La prise de risque ? Très peu pour moi, mais vraiment. En vingt-quatre ans de vie sur terre, je n'avais jamais osé opter pour une teinte s'éloignant trop de mon naturel 1B mais aujourd'hui, le changement va opérer. À l'ordre du jour, une perruque blonde pour bien se mettre dans l'esprit du festival. Je craignais que ça ne m'aille pas des masses en la posant sur ma tête mais au contraire, je trouve que la couleur fait bien ressortir ma carnation chocolat au lait.
Je suis donc occupée à parfaitement lisser ma wig —car on refuse les perruques gonflées comme les nanas de Paris — quand tout à coup, la porte de la salle de bain s'ouvre et me laisse la vue sur mon harceleur du jour qui a l'air bien contrarié.
— T'es sérieuse là ?! Ça fait vingt minutes Azénor ! compte-t-il en tapotant sur sa montre
— Tu mens, ça fait jamais vingt minutes. Mais à l'aise, j'ai bientôt fini !
— Si dans cinq minutes t'es pas dans la voiture, on démarre sans toi
— Euh, pardon ? je m'écrie en le dévisageant. Je vous ai tous laissé vous préparer avant, vous avez eu tout le temps que vous vouliez et maintenant moi je dois me dépêcher genre ?
— Fallait être plus bouliste eh, pourquoi tu me racontes ta vie ? Couillon va
— Kounia manman'w Izraël
— Allez, fais vite, il est déjà seize heures wesh !
— De toute façon, Burna passe à minuit. Le reste, ansenfou !
— Il s'agit de quand même ksar. T'as plus que quatre minutes quarante, me prévient-il avant de mettre les voiles
Consciente que j'abuse quand même du retard, je passe juste une dernière fois le fer à lisser sur ma chevelure et ce sera tant pis pour le maquillage, de toute façon les lunettes de soleil seront là pour cacher le désastre.
Je revêts ensuite ma tenue du jour en chap chap : un petit maillot et un paréo. Si ça ne tenait qu'à moi, je me serais baladée en bikini string sur la Praia da Rocha mais pour un premier jour, je vais quand même doser sur la tenue et aller prendre la température. Si je vois que les festivalières de la plage sont dans un mood "kehbance", je suivrais le mouv' dans les jours prochains.
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Les coups de klaxon du conducteur font siffler mes oreilles, les amis risquent de m'abandonner ici donc je me reluque une dernière fois dans la glace, dépose mes lunettes de soleil sur mon nez, enfile mes claquettes et rejoins mes condisciples lesquels m'attendent depuis déjà plus d'un quart d'heures dans le cabriolet.
— Il était temps ! m'apostrophe Elijah en me regardant de haut en bas
