une toupie pour ne faire face qu'à un vide. Alfdis à quelques pas pliait sa couverture tout en ronchonnant. Il n'était pas là.

Pourquoi avais-je entendu la voix de Jarys ? Devenais-je sénile ? Était-ce un signe ? ... Il fallait que je me calme. À force de trop fréquenter les oracles, j'essayais d'y percevoir partout des augures.

— Alaric ? A-la-ric ? m'interpela Eulalia qui me réveilla de mes pensées. Comment procédons-nous pour la suite ?

—Dans un premier temps : quitter cette grotte au plus vite. Je pense qu'il faut se diriger vers la mer. Ensuite, nous aviseront le moment venu.

— Nous ne savons pas quelle direction prendre, se lamenta Alfdis.

Je tapotai mon nez. Quand j'étais sorti, le vent m'avait apporté une faible odeur iodée. La mer ne devait pas être loin. Mes capacités sylphiques pouvaient me jouer des tours sous forme humaine. Pourtant, mon intuition me poussait. Là-bas se trouvait un moyen pour nous enfuir.

— Le vent m'encourage d'avancer vers la mer. Je suis sûr qu'une solution s'y trouve à notre souci de transport.

Depuis mon séjour dans la forêt de Brocéliande, mes dons n'étaient plus les mêmes. Mes sens surnaturels étaient plus sensibles. Pourquoi ? Je l'ignorais. Je ne m'était pas rendu compte tout de suite, mais depuis mon réveil, les bruits me parvenaient plus amplifiés. Dehors, les odeurs de sapins avaient picoté mes narines.

— Nous avons toujours les mêmes questions de transport qui reviennent sans cesse... Pour une fois, suivons ton intuition, déclara Eulalia avec un timide sourire.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 09, 2022 ⏰

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