~XIII~

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Miss Pie et Miss Aigrette étaient tout aussi ravies que nous de voir notre héroïne. Elles s'élancèrent toutes deux aux bras de cette dernière dans un gloussement de joie :

- Quel bonheur de vous revoir Alma ! S'écria Miss Aigrette reculant embarrassée par sa soudaine excitation, dépoussiérant sa jupe de ses mains éraflées.

Miss Peregrine acquiesça d'un hochement de tête, puis regarda autour de nous d'un air réprobateur ; l'air de dire : « Je vous laisse deux jours et voilà comment je vous retrouve ». Mais elle ne dit rien et, au lieu de cette phrase, elle nous lança un regard rassuré et nous dévisagea de haut en bas pour voir si l'état de nos blessures était grave.

Tantôt le bruit effroyable de la créature menaçait notre vie et celle des Ombrunes ; maintenant un léger silence presque rassurant envahissait l'espace. Pourtant, les cris qui retentissaient à l'extérieur du bâtiment laissaient comprendre que le danger n'était pas encore écarté et qu'il nous fallait prendre nos jambes à notre cou.

J'eus un instant l'image d'une île. L'île de Cairnholm sous son soleil brillant, sous sa chaleur et sous ses couleurs magnifiques. Cairnholm avant. Cairnholm au début. Sans tout ça. Sans Miss Peregrine et sans ses enfants. J'eus l'image d'Ethan et moi nous promenant dans un espace vert tenant chacun la main de nos parents. Mon père s'était approché d'un arbre, pointant du doigt la chenille qui se tenait sur une branche qui menaçait de se briser. La chenille avait de belles rayures noires sur un fond orange. Des pics recouvraient l'entièreté de son corps et elle rampait avec une grande majesté. C'était la première fois qu'Ethan et moi en voyions une aussi belle. Mon père tendit sa main et la chenille rampa doucement sur son doigt avant de finir au milieu de sa paume. Il nous expliqua qu'il y avait des centaines de beautés pareils sur l'île et sans doute des milliers d'autres espèces comme celle-ci dans le monde. Le monde est grand et les espaces sont éloignés. Il était rare de voir la même personne deux fois dans la même journée en allant à deux endroits différents. Il était encore plus rare de voir une espèce d'insecte qui ne venait d'être découverte que depuis un siècle. Et là, cette chenille, cette merveille, s'était retrouvée sur notre chemin et avait acceptée de reposer dans la main de mon père. Il nous avait encouragé à l'observer ; la chenille naissait, rampait, grandissait, apprenait à faire son travail sans jamais se rebeller et recevait sa récompense lorsqu'elle se transformait en une espèce encore plus belle ; le papillon. Il avait terminé sa phrase en appuyant sur le fait qu'il était rare de trouver une si belle merveille dans le comportement humain. Avant même que ce jour-là arrivât, nous savions déjà que l'humain était plus fort à commettre des erreurs que de montrer sa merveille.

Nous n'avions pas tout de suite compris l'histoire de la chenille et sa comparaison avec le caractère humain, mais l'histoire prit plus de sens le jour où le missile frappa notre maison, par erreur humaine, et prit plus d'ampleur au moment où, recouvertes de débris au milieu d'un salon détruit et brûlé, Miss Peregrine et Miss Aigrette tentaient d'évacuer le feu de l'entrée.

Le silence avait été vite remplacé par le fracas des meubles qui brûlaient dans le salon. Quelques braises avaient sautées jusqu'à la cuisine, mais le plus gros avait poursuivi tout droit jusqu'à la porte tantôt cassée par le Sépulcreux.

Je repris mes esprits quand Miss Pie hurla de terreur se précipitant, et de ce fait, faisant réagir les deux autres Ombrunes, vers les flammes jaillissantes.

La fumée se compressait contre nos visages. Ethan sentit ses joues chauffer, tandis que son front et son nez noircissaient de poussière.

Le feu rugissait maintenant devant l'unique porte qui nous permettait de sortir de là. Une grotesque fumée noire s'enfuyait par les vitres brisées.

La Pupille Ombrune De Peregrine FauconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant