Une mémoire parfaite

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Quinze jours plus tard...

Alberto a repris l'école et sa mère est sortie de l'hôpital avec d'importantes traces de balafres au visage. Je le sais car juste un jour avant je suis passé le voir dans son nouveau logement.

Deux jours avant qu'il reprenne l'école il m'a appelé pour me dire qu'il avait déménagé :

-« Allo Akil ? »

-« Ouaah Alberto comment tu vas ? »

-« C'est dur mais on tient le coup.

Tu sais je ne veux pas que tu penses que j'étais fâché contre toi, mais j'avais juste besoin de prendre du recul et de rester seul avec ma mère.

-«Oklm ! Tu'inquiètes tu n'as pas de te justifier.»

En raison du drame qui s'est passé l'office des Hlm leur a attribué un nouveau logement à la cité du parc de la noue.

Touchés par la tragédie les jeunes qui traînaillent devant la tour à Mme Baradji se sont cotisés pour lui racheter un nouveau pit. Ils ont décidé de l'appeler « greaser » (grailler) car pour ces deux mois il ne fait que bouffer.

Lorsqu'ils ont appris que le petit avait déménagé au quartier du parc de la noue ils ont voulu m'accompagner en voiture pour que je lui ramène : « Greaser »son nouveau chien.

Deux jours après Loutfi est sortie de l'hôpital et environ une semaine nous avons découverte en récréation qu'en plus de son autisme Alberto était hyper mnésique. Il suffisait qu'il puisse entendre une date pour mécaniquement se souvenir de tous ce qu'il avait fait ce jour-là.

Un phénomène rarissime d'une mémoire totale et parfaite.

De ce qu'il avait pu manger au petit déjeuner, aux personnes qu'il avait vues dans la journée, il pouvait se souvenir de tous les moindres détails.

En grandissant avec lui j'ai très vite remarqué que sa mémoire pouvait être aussi bien une chance qu'une exécration.

Des années plus tard j'ai voulu me servir de son hypermnésie pour le mettre au service d'un plan d'action pour faire gagner au Niger son indépendance monétaire.


Jusqu'à la mort du Franc CFAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant