LOVERS |h.s|

66.

« On pourrait faire une balade en voiture? » Harry propose en voyant ma mine boudeuse dans le miroir. « Acheter des donuts et rouler jusqu'à la baie? »

Nous sommes dans la salle de bain où je viens de compléter ma collection de tests négatifs par un nouveau. Je n'aurai pas dû écouter Harry qui voulait faire le test un jeudi soir. Sous le regard encourageant de Harry, j'ai fini par appeler ma gynécologue pour prendre un rendez-vous qui a lieu le 3 juillet. Soit encore 8 longs jours où je vais devoir ruminer dans mon coin pour faire quelque chose que je n'ai pas envie de faire pour m'apprendre quelque chose que je sais déjà.

Non, je ne suis pas de très bonne humeur.

« Le test est négatif, Harry. » Je rappelle au cas où s'il aurait oublié notre compromis. « Pas de donuts. »

Il me soulève pour que je sois assise sur le meuble de la salle de bain et il me fait face avant de se glisser entre mes jambes.

« Et ça doit m'empêcher d'en acheter pour faire plaisir à ma copine? » Il rétorque avant de me sourire : « Tu en penses quoi? »

Je range ma mine boudeuse dans un coin pour lui rendre un sourire parce que je vois qu'il essaie de trouver un moyen de me changer les idées.

« Est-ce qu'on peut pas acheter de la glace? » Je négocie.

« Tout dépend du parfum. » Il hausse les épaules.

« Vanille noix de pécan, morceaux de cookies et coulis au caramel? » Je suggère.

« Ça me plaît. » Il embrasse mon front avant de s'éloigner de moi. « En route, chaton. »

Bien sûr, quand Harry disait en route, c'était immédiatement sans prendre le temps de se changer. Et dehors, il pleut des cordes. Donc nous nous retrouvons à déambuler dans le supermarché le plus proche de la maison, vêtus de sweat, bas de joggings, baskets et cheveux dégoulinants à la recherche de glaces et de cuillères. Tout ça avec le regard furieux de la caissière qui ne semble pas apprécier toute la saleté que nous laissons sur notre passage alors qu'elle allait fermer.

Comme si c'était de notre faute. Connasse.

Une fois cette mission accomplie, Harry conduit jusqu'à la baie. Il fait déjà nuit et sans surprise, avec le temps de merde que nous avons, nous ne voyons rien et sommes obligés de rester à l'abri dans la voiture avec le chauffage allumé pour nous réchauffer.

Mais je n'ai pas à me plaindre.

Nous partageons notre pot de glace en parlant de tout et de rien avec une faible musique en fond très lointain.

« Quand on était ados, tu n'as jamais envisagé de sortir avec moi? » Je demande.

« Pourquoi j'aurais fait ça? » Il demande en retour comme si c'était quelque chose d'inimaginable. Je ne sais pas comment le prendre.

« Je sais pas, les hormones, les sentiments, l'ennuie... » Je hausse les épaules avant de prendre une cuillère de glace.

« Tu veux la vérité? » Il demande et je réponds par l'affirmative : « Pendant une période, je croyais que tu aimais les filles. »

« Quoi? » Je m'indigne avant de me justifier : « Pourquoi? J'ai eu des copains! »

« Sauf que ça ne durait jamais! » Il s'exclame. « Et puis, tu traînais tout le temps avec les garçons et moi. »

« Parce que les filles au lycées étaient des pestes, tout simplement. » Je lève les yeux au ciel. « N'empêche que j'ai eu des copains et tu les as tous rencontrés. »

« Que des idiots. » Il marmonne en prenant une cuillère de glace puis me regarde. « Et toi? »

« Quoi moi? »

« Tu n'as jamais eu envie de sortir avec moi? » Il questionne.

« Ah non. » Je pouffe avant d'ajouter : « Pour commencer, tu étais trop chiant. » C'est vrai, même s'il était mon meilleur ami, par moment il était insupportable et juste...chiant. « Et ensuite, pendant une période, je pensais que tu me cachais une relation avec Louis. »

« Pourquoi Louis? » Il s'étonne.

« Quand j'étais avec vous, j'avais l'impression de tenir la chandelle et de vous déranger, c'était bizarre. » Je grimace.

« Eh! Comment tu as pu penser ça? » Il s'exclame. « Je te disais tout et je t'ai même raconté ma première fois! »

« Et je n'ai jamais voulu savoir l'épopée des trente secondes. » Je grogne en levant les yeux au ciel et il fait de même. « C'était avec qui encore? Taylor? »

« Bethany. » Il rectifie. « Et c'était quarante-cinq secondes. »

« C'est tout comme. » Je soupire. « Et c'était une pétasse. »

« Ne dis pas ça, elle était sympa. » Il soupire. « Toi, tu ne m'as jamais raconté ta première fois. »

« Parce que ça ne te regardait pas. » Je précise. « Tu savais déjà beaucoup trop de choses à mon goût. »

« Ce n'est jamais assez. » Il me donne un coup de coude dans les côtes et me sourit. « Dis-moi juste avec qui et quand. »

« À 17 ans avec Bradley. » Je marmonne. « Tu ne sauras rien de plus. »

« C'était un connard. » Il conclut.

« Le contraire m'aurait étonné. » Je lève les yeux au ciel et il rigole.