15. Envers et contre tous

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Quelques mois plus tard...

Ashton

Je mets du temps à réaliser que ce qui me réveille n'est autre que la sonnerie du fixe. Deb grogne et me tourne le dos, embarquant une bonne partie de la couette. Je me retrouve les fesses à l'air.

— OK, OK, j'y vais, marmonné-je.

Toujours ensommeillé, je me dirige vers le salon en bâillant. Quelle idée d'appeler à cette heure-ci ! Je décroche, les yeux à moitié fermés.

— Caitlin a perdu les eaux !

La voix paniquée de Wayne me réveille d'un seul coup.

— Oh putain !

— On est en route pour l'hôpital, me prévient-il. Tu pourrais passer à la maison récupérer la valise ? Dans la précipitation, je l'ai oubliée. On devait déposer Judith chez Meredith.

— Pas de problème. On arrive.

Encore un peu hébété par la nouvelle, je rejoins la chambre et appuie sur l'interrupteur. La lumière éclaire brutalement toute la pièce. Le cri de Déborah me fait réaliser que j'ai allumé alors qu'elle s'était rendormie.

— Ça va pas ! râle-t-elle en se cachant sous l'oreiller.

— Caitlin va accoucher.

La tigresse blonde se redresse d'un bond. Elle me dévisage, s'assurant probablement que je ne blague pas puis elle saute en dehors du lit pour attraper ses affaires balancées la veille.

— Dépêche-toi, me houspille-t-elle.

Je m'exécute tout en la prévenant de notre petit détour. Elle insiste d'ailleurs pour conduire. J'ai prié pendant tout le trajet pour qu'on n'emboutisse personne. On dirait une pile électrique. Je ne compte plus le nombre de jurons qu'elle a proféré depuis qu'on a quitté l'appart, en alternant français et anglais. Je me suis retenu de rire, car dans cet état, je parie que j'en aurais pris pour mon grade !

À ce rythme, il ne nous faut que vingt minutes pour débarquer à l'hôpital. J'avoue que je suis rassuré d'arriver en entier, j'en ai eu des sueurs froides par moment. Évidemment, dans la queue pour atteindre l'accueil, Deb se met à râler.

— Envoie un message à Wayne pour savoir le numéro de chambre, on se débrouillera pour trouver.

— Tu crois pas qu'il a autre chose à penser ?

Vu son regard noir, je m'exécute. La réponse ne tarde pas. Déborah fonce alors vers l'ascenseur. Sa vitalité me fatigue. On s'est couché en même temps hier, comment peut-elle être autant en forme avec si peu d'heures de sommeil ?

À l'étage, ce n'est pas mieux. Elle se précipite sur la première sage-femme qu'elle aperçoit et lui explique tout de go que sa meilleure amie est ici et que son cher et tendre a bêtement oublié la valise. Valise qu'elle lui agite sous le nez.

— C'est par là, nous indique gentiment la professionnelle de santé.

Et tout ça sans perdre son sang-froid. Je n'ai pas intérêt à trainer si je ne veux pas être abandonné dans ce couloir. La tigresse blonde avance devant moi d'un pas déterminé.

— Deb ?

— Hum ?

— Rappelle-moi de t'assommer quand tu viendras accoucher de nos enfants.

Oh... c'est sorti tout seul.

Déborah se fige. Ses yeux écarquillés se tournent vers moi. Il y a un moment de flottement entre nous où je me sens rougir.

— Ah, parce que tu crois qu'on va avoir des gosses ensemble ? me balance-t-elle en reprenant sa marche.

— Ça me plairait bien, admets-je avec un sourire rêveur.

— Toi, t'es maso, hein. Ils vont forcément hériter de nos deux caractères. Ce ne sera pas très beau à voir.

Je lève les yeux au ciel avant de l'attraper par la main. Je la tire un peu pour qu'elle se tourne vers moi.

— On va fonder une famille, tous les deux, chuchoté-je.

— Ce... c'est bien possible, bougonne-t-elle, désarçonnée.

— Je serai patient, la préviens-je. Je me battrai jusqu'à ce que tu l'admettes ! Toi aussi, tu en as envie !

À ce moment-là, un gémissement de douleur nous parvient. On n'est pas loin de la chambre de Caitlin.

— Même pas en rêve, ricane Deb.

Ouais... timing pourri.

J'entre dans la pièce en secouant la tête, cette femme est de mauvaise foi !

Caitlin est assise au bord du lit, les deux mains agrippées au matelas. Elle souffle en fermant les yeux. Wayne devant elle ne sait visiblement pas quoi faire.

— Les renforts arrivent ! s'écrie joyeusement Deb en déposant la valise au sol.

Je m'approche de mon meilleur ami pour le saluer et le taquiner un peu au passage – à force de côtoyer Déborah, je deviens aussi casse-burne qu'elle –, mais il se précipite dans mes bras, me coupant l'herbe sous le pied. Étonné, je lui rends tout de même son étreinte.

— Je vais être papa, murmure-t-il, des sanglots dans la voix.

Son trouble me gagne et je le serre plus fort. Lui qui avait renoncé à fonder une famille, le voilà sur le point d'être père. Je comprends que cela le bouleverse, c'est une nouvelle vie qui démarre. Malheureusement, on ne peut pas rester avec eux, on se fait virer. On doit patienter dans le couloir.

Deb a plusieurs fois la mère de Caitlin au téléphone. Elle garde Judith en attendant de pouvoir l'amener faire connaissance avec sa sœur. Deux heures plus tard, une sage-femme nous retrouve endormis, assis à même le sol.

— L'accouchement s'est bien passé, la petite était pressée de sortir, nous apprend-elle avec un sourire. Vous pourrez les voir d'ici une demi-heure.

J'ai mal aux fesses en me relevant.

— Un café ? proposé-je à Deb.

— C'est pas de refus !

Alors que j'attends au distributeur que son gobelet soit rempli, je l'entends demander à une infirmière si elle peut prendre les vieux magasines qui trainent.

— Oh, vous auriez du scotch par hasard ?

Elle n'a pas eu le temps d'emballer son cadeau. Le terme était dans deux semaines. Au moins, elle a été assez prévoyante pour commander le body personnalisé. L'inscription va leur plaire : « I'm bilingual, I can cry in both English and French ».

— Le résultat est très réussi, me moqué-je en la rejoignant.

— Gnagnagna. Comme ça, elle ne pourra pas deviner ce que c'est, se réjouit-elle.

Lorsque nous pouvons entrer dans la nouvelle chambre attribuée à Caitlin pour son séjour ici, une scène touchante nous accueille. De concert, Deb et moi nous arrêtons sur le seuil. Wayne porte sa fille dans ses bras. Le visage tourné vers son bébé, un sourire attendri se dessine sur ses lèvres. Il se balance doucement de gauche à droite. Il fredonne quelque chose que je n'arrive pas à distinguer. Par contre, la larme qui coule le long de sa joue ne m'échappe pas.

Ouais, mec, ce moment restera gravé dans ta mémoire.

Déborah pose sa tête sur mon bras. Sa main glisse jusqu'à la mienne, nos doigts s'emmêlent. Pas besoin de mot à cet instant précis. On le sait tous les deux. Un jour, on vivra la même chose. 

***

😭😭 je suis trop heureuse pour Caitlin et Wayne. Écrire cette scène me tenait à cœur ❤❤

Plus qu'un chapitre avant l'épilogue vendredi... un peu triste de quitter ces 2 couples...

Des bisous 😘

Comme on veut [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant