La Pupille Ombrune De Peregrine Faucon

~X~

La nuit passa lentement ; dehors, l'on entendait des cris d'hommes, des bousculades, quelques disputes, puis, la pluie. Il commença à pleuvoir au beau milieu de la nuit et je pouvais entendre les gouttes frapper le toit de notre chambre. Dans les couloirs, il n'y avait plus un bruit ; Miss Pie et Miss Aigrette s'étaient endormies. J'avais vraiment hâte de pouvoir envoyer cette lettre à Miss Peregrine - par n'importe quel moyen. Je voulais qu'elle la lise au plus vite. C'est en pensant à son sourire devant ma lettre que je m'endormis.

*

Miss Balbuzard arriva très tôt le lendemain. Je pouvais entendre les murmures qu'elle s'échangeait avec Miss Aigrette, dans la cuisine. Ethan dormait encore. Je le laissai dans notre chambre tandis que je m'approchais silencieusement de la cuisine, essayant d'entendre quelques mots. En effet, elles semblaient parler de sujets secrets. Puis, Miss Balbuzard prononça le nom de Miss Peregrine. Aussitôt, je m'avançai discrètement pour entendre plus clairement leur discussion :

- Que t'a-t-elle dit ? demanda Miss Aigrette.
- Je ne l'ai vue que précipitamment ; elle ne voulait pas laisser les enfants seuls au pensionnat trop longtemps. Elle m'a dit que l'Estre avait dû quitter l'île. Cela faisait déjà plusieurs jours qu'il rôdait là ; avant même d'amener Ava et Ethan ici.

Enthousiaste, j'apparus dans la cuisine :
- Vous avez vu Miss Peregrine ?

Elle se tourna subitement et plissa les yeux en me regardant. Je savais ce à quoi elle pensait ; pourquoi donc avais-je écouté les discussions privées des adultes ? Cependant, elle ne prit pas la peine de me faire la morale et répondit tout simplement :
- Oui, Miss Peregrine est...
- Comment va-t-elle ? Coupai-je.

Elle soupira et Miss Aigrette répondit :
- Elle va bien. L'Estre a quitté l'île de Cairnholm.

Je souris. C'était une excellente nouvelle. L'espoir me revint et les larmes me montèrent aux yeux.

Aussitôt, Ethan apparût à son tour ; apparemment, lui aussi avait écouté notre conversation :
- Cela veut dire que nous retournons au pensionnat ? Demanda-t-il.
- Non, pas pour l'instant, répondit calmement Miss Balbuzard. Il est encore trop tôt pour être sûr de ce fait.
- Quand le saurez-vous ? Interrogeai-je.
- Nous cherchons à savoir où se cache l'Estre avant de vous laisser repartir. Nous voulons être surs qu'il est loin de votre portée, répondit-elle.
- C'est injuste ! Je veux voir Miss Peregrine ! Se plaignit Ethan.

Miss Aigrette le prit doucement à part et le consola. Je restai à regarder Miss Balbuzard, dans l'attente d'autres informations. Mais elle n'ajouta rien :
- Vous voulez savoir où il est parti pour nous « laisser repartir », me moquai-je. Vous parlez comme si nous étions des prisonniers. Vous ne savez même pas pourquoi il nous suivait.

Miss Aigrette resta bouche bée ; sans doute étonnée de mon soudain comportement. Miss Balbuzard, elle, garda son sang-froid. Je me sentis embarrassée de lui avoir parlé ainsi. Jamais je n'aurais osé adresser la parole à un adulte de cette façon; encore moins à une Ombrune qui mérite mon plus grand respect et qui devrait être une source d'inspiration pour moi.

Je baissai les yeux et m'excusai :
- Je suis désolée de cette soudaine réaction. Je n'avais pas l'intention de vous manquer de respect, Miss Balbuzard, mais j'ai peur. Peur pour Miss Peregrine et pour ses enfants.

Son regard s'attendrit et elle s'approcha de moi. Elle posa sa main sur mon épaule et força un petit sourire :
- Ne vous inquiétez pas Miss Blackswann. Miss Peregrine et moi nous voyons chaque jour pour faire un bilan de la situation et les choses avancent vite. En moins d'une semaine, vous devriez être de retour au pensionnat. Tout ira bien.

Cela me rassura. Je lui souris en retour. Elle lança un regard à Miss Aigrette. Je compris qu'il fallait qu'elle reparte. Aussitôt, je couru au chevet de mon lit, ramassai la lettre que j'avais écrit la veille et la tendis à Miss Balbuzard :
- Est-ce que vous pouvez lui donner ça ? S'il vous plait...