The Bro Code

#28

Comment décrire mon état actuel ? Je dirais que tous les sentiments négatifs de l'univers sont entrain de me transpercer à l'exception de la colère. Non, je ne ressens aucune fureur tant la déception est colossale. Dépité, dégoûté, décontenancé, triste et bien d'autres. Ce n'est en rien une bonne nouvelle car retarder l'échéance de ma colère ne fera que l'exacerber mais la situation est tellement incongrue voire irréelle que je n'arrive pas à entrer dans un état de nerfs. Je tente de me persuader que la situation est irréelle, que ça doit sûrement être un prank ou une caméra cachée et pourtant, ce n'en est rien. Et pendant que mon visage se décompose en mille morceaux et que mon cœur s'emballe en pleine tachycardie, la prévenue s'entête encore à la chanson sous la douche. J'aurais voulu défoncer la porte de la salle d'eau et la sortir de la baignoire pour la confronter mais il est préférable pour chacun de nous trois que je patiente sagement assis sur le canapé.

Je dois patienter dix bonnes minutes pour qu'enfin l'eau s'arrête de couler et cinq autres pour qu'elle se vête et débarque enfin dans le living room. Mon regard se porte directement sur elle et ce qui me fascine c'est qu'elle a l'air dénuée de tous remords. Elle chantonne en s'avançant dans le salon et me lance carrément un petit sourire lorsqu'elle me voit. Wow.

— Wesh, me lance-t-elle les yeux rivés sur son téléphone en s'enfonçant dans le fauteuil en face de moi

— Bonjour, je réplique en l'observant

— Ça va ? T'es plus énervé ?

— Ça te dit un plan à trois ?

— Euh, pardon ? lâche-t-elle en fronçant les sourcils, le sourire toujours sur les lèvres

— Un plan à trois

— Tu veux faire un plan à trois ?

— Toi tu veux ?

— Va t'faire soigner Jaime, t'es vraiment malade

— Pourquoi pas

— Je suis quand même l'enfant de quelqu'un !

— Et alors ? Ça fait pas de toi une fille aux mœurs légères

— Mais t'as vraiment craqué toi, casse-toi j'veux pas

— C'est pas gentil. Avec moi tu veux pas en faire mais quand c'est Mehdi c'est l'un devant, l'autre derrière

Toute cette conversation avait en effet pour effet de nous mener à cette réflexion et ça a le mérite de faire rire Azénor après un petit moment d'inertie quand même. Plus elle s'esclaffe, plus un état d'ébullition s'active en moi. Je fais tout pour garder mon calme bien que des boules de haine commencent à se former dans ma gorge.

— Comment t'as lu ça ? me demande-t-elle morte de rire

— Tu crois que ça me fait rire ?

— Non mais c'est un rire nerveux, j'suis choquée. Comment t'as... Ah merde, j'ai laissé mon pc ouvert

— Mmm

— Eh mais c'est même pas moi qui ai écrit ça, j'me suis faite hackée !

— Donc tu me vois aussi con que ça vraiment ?

— Non allez, j'rigole. Sérieusement, j'espère que tu me vois pas en bizarre parce que je rigolais. C'était vraiment dans le cadre de ma conversation avec mes copines, rien de méchant

— Ah ouais ? Tu blagues comme ça avec tes copines ?

— Et ça encore c'est rien du tout !