14. La base = communiquer (bis)

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Déborah

À l'accueil, l'hôtesse me fait rapidement comprendre qu'elle a autre chose à foutre que de s'occuper de moi et de mes demandes farfelues.

— Je veux juste savoir à quelle heure monsieur Pasted doit atterrir ?

— Je n'ai pas le droit de vous donner ce genre d'informations, me répète-t-elle d'une voix de moins en moins agréable.

Il va falloir que je crée un scandale ou quoi ?

Je tapote le comptoir qui nous sépare. Ça l'agace, ça me détend. Je réfléchis aux options qui se présentent à moi. Je pourrais laisser tomber et attendre qu'Ashton daigne me rappeler, sauf que ma patience a déjà atteint ses limites, là. Ou faire le pied de gru dans le hall en priant pour qu'il passe par ici avant de sortir. Faire une grève de la faim pour attirer l'attention ?

Non, je ne tiendrai pas plus de deux heures !

Je désespère un peu. Je suis plutôt du genre à larguer les mecs, moi, pas à leur courir après. Je me retrouve là parce que je ne supporte pas ce silence. J'exige des explications. Il ne peut pas me laisser tomber comme ça. J'ai le droit de savoir.

Avec un soupir, je me tourne à demi pour observer la grande salle. Les sièges n'ont pas l'air trop inconfortables, la sieste me parait envisageable. Et ça ferait bien chier tous ces gens coincés du cul...

— Oh, mais ! Wayne ! Youhou ! Wayne Stratton ici la Terre !

Des personnes me regardent comme si j'étais folle. Bon, c'est vrai que je fais tache à secouer mes bras dans cet endroit respirant le prestige. Je dénote. Et je m'en fous.

Wayne est accompagné par Clyde, son petit frère. Tous les deux s'arrêtent, surpris, et me dévisagent, la bouche légèrement entrouverte.

Je ne suis pas la seule à avoir l'air bête...

— Salut, salut, m'exclamé-je en les rejoignant.

Quel coup de pot !

— Deb, qu'est-ce que tu fais ici ? m'interroge le mari de ma meilleure amie.

— Ashton est un mode avion depuis presque une semaine. Sans vilain jeu de mots, bien sûr. Je voulais des explications.

— Ouais, je me disais aussi que son planning était bizarre.

— Comment ça ?

— Viens avec moi.

Je lui emboite le pas et ne peux m'empêcher de sourire à l'hôtesse ahurie qui ne doit plus rien comprendre. L'ascenseur nous dépose au deuxième étage où je découvre le bureau de Wayne. Il a une sacrée vue sur les pistes de décollage. Je prends quelques secondes pour admirer les appareils encore au sol. Imaginer Ashton piloter l'un d'eux me rend fière. Puis je repense à ce qu'il est en train de me faire vivre et je me détourne. Clyde nous laisse en tête à tête, sentant certainement que je ne suis pas loin d'exploser. Il ne veut pas faire partie des dommages collatéraux.

— Avant que je ne parte, on a parlé de changer son contrat pour établir des horaires de vol plus réguliers, m'apprend Wayne, bras croisés, sourcils froncés. Et en rentrant, je découvre qu'il fait l'inverse ! Que des heures supp', de jour comme de nuit !

— Il m'évite clairement, grogné-je.

J'hésite entre colère et tristesse.

— Je suis désolé...

— Vous êtes pénibles, sérieux, m'écrié-je. Quand quelque chose vous dérange, parlez-en au lieu de fuir ! On dirait des gonzesses, merde ! Et puis, toi, là, tu ne lui as vraiment pas montré la bonne façon d'agir.

Comme on veut [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant