Comme on veut [terminée]

16. Envers et contre tous (bis)

Ashton

— Tu as du courrier ! me lance Déborah en entrant dans l'appart.

Elle vit quasiment ici depuis quelques semaines. Maintenant que j'ai signé mon nouveau contrat, avec des horaires uniquement de jours, on réfléchit à se trouver un logement à mi-chemin entre nos deux boulots.

Deb me tend l'enveloppe et, curieuse, s'installe à mes côtés sur le canapé. Ça ressemble bien à un carton d'invitation. Je grimace en me souvenant de la date.

— Ça doit être le gala de charité organisé par les Pasted, comme chaque année. Histoire de redorer un peu leur blason, lui confié-je.

Je ne me suis pas trompé. Par contre, je reçois d'habitude deux cartons et bizarrement, il n'y en a qu'un seul à mon nom.

Ils se foutent de moi ou quoi ?

Je me lève pour aller chercher mon portable. Déborah me regarde faire, intriguée par mon changement d'attitude. J'avoue que je ne comptais pas y aller, mais... c'est de la provocation, là.

Je tombe sur ma grand-mère qui m'assure que je peux venir accompagné, même sans deuxième invitation. Je suis de la famille, je fais bien comme je veux.

— Qu'est-ce que tu as prévu pour vendredi soir ?

— Pour le moment, rien du tout, me répond Deb, méfiante. Je me garde quelque chose sous le coude comme excuse si jamais ta proposition ne me plait pas.

— Tu refuserais d'aller embêter mes chers parents ?

— C'est peu commun comme demande, se marre-t-elle. Avec grand plaisir en tout cas.

— Tu comptes mettre un chapeau cette fois-ci ?

— Jamais de la vie !

Je l'embrasse sur le front, priant pour qu'elle et son esprit rebelle ne changent pas au fil des ans. Je l'aime comme ça. Une drôle d'excitation s'empare d'elle, je la vois glousser sur son téléphone presque toute la soirée jusqu'à ce qu'elle murmure : « oh, ça, c'est parfait ! ». Évidemment, elle n'a pas voulu partager avec moi, ce sera une surprise. Et je ne la redoute même pas.

Vendredi soir, on a convenu de se retrouver directement sur place. Je suis en avance, ou elle en retard, et je poireaute sur le trottoir, devant un des hôtels de mes parents. C'est à l'intérieur que le gala se tiendra. Des photographes sont déjà en installés en haut des marches pour immortaliser l'entrée des invités.

Alors que ma compagne se fait désirer, Kristen sort du bâtiment, semble chercher quelqu'un du regard et se dirige finalement vers moi.

— Pourquoi tu ne rentres pas ? On t'attend.

— J'arrive. Deb ne devrait pas tarder.

Ma sœur a un temps d'arrêt bien visible. Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres puis disparait. Elle lâche un soupir avant de se rapprocher pour me confier quelque chose.

— Les parents m'ont demandé de traquer la moindre photo de vous deux sur le NET et de payer les journalistes pour que rien ne sorte sur votre relation. J'ai refusé de le faire ce soir, je me doutais bien que tu viendrais avec elle.

Il y a trop d'informations d'un seul coup ! Mes parents ont osé contrôler mon image publique dans mon dos ? Si je comprends bien, Déborah pose problème, bien plus que je ne le pensais.

Et, c'est moi ou Kristen a retourné sa veste ?

Jamais elle n'a été contre l'avis de la famille. Je suis content qu'elle le fasse pour moi.