Chaque jour le Niger me manque

29 1 0
                                    

Depuis que je suis arrivée en banlieue chaque jour le Niger me manque.
J'ai l'impression de porter la nostalgie dans mon cœur comme ma mère a pu me porter sur son dos.
En arrivant ici je savais qu'un jour j'allais finir par y retourner.
Fils d'un père résistant dont l'histoire fut rayée par la sauvagerie du néocolonialisme je me suis retrouvé à mes dix ans au milieu des tours de bitumes les plus pauvres de la banlieue nord de Paris. Ce dernier est mort sur un parking par une pluie de balles pour avoir soulevé des questions collectives et politiques dans un livre concernant l'indépendance monétaire du Niger.
Loin des quartiers chics de la capitale ma fenêtre donne vue sur une muraille d'immeubles gris foncés et des trottoirs encombrés par des poubelles éventrées.
Comme l'allée du parking des résidents a été transformée en circuit pour les bécanes de cross. Le rythme de ces bruits assourdissants avec lesquels on apprend à vivre m'a invité dès ma venue à regarder leurs acrobaties par la fenêtre.
Des gamelles en bécanes j'en ai vue tous comme des courses-poursuites attisées par des agents de la Bac.
Avant de partir de Maradi pour l'aéroport de Niamey.
J'ai échangé quelques mots avec l'imam du quartier qui m'a dit en mettant sa main sur mon épaule :
« On peut être bien ou mal n'importe où, cela dépend juste de notre état esprit.»


Jusqu'à la mort du Franc CFAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant