Lundi 26 novembre
17 : 27Le week-end, un immense froid s'était emparé de l'ambiance dans la maison. Plus personne ne voulait se parler, tout le monde s'évitait, et tentait par tous les moyens de ne pas se croiser entre les différents couloirs et pièces. Je savais que l'auteur principal de cette situation était mon frère le plus grand, mais je n'étais pas si égoïste et immature pour ne pas reconnaître que j'avais mes torts. Si je n'avais pas raconté à Askhab ce qui me tracassait, j'aurais évité ce chaos qui nous encombrait en ce moment. Pourtant, je n'arrivais pas à regretter. Je ne me sentais pas légitime, loin de là, mais je savais aussi que les réels initiateurs de cette dispute ne faisaient rien pour arranger l'histoire.
Fatima s'était enfermée dans notre chambre, prétextant qu'elle travaillait, elle n'assumait juste pas qu'elle réfléchissait à tout ce qui avait été dit. Ma sœur avait besoin de temps pour se rendre compte de ses erreurs, je ne lui en voulais pas, comment le pourrais-je ? S'il était même nécessaire qu'elle ait dix ans, je ne la repousserais pas, je l'attendrais toujours. Elle restait ma sœur, et je tenais à nos liens encore plus qu'aux autres. Amir, lui, s'était recueilli dans les bibliothèques et les mosquées. On ne le voyait jamais dans la maison, il rentrait tard, partait tôt, je ne l'avais croisé qu'une unique fois, et c'était lorsque j'étais allée faire mes ablutions pour la prière du matin alors qu'il sortait de la salle de bain. Il ne m'avait adressé aucun regard, aucune parole. Et je m'étais sentie mal. Faiza, elle, ne m'ignorait pas, au contraire, elle me lançait des piques à longueur de journée, se comportait comme l'enfant qu'elle souhaitait rester. Je ne lui répondais que très peu. La plupart du temps, je soupirais, d'autres fois je lui disais de se taire, une seule fois je me suis laissée prendre à ses provocations, et j'ai failli la frapper. Askhab était intervenu, pas pour me dire de ne pas agir ainsi, mais parce qu'on faisait trop de bruits.
Je détestais ce froid entre nous. Je me sentais coupable, mais pas assez pour arranger ce problème. J'attendais que l'un des réels fautifs le fasse. Et c'était une erreur de ma part de ne pas agir. Je restais l'aînée. C'était à moi de rassembler les membres de la famille. Je ne devais surtout pas nous éloigner entre nous.
Après le travail, j'avais envoyé un message à Farida pour qu'elle s'occupe d'Aslan ce soir, je n'avais pas voulu rentrer, alors j'étais restée au parc derrière les bâtiments du quartier pour réfléchir à ce comportement immature que j'avais eu. Je m'étais sentie bête dès que je m'étais assise sur ce banc, en me rendant compte à quel point j'étais pathétique. Je me faisais mal à moi-même en attendant la réconciliation, parce que j'avais l'impression que je n'étais pas fautive. Si je n'initiais pas le dialogue, personne ne le ferait, et on resterait ainsi jusqu'à la fin de nos vies.
Je soupirais, alors que le vent soufflait plus fort et me forçais à rentrer. Sauf que je ne voulais pas me confronter à mon frère et ma sœur, ils étaient si imprévisibles que prévoir leurs réactions était impossible. J'étais à peu près sûre que Fatima m'en voulait toujours pour les paroles crues qu'avait eu Askhab, et qu'Amir se sentait trop mal pour me permettre de lui pardonner.
Je reçus alors un message d'Askhab me disant de rentrer, et lorsque je vis l'heure affichée, je capitulai et me levai pour rentrer. Je montai les escaliers jusqu'à mon palier, lorsque soudain, en passant au pas de la porte de mes nouveaux voisins, une fille sortit en trombe de l'appart', me bousculant au passage. Khalid, l'aîné des frères la suivit, m'ignorant complètement, alors qu'Ahmad, lui s'arrêta devant moi pour me lorgner de ses yeux intensément bleus. Je vis qu'il allait parler, et je voulus m'empresser de monter le dernier étage, mais au même instant, tata Hanifa arriva en pleurs. En me voyant, elle me sourit et essuya ses larmes pour me saluer. Je la saluai en retour, gênée d'assister à cette scène.
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TCHETCHENE : Makka
RomanceC'est une simple orpheline du voisinage quand elle est repérée par une femme tchétchène. Il n'y a plus d'autre issues alors pour la jeune fille que se marier afin de satisfaire les désirs de sa famille ainsi que ceux de sa belle-famille. Mais à for...