Au lever du soleil face à un vent sec

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Aéroport international Diori Hamani 6h37 Niger

Nous sommes arrivés au lever du soleil un fort vent sec et poussiéreux nous accueille avec ma tante, mon oncle Moussa et quatre de ses enfants.

Un bonheur inexprimable de revenir dans cette ville sahélienne située sur le fleuve Niger me laisse sans voix avant que nous nous engouffrions dans la voiture de mon oncle pour notre protégé des poussières du vent et partir chez ma tante dans le quartier de Maouray-Kwaratagui. Sur la route mon ami autiste engage une discussion en haoussa avec mon oncle:

« Shin iska koyaushe tana yin busa kamar wuya? »

-« Est-ce que le vent à l'habitude de souffler toujours fort comme ça ? »

« A'a wani lokaci yakan busa karfi sosai. Amma kuna jin hausa sosai tunda yaushe kuka koyi yaren namu? »

-« Non parfois il souffle bien plus fort.

Mais tu parles bien Haoussa depuis quand tu apprends notre langue ? »

« Awanni 24 »

-« 24 heures »

« Awanni 24 kawai

Allahou 'Akbar !!»

-« Seulement 24 heures !! Allahou'Akbar »

Arrivé chez ma tante le vent est parti aussi vite qu'il est venue. Deux femmes dans la cour de ma tante pilent le mil autour d'une dizaine de bambins qui courent en s'amusant avec quatre chèvres qui déambulent en me renvoyant mes souvenirs d'enfance.

D'un coup Alberto me tendit une lettre qu'Aïssatou lui a donnée deux jours avant notre départ :

-« Tiens c'est de la part d'Aïssatou »

-« Et pourquoi tu me l'as donné que maintenant ? »

-« Elle m'a demandé de te l'a donné une fois que tu sois arrivé.

Donc je n'ai fait que respecter sa parole. »

Akil s'empressa de déplier la lettre dans ses mains pour la lire silencieusement au milieu d'une foule d'enfants agités par leurs jeux.

« Chère Akil;

Lorsque tu liras cette lettre tu seras à Niamey et moi j'aurais probablement déjà déménagé à Marseille. Pardonne-moi si je n'ai pas eu le courage de t'annoncer de vive voix cette nouvelle en face et d'avoir demandé à ta mère de garder le silence sur notre départ parce que je savais combien elle fit peiner déjà d'apprendre que nous allons quitter le quartier définitivement.

Je ne voulais pas pour ton premier retour à Niamey pollué ton esprit par notre départ.

Ce soir j'ai appelé ton ami Alberto qui m'a conseillé d'écrire ce qu'il m'est difficile de te dire pour ne plus rester prisonnière de mes sentiments qui étouffent la liberté de mon quotidien.

Mon inquiétude pour toi m'a rendue insomniaque alors je me suis finalement décidé à vaincre ma timidité pour que tu saches que je pense tellement à toi au point que j'essaye d'anticiper ce que tu vas faire à ton arrivée à Niamey.

J'ai la conviction que tu vas essayer de retrouver ceux qui ont tué ton père et je le comprends.

Mais j'aimerais te faire savoir qu'en faisant cela tu inquiètes une personne qui t'aime au plus profond de son cœur.

Je pense que la timidité et la pudeur sont des points communs que nous avons et qui ont toujours entravé le départ des démarches entre nos familles pour notre union.

Au risque de me tromper et parce que je sais ces raisons évoquées a peut-être muselé l'expression de tes sentiments.

Je me décide à te dire que dans l'idéal de mon futur je ne vois que toi comme mon mari.

Avec toi, tout est différent...

Comme si j'avais eu le cœur comprimé toute ma vie et qu'il avait fallu que tu arrives pour lui apporter l'oxygène.

J'espère que ces quelques lignes t'auront éclairé sur le contenu de mon cœur et t'auront convaincu de ne pas prendre de risque. »

Aïssatou


Jusqu'à la mort du Franc CFAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant