BABY

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À vrai dire, je me souviens du plan de vie que je m'étais faite petite. Vous savez, le genre de plan que vous faites entre vos huit et dix ans, où vous élaborez tout dans les moindres détails. Et la gamine que j'étais avait prévu tout un tas de choses (aka conneries) : tout d'abord, je me voyais être infirmière parce que je trouvais ça cool sur le moment ; je me voyais sortir avec un gars prénommé Dylan ou Sean que j'aurais rencontré à un Starbucks et qui comme par hasard, serait dans le même campus que moi ; on se serait marié à l'aube de nos trente ans et on aurait eu deux enfants : Parker et Ellen, qu'on aurait élevé dans notre petite jolie maison de San Francisco avec notre berger allemand. Et je ne m'en rappelle pas parce que ce plan de vie est en train de concrétiser, je m'en rappelle parce que c'est tout le contraire qui est entrain de se passer. 

Putain, j'aimerais pouvoir raconter à la Kayla du passé que celle du future n'est pas en couple avec un Sean, mais contre tout attente, avec son Harry et qu'ils essaient de créer la vie.

Et j'aimerai pouvoir dire que ce que je suis entrain de vivre est mille fois mieux mais ce serait mentir si je disais que tout était facile. Parce que trois mois sont passés depuis février et les choses ont été tout autant bonnes que mauvaises pour chacun d'entre nous sur tous les plans.

Sur le plan professionnel, Louis et moi avons investis énormément de temps dans la rénovation du local. Et ce n'était pas aussi facile que ce que j'aurais pu imaginer : ne voulant pas dépenser de l'argent dans un plombier, un électricien et je ne sais plus quoi d'autres, nous avons -enfin, Louis aidé des garçons ont tout fait de leurs propres mains à l'aide de tutos YouTube et de notices (spoiler : ce n'est pas aussi facile que ça). Et Dieu merci, nous n'avons pas fini aux urgences mais nous avons frôlé une noyade, une électrocution et un doigt en moins (celui de Liam).

Mais petit à petit et avec énormément de patience et d'heures de sommeil en moins, tout s'est mis en place : une électricité fiable et stable, de l'eau en continue et des portes qui tenaient (presque) debout. Et pour être honnête, je pensais que ça prendrait plus de temps mais à la fin du mois de mars, tous les gros travaux de rénovation étaient achevés et il ne manquait plus qu'à faire la peinture, la décoration et tout ce qui était moins important.

Sauf qu'un soir où nous étions restés peindre les murs, je trouvais Louis étrangement silencieux. Et tout le monde sait que ce n'est pas dans son habitude de l'être. Il ne peignait même pas à vrai dire, il traînait son pinceau le long du mur, le regard dans le vide.

« Kayla, » Il a finalement prononcé au bout d'un moment, se tournant vers moi avec un air dramatique. « ça ne va pas du tout. »

« Quoi? » J'ai demandé en descendant de l'échelle où j'étais. « Tu n'aimes plus la couleur? »

« Pas ça. » Il a pesté avant de désigner toute la pièce d'un geste de la main : « Ça. »

« Tu n'aimes plus la déco? » J'ai froncé les sourcils.

« J'adore la déco. » Il a grogné avant de se laisser glisser le long du mur et de s'asseoir à même le parquet tâché de peinture. « Tu crois que c'est vraiment une bonne idée? »

« De quoi? » J'ai déposé mon pinceau avant de le rejoindre.

« Bordel, tout ça. » Il a soupiré. « C'est une mauvaise idée, on aurait pas dû se lancer dans ça. »

Pendant un instant, j'ai pensé à nommer le bar « ça ». Parce que oui, nous n'avions toujours pas de nom.

« Je vais me planter. » Il a annoncé. « J'ai arrêté mes études pour me planter et finir plus bas que je ne suis déjà. »

LOVERS |h.s|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant