Le défi de faire voyager un autiste

13 0 0
                                    

17 juillet 2018 18h37 aéroport de Roissy Charles de gaulles terminal E Vol n°AF6744 en direction de Niamey

Ne vous fiez pas à mon allure de détendu sur ce siège de la porte d'embarquement. Intérieurement je m'interroge silencieusement comment tout cela va se passer. Même si je ne laisse rien transparaitre pour moi ce n'est pas un simple vol mais un véritable challenge de faire voyager un autiste. Pourquoi ai –je pu prendre ce risque ce-jour-là ?

Surement parce qu'Alberto est mon meilleur amie et qu'il a bien plus de qualités que des gens qu'ils ne le sont pas. On s'est connu à l'école primaire Charles de gaulle de Villepinte et on ne s'est jamais lâché. J'ai fait les 400 coups avec lui, pété le nez d'un mec qui l'emmerdait, dormi chez lui plus trois cent fois.

Quant à lui il a toujours eut la plus grande loyauté à mon égard.

Ayant vécu dans la même cité que lui j'ai pu partager les détails d'un drame familiale qu'il a pu vivre ce qui a renforcé notre attachement.

Quand on a un meilleur ami on apprend à l'accepter autant avec ses qualités qu'avec ses défauts. Les gens parfaits n'existent pas sauf dans l'imaginaire de ceux qui pensent l'être.

Contrairement aux autres autistes Alberto est loin de ne pas savoir communiquer bien au contraire on ne remarque au premier abord aucun trouble autistique. Il peut être autant prodigieux par la capacité de sa mémoire qu'imprévisible par une mauvaise gestion de ses émotions.

Neuf jours avant de nous trouver à l'aéroport j'ai décidé de l'accompagné faire des courses pour sa mère au Auchan de Villepinte. Alors que nous allions régler à la caisse je lui ai annoncé que je partais pour Niamey. Nous étions à la queue du supermarché derrière une dame en surpoids avec un caddie plein à craquer. Quand tout à coup il a pété un câble en laissant exploser une violente crise d'angoisse:

-« Toi tu ne connais pas la nouvelle. Ma mère elle était tellement contente lorsque je lui ai dit que j'étais bachelier avec mention. Elle a appelé toute ma famille au bled et m'a pris directe un billet pour Niamey. Depuis le temps que j'attendais cela. Là ça y es. Le 17 je m'envol la réservation à déjà été faite.»

-« Quoi ça veut dire que tu vas repartir vivre là-bas ? »

-«Pas pour toujours t'inquiètes frérot c'est que pour deux semaines. Je suis déjà inscris à l'université. Avant tous cela il y a des étapes j'attendrai de terminer mes études. Et d'abord sur place j'ai certaine investigation à mener pour retrouver ceux qui ont ôté la vie de mon père. Peut-être après sur du long terme je m'organiserai pour retourner vivre définitivement là-bas. Tu sais si je suis ici c'est parce que ma mère a décidé de me ramener quand j'étais petit. Sinon ça ne m'emballait pas plus que ça de devoir partir.»

Sans avoir le temps de comprendre sa réaction je suis devenu le témoin d'une situation hors de contrôle généré par le manque de contrôle d'une émotion violente. Un beuglement de sanglot a donné le départ avant qu'il se mette à renverser tous les caddies des gens qui faisaient la queue devant les caisses du supermarché. Une petite caissière rousse donna l'alerte au point que quatre vigiles interviennent. Lorsqu'Alberto les a vu s'approcher il a commencé à les canardé avec le contenu des caddies au point qu'un se fasse ouvrir l'arcade sourcilière par une jetée de boite de sardine à l'huile de l'olive:

-« Attendez ! Attendez !

Le frapper pas il est autiste !

Il a eu une crise et il va se calmé.

Laissez-moi lui parlé il va se calmé »

-« Oh Alberto calme-toi ils vont appeler les keufs.

Pourquoi tu as câblé comme ça ?

Tu crois que je ne vais jamais revenir. ?

Ecoute j'ai une proposition à te faire.

C'est à prendre ou a laissé.

Si tu veux tu viens avec moi à Niamey.

Mais par contre je te préviens je compte sur toi pour que tu ne me fasses pas de la dinguerie comme tu viens de me faire ?

Ok !? T'es capable de me le promettre ça ?

Tu verras las- bas c'est magnifique.

On dirait que l'herbe et les arbres poussent sur le lac.

C'est splendide là-bas.

Ça va te changer de la banlieue.

Tu vas vraiment apprécier en plus à part le parc de la Courneuve tu as vu de quoi de ta vie ?

Alors tu veux venir avec moi ? »

-« Ouais. Je serai me tenir j'ai un vrai besoin de changer d'air.»

Je l'ai serré fort dans mes bras et je lui dis de s'excusée au vigile.

Comme il habitait la cité et qu'il avait entendu parler de la tragédie l'histoire du père d'Alberto il n'a pas souhaité déposé plainte.

Ce jour-là si j'avais eu un déficit de la communication ou un manque d'assurance de ma part il aurait pu retourner toutes les étagères du magasin.

Déjà pour le caddie j'en ai eu pour deux cent euros à payer. Heureusement pour mon compte en banque qu'il n'est pas dans le rayon de la hifi.


Jusqu'à la mort du Franc CFAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant