Prologue

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Bon, je suis un être humain. Et comme tout être humain, j'ai mes défauts, mes complexes, et ces trucs chelous qui font que les gens te dévisagent. Non, en fait, ils te fixent comme si t'étais la Vierge dans un gangbang.

Prenons, par exemple, mon arrogance. Elle est saupoudrée d'un humour sarcastique qui s'invite sur tous les sujets, le tout agrémenté d'un bon gros paquet de problèmes de papa. Résultat : mon entourage a du mal à suivre.

Franchement, j'aurais pu avoir une enfance de rêve. Un père riche, célèbre, le combo parfait, non ? J'avais droit à tout ce que je voulais, tant que je ne l'emmerdais pas avec ma simple existence.

J'ai vite appris que l'argent pouvait acheter un sentiment de sécurité. Entre un garde du corps privé, des écoles de prestige, et des notes impeccables, tout le monde me disait que j'avais un avenir brillant devant moi. Comme si mes gènes Stark suffisaient à garantir ma réussite. Je suis même une copie conforme de mon père, sans son penchant pour l'alcool.

Mais cessons de jouer à ce petit jeu du bonheur parfait que les autres enfants envient soi-disant. Parce que, non, je ne vis pas dans un conte de fées. Spoiler alert : rien n'est parfait.

Je n'avais pas vraiment d'amis. Trop arrogante pour certains, trop jalousée pour d'autres. Bref, un ami seulement.

Ajoutons à cela une mère toxicomane qui s'est jetée par la fenêtre de l'hôpital après sa deuxième overdose. Quarante-huit heures après, c'était fini. Et puis, il y a le père... un génie qui ne connaît même pas la date d'anniversaire de sa propre fille et qui ne la garde que par obligation. Pour soigner son image publique, évidemment.

Merci à ma bonne mémoire, qui me rappelle chaque détail : les anniversaires avec ma mère avant sa descente aux enfers, les cris qu'elle poussait quand elle était en manque, et les mots assassins de mon père, que j'ai entendu depuis ma cachette derrière la porte, pendant qu'il discutait avec sa secrétaire :

« Je n'ai jamais voulu avoir d'enfant, encore moins être père. À peine si je me souviens de sa mère. »

« Tu dois la garder maintenant, Tony, la presse est au courant. Demain, ta tête sera partout dans les journaux, à la télé. Tu as merdé, donc... »

« D'accord, j'ai compris ! J'ai fait une erreur, j'assumerai les conséquences. Inutile de me faire la morale. Cela dit, cette petite touche de reproche te donne un charme, avoue-le. »

Voilà. Peu importe ce que je faisais pour gagner son amour, ça finissait toujours en désillusion. Ça en est même devenu une obsession. J'ai tout essayé pour avoir une relation normale avec lui, et j'ai compris rapidement certaines règles tacites à ne surtout pas transgresser :

Le mot « papa » est interdit. J'ai compris ça dès la première fois que je l'ai prononcé. Il a été banni à jamais.Nos chambres sont des zones interdites. J'ai appris cette règle à six ans, en me cachant sous son lit. J'y ai découvert ce que deux adultes font pour exprimer leurs désirs.Pas de marques d'affection. Jamais.La fête des Pères ? On oublie.Et quant aux représentations scolaires ou compétitions... ne rêve pas.

Un psy ferait fortune avec ce qui se passe dans ma tête. Alors oui, début de vie pas si génial. Mais si je vous disais que cette histoire commence par une tentative de meurtre ?

Ça, c'est vraiment le pompon sur le gâteau pour rendre ma vie encore plus pourrie.

Quand tout sera terminé, vous me direz si ma vie est vraiment merdique, ou si je me fais des idées.

SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant