13. La base = communiquer

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Déborah

J'ai donc décidé d'ignorer Annie, qui est probablement jalouse, et de me concentrer sur le reste de ma famille que je ne vois pas souvent. Je discute avec mon père et ma mère de leurs projets pour la retraite. Ashton, lui, sympathise avec mon frère. Théo rêve en grand. Il veut partir aux États-Unis, devenir entrepreneur, même s'il ne sait pas dans quelle branche. Pour le moment, il est commercial pour une société de téléphonie mobile. Ça lui va bien, il a la tchatche.

En fin de journée, je ne suis pas mécontente de retrouver un peu de calme. Je les aime bien, mais voir les cinq d'un coup, ça fait beaucoup. Je n'ai plus l'habitude de ces repas légèrement trop bruyants.

Dans la voiture, j'apprécie le silence. Cette réunion de famille m'a fatiguée. Ashton doit être dans le même état, car il est, lui aussi, peu bavard. Je somnole presque. Lorsque nous arrivons à l'hôtel, nous n'avons pas échangé plus de trois mots. Je monte me reposer tandis qu'il passe à l'accueil pour commander une collation légère pour notre dîner. Je ne pourrais pas avaler grand-chose, je me suis gavée chez mes parents. Comme à chaque fois. Aucune envie d'apprendre de mes erreurs sur ce coup. Je me fais plaisir, voilà tout.

— Je vais me doucher, m'annonce Ashton en revenant.

Je fronce les sourcils, surprise qu'il ne fasse aucune remarque ou proposition indécente. Certes, je suis crevée, mais il suffirait de pas grand-chose pour rallumer la flamme, surtout après ce petit encas dans le couloir tout à l'heure.

Rien que d'y repenser d'ailleurs...

Je lui laisse cinq minutes de tranquillité puis je me glisse dans la salle de bain. Il me tourne le dos, je peux admirer les gouttes d'eau ruisseler sur sa peau, de ses épaules et à son postérieur bien musclé. Je me déshabille sans bruit. J'ouvre la porte et attends qu'il me remarque.

— Tu as commencé quelque chose de vraiment très sympa tout à l'heure, susurré-je en me tenant toujours hors du bac.

Ashton a un petit sourire coquin avant de baisser les yeux vers mes seins nus, offerts. Son point faible.

— Et si tu entrais ?

Sa voix suave se répercute dans ma cage thoracique. Elle enflamme mon excitation déjà bien réveillée. Je le rejoins donc, mon regard accroché au sien. Il passe sa main dans mon dos pour me rapprocher de lui. Mes doigts frôlent ses avant-bras et vont se perdre dans ses cheveux.

— Au boulot, monsieur Pasted, ordonné-je alors que ma bouche effleure ses lèvres.

Ashton émet un grognement viril qui fait battre mon cœur plus vite. Je me retrouve une nouvelle fois plaquée contre la paroi.

Enfin !

***

J'avoue avoir du mal à me concentrer au boulot. Cela fait trois jours que nous sommes rentrés de France. Trois jours sans nouvelles d'Ashton. Il avait un vol lundi et terminait trop tard pour qu'on puisse se voir. Mais depuis... silence radio. Je n'ai même pas son planning des prochaines semaines. Impossible de s'organiser pour se voir dans ses conditions.

Je ne veux pas être parano, seulement j'ai tout de même l'impression qu'il me fuit.

Est-ce que j'ai loupé un truc chez mes parents ? Il avait pourtant l'air à l'aise avec eux. Je tente de me remémorer les blagues pourries de mon frère ou de mon père pour savoir si quelque chose aurait pu le choquer, le vexer, le mettre mal à l'aise, sauf que je ne trouve rien. Ils n'ont même pas fait de remarques débiles sur les Britanniques. À chaque fois qu'ils en sortaient une lors des premiers rendez-vous avec ma meilleure amie, Caitlin prenait un malin plaisir à en dénicher une équivalente sur les Français. Ça les a calmés direct.

— Encore dans les nuages ?

— Rah, Bastian ! grogné-je en plaquant une main sur ma poitrine. Tu es impossible !

— Désolé, mais la cheffe a dit que je devais garder un œil sur toi pendant sa lune de miel.

— Heureusement qu'elle ne part que cinq jours, marmonné-je. Tu serais pas en train de faire un peu trop de zèle, toi ? Tu sais qu'elle est mariée, hein ? Et enceinte !

— Ah, ah, ah.

Bastian ne se démonte pas, prenant place à mes côtés. Je soupire, pose mon pinceau dans le pot de colle et tourne mon tabouret dans sa direction. C'est bête, mais il me fait penser à mon petit frère.

Parfois, il est aussi chiant que Théo !

— Qu'est-ce qui se passe ? me demande-t-il avec un ton un peu trop sérieux à mon goût.

— Tout va bien.

— Tu as pesté toute la journée, me contredit-il.

J'ai déjà dit qu'il avait trop pris la confiance ?

— Je vais bien, insisté-je. De toute façon, je ne te ferais pas de confidences.

— Je peux appeler Caitlin si tu veux.

— Ça ne va pas ! On ne va pas la déranger pendant ses vacances !

— Alors ? J'imagine qu'un certain monsieur Pasted est en cause ?

J'hésite à vider mon sac. D'un autre côté, avoir un avis masculin sur la question pourrait m'aider à comprendre.

— Il ne me rappelle pas après avoir rencontré mes parents, lâché-je de but en blanc.

Bastian grimace. Mauvais signe.

— Il ne veut plus me voir, c'est ça ? soupiré-je.

— Si, après cette visite, il a besoin de prendre du temps pour réfléchir, c'est que votre relation est sur le point d'évoluer.

— Hum, vachement plus clair maintenant. Merci. Et sinon, quand tu dis « évoluer », tu penses à quelque chose de positif quand même ?

— C'est possible, me sort-il penaud en haussant les épaules.

— Tu sais que tu ne m'aides pas du tout, là ?

— Ouais, désolé. J'imaginais que ce serait plus facile en vrai. Après, ça sert à rien de cogiter ton coin. Y'a rien de mieux qu'une confrontation directe.

— Pas faux. Merci mon pote.

Je lui donne une bonne claque dans le dos, ce qui le fait rire. Il a raison, je dois en parler avec Ashton en face à face, savoir ce qui cloche. Je case mes tracas dans un coin de ma tête pour avancer dans mon travail.

Une fois rentrée chez moi, je mets ma fierté de côté et fais le premier pas, je lui passe un coup de fil.

— Merde, pesté-je lorsque je tombe sur son répondeur.

Je me retrouve bête, du coup je ne laisse pas de messages. Il va bien voir mon appel en absence, il devrait rappeler suite à ça.

Eh bien, non, quarante-huit heures plus tard, il ne l'a toujours pas fait ! Là, je commence sérieusement à me poser des questions. Je me fends tout de même d'un SMS, mais sa réponse m'agace plus qu'autre chose.

[Désolé. Plein de boulot.

Je te rappelle.]

Il se fout de moi ou quoi ? S'il a envie de rompre, qu'il ait au moins les couilles de me le dire ! Non, ça ne va pas se passer comme ça !

Seulement, lorsque je débarque chez lui, son concierge m'apprend qu'il n'est pas rentré depuis plusieurs jours. Agacée, je préviens Caitlin que je ne serai pas là le lendemain, le jour de son retour, et que je lui expliquerai tout plus tard. Je vais aller me pointer directement à l'aéroport privé pour lequel il bosse.

Et je ne repartirai pas sans lui avoir parlé. 

***

Whaaaat ? Mais qu'est-ce qui se passe ?? Ashton deconne un peu non ??

Comme on veut [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant