Ashton
Nous passons le reste de la journée à discuter avec les plus jeunes. Ils sont bien contents d'accueillir Deb. Le renouveau ne leur fait pas peur. Ceux-là sont de notre côté. Pas comme la génération des plus vieux qui nous ignore superbement.
Avant de pouvoir partir, mon père demande à me voir dans son bureau. J'y vais à reculons, car j'imagine très bien de quoi il veut me parler. Lui, il s'en fout de qui m'accompagne.
- Si c'est pour me demander de revenir sur ma décision, tu perds ton temps, attaqué-je directement sans même m'asseoir en face de lui.
- Un whisky ?
- Non, j'ai un vol demain. Tu m'as entendu ?
- Oui. Seulement, les choses ont changé, non ? Tu as une compagne à satisfaire maintenant. Leur train de vie coûte affreusement cher, je t'assure.
- Déborah n'est pas comme ça, père.
- Sauf qu'elle va prendre goût à l'argent facile, crois-moi. Tu vas devoir assurer.
- Laisse tomber, je ne changerai pas d'avis.
Stephan a un petit ricanement qui me hérisse le poil. Il n'a donc pas compris que Deb était vraiment différente ? Ce n'est pas un rôle qu'elle joue.
Je sors de son bureau en étant désespéré par son aveuglement. Je me fais arrêter en chemin par une main sur mon avant-bras.
- Elle a du caractère, elle me plait bien, me glisse grand-ma. Dommage qu'elle ne soit pas britannique.
Ils sont incroyables ! Je secoue la tête sans rien dire, ça n'en vaut même pas la peine. La seule chose qui m'inquiète maintenant, c'est de savoir si Déborah se sent d'affronter ce monde de non-dits et d'hypocrites à l'avenir. Je la retrouve devant la voiture, son regard levé vers les nombreux étages de la demeure.
- Je suis désolé...
- C'est ça que tu redoutais tant ? me coupe-t-elle, posant sa main sur mon épaule.
- Ma famille est perfide... rien n'est jamais dit franchement.
- Je suis de taille à affronter ça. Et puis... j'imagine que tu veux les voir chaque weekend ?
- Certainement pas ! m'écrié-je.
- Eh bien c'est parfait alors.
J'ai du mal à comprendre la légèreté de sa réaction. J'ai trouvé les messes-basses incessantes plus que pesant. En attendant, je grimpe à côté d'elle, sur le siège passager. C'était notre deal. Elle me laisse arriver devant ma famille en tant que conducteur, mais elle prend ma place pour le retour.
- Qu'est-ce que tu fais ? l'interrogé-je lorsqu'elle quitte la route pour se garer sur un bas-côté.
- J'en ai marre de te voir faire la tête, avoue-t-elle en se tournant pour me faire face. J'ai survécu, Ashton. Tout va bien.
- Je ne sais pas comment tu fais. Moi, ils m'écœurent.
- Tu oublies que j'ai eu vent des plus gros coups bas du siècle avec la famille de Caitlin. Je crois que son père dépasse tous les Pasted. J'ai toujours affronté ce genre de regard qui te dénigre sans te connaitre. Qui te juge à ton nom, ou à ton lieu de naissance. J'ai appris depuis bien longtemps que la meilleure défense était l'attaque.
- C'est usant, non ?
- Je ne dis pas que c'est agréable, confirme-t-elle avec un soupir. Mais, sincèrement, aujourd'hui, ça m'amuse plus qu'autre chose. Et je sais que tu es de mon côté en plus.
Sa main se pose délicatement sur la mienne. Je ne regrette absolument pas de lui avoir tout expliqué la veille. Sur les magouilles que mon père ne nous a jamais cachées, sur le fait que j'ai dû vivre avec cette honte toute ma vie. Oui, je suis coupable d'avoir profité des bénéfices de cette richesse. D'avoir fait l'autruche, me contentant du prestige des hôtels de luxe alors que je savais que tout ne venait pas de là. J'ai surtout décidé par la suite de m'écarter le plus possible de ces histoires. De changer de voie.
Je me penche vers elle et Deb en fait de même.
- Mission une, réussie ?
- Je crois bien que oui, confirme-t-elle avec un sourire. Il va falloir préparer la numéro deux ! Prêt pour un petit séjour en France ?
- Avec plaisir ma chère.
Déborah glousse avant de m'embrasser.
- Garde cet accent pour l'appart, chuchote-t-elle en frottant son nez contre le mien. C'est tout à fait sexy. Et, au fait... je t'aime, Ashton. Toi, pas ta famille. Pas ton nom. Pas ta richesse. Juste toi. Le blond un peu trop sûr de lui, mais qui a bon cœur au fond.
Ses mots me touchent. C'est la première fois qu'elle me les dit. Je crois que c'est la première fois que je les ressens.
- Je t'aime aussi, Déborah. Malgré, ou grâce, à ton foutu caractère, je ne sais pas trop encore. Je t'aime.
L'émotion lui fait monter les larmes aux yeux. J'attrape sa lèvre inférieure avec mes dents, l'aspire avant de la mordiller et de la relâcher. Deb grogne, secoue la tête puis démarre. Cette route est malheureusement trop passante pour qu'on tente quoi que ce soit. Ce n'est pas l'envie qui manque.
De retour chez elle, et après avoir assouvi notre envie, je l'écoute discuter au téléphone avec sa famille. Je reconnais quelques mots, mais mon français ne me permet pas de suivre toute la conversation, d'autant plus qu'elle parle hyper vite. Elle parait par moment excédé, allant jusqu'à se taper le front avant de rire comme une gamine. J'ai même cru la voir rougir une fois. Quand elle termine, elle vient me rejoindre sur le lit.
- Ils n'ont pas voulu me croire quand je leur ai annoncé que je comptais leur présenter quelqu'un, ronchonne-t-elle.
- Tu ne l'as jamais fait avant ?
- Non. Et en plus, je suis la première de la fratrie à le faire. Mes sœurs ne vont pas apprécier que je les coiffe sur le poteau, rit-elle, visiblement toute fière.
- Tu peux me refaire un topo sur les prénoms ?
- Tu angoisses déjà ? Tu as deux semaines pour te préparer.
Elle me taquine et je la pousse du coude pour l'embêter. Je ne relève pas sa pique alors qu'elle se met à nommer, par ordre de naissance, ses sœurs et son frère. J'ai subitement envie de sortir un bloc-notes pour tout noter.
Peut-être que j'angoisse un peu.
***
Un beau pas de franchi pour ces deux-là ! ❤️🥰
Oui, vous avez bien lu, Déborah a été sage ah ah...
Petite annonce : pour les impatientes, celles qui veulent lire l'histoire d'un seul coup, sans attendre mes publications, c'est désormais possible. Comment faire ???? Rendez-vous sur ma page facebook ou mon profil instagram 😁😁
Sinon, à vendredi !
Des bisous 😘
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Comme on veut [terminée]
RomansaIl y a deux ans, Ashton et Déborah ont eu une brève aventure. Une semaine où ils ont lâché prise. Lui ne sort habituellement qu'avec des femmes de son milieu. Elle, d'ordinaire, évite à tous prix les play-boys dans son genre. Tout aurait donc dû s'...