C'est beau l'amour.

14 4 14
                                    

Thème: Amour

Mots: Percé, ondulations, amant, crevette, duo, poils, voisine, chambre, trahison, rose.


Pierre Gaulthier est marié depuis trente longues et pénibles années à Marie-Bénédicte, une riche héritière qui n'a jamais mis un pied devant les fourneaux, ni même travaillé de sa vie, ni même tenu un balai dans ses mains d'ailleurs.

A cinquante quatre ans, alors qu'ils semblaient si heureux tous les deux, feignant d'être amoureux aux yeux de la société, Marie-Bénédicte a un subite envie de mettre un peu de piment dans sa vie.

- Pierre, c'est décidé, je veux un AMANT! s'exclame-t-elle au saut du lit.

- Marie-Bénédicte, ma petite CREVETTE, vous nous faites la crise de la cinquantaine, voulez-vous que je vous appelle un médecin? s'étonne le mari moqueur.

- Je veux qu'on me touche, cogner le bois du lit dans les murs de la CHAMBRE. Je veux des étincelles Pierre, de l'aventure. Je m'ennuie, s'écrie-t-elle.

- Mais Marie-Bénédicte voyons, cela suffit, cessez immédiatement vos sornettes et soyez raisonnable. Nous sommes mariés bon sang, s'agace-t-il.

Mais l'épouse n'a jamais connu le refus et Pierre l'a toujours cuisinée aux petits oignons en cédant au moindre de ses caprices. Par amour ou par obligation, surtout par loyauté, il encaisse la demande particulière de sa femme, même s'il vit ça comme une TRAHISON. Il ferait n'importe quoi pour satisfaire sa belle et accepte le deal à condition que ce soit lui qui choisisse l'amant parfait pour son épouse.

Pierre commence ses recherches, sur le pallier de l'étage, la porte juste en face. Il rencontre alors la VOISINE très charmante, qu'il n'avait croisé que trop rarement en descendant les poubelles. Célibataire, élégante et désinhibée, elle l'invite à prendre le thé, discuter, rigoler, médire sur l'épouse acariâtre et séduire. Pierre est sous le charme.

Prétextant à sa femme qu'il est compliqué de nos jours de trouver un homme digne d'elle, il retourne chaque après-midi, à l'heure du thé, pour papoter avec Gisèle. La voisine de soixante treize ans, plutôt bien conservée pour son âge, vit de la pension de son défunt époux. Elle adore le ROSE au point d'en avoir peint les tapisseries et les plafonds de toutes les pièces. Pierre n'aime pas cette couleur, mais il adore la compagnie de la vieille dame, alors il n'y prête pas attention.

Un jour, elle se confie. Cela devait faire trois ou quatre semaines que Pierre a entrepris sa quête, leur amitié s'est transformée et la confiance grandissait.

- Pierre, je dois t'avouer quelque chose. Jean, feu mon mari, était le pire des bougres que l'univers ait créé, et je l'ai tué. Je n'ai pas vraiment fait exprès, c'est arrivé comme ça. Une nuit, alors qu'il était plongé dans un profond sommeil, trop ivre pour se rendre compte de quoi que ce soit, je l'ai étouffé. Avec mon oreiller. Je peux comprendre si tu ne souhaites plus me parler en sachant tout ça.

- Alors du coup, ça veut dire que tu pourrais peut-être m'aider pour ma mégère de bonne-femme? demande-t-il, comme si elle venait de lui donner la recette du pain perdu. 

Il n'avait pas l'intention de ne plus lui parler. Il est bien trop heureux d'avoir une nouvelle amie. Il a pensé l'étouffer, mais la fourbe, elle se débattrait, à coup sûr. 

- Que penses-tu de mon idée? demande-t-il à Gisèle.

- C'est une excellente prise de décision cher ami, mais une femme comme elle mérite d'être noyer avec dignité, un bon bain chaud, un verre de Chardonnay et c'est réglé. Je peux t'aider, volontiers, je l'ai déjà fait dans le passé, propose-t-elle avec toute la gentillesse du monde.

Pierre est agréablement surpris de ce soutien et ces encouragements. Elle a raison la belle Gisèle, mourir dans la dignité c'est important. Il est heureux de pouvoir faire équipe avec quelqu'un d'expérimenté et pourrait dire à cet instant, qu'il est en train de tomber amoureux de cette experte meurtrière.

Le DUO complice se rend au domicile de monsieur et madame Gaulthier, invité en personne par Madame elle-même, lorsqu'elles se sont croisées la veille en descendant les poubelles, enfin lorsque Gisèle descendait ses ordures et que Marie-Bénédicte se rendait rue de Rivoli pour faire du lèche vitrines, cela va de soit. 

Lorsque tout le monde est bien à l'aise, que l'ambiance est à son paroxysme, Gisèle termine le fond de sa tasse de tisane aux plantes, cul-sec, et prétend avoir oublier un "truc" sur le feu. Pendant ce temps, le docile mari, est prit d'une soudaine envie de choyer sa bien-aimée en lui préparant une baignoire pleine d'eau bouillante, quelques gouttes d'huile essentielles de tea-tree et un filet de bain moussant. Il allume quelques bougies pour la touche romantique et l'invite à se prélasser. Elle l'a bien mérité. 

Une fois que Marie-Bénédicte plonge son corps à l'apparence d'un poulet plumé, dans le liquide bien chaud, il l'aide gentiment, en mettant ses fines mains sur les larges épaules de son épouse, pour recouvrir et asphyxier tous ses orifices, sous l'eau. Voyant qu'elle se débat de trop, il hurle pour appeler Gisèle à son secours, qui l'avait laissé faire devant tant de confiance en lui.

- Maintiens-la bien, je vais chercher de quoi la calmer une bonne fois pour toute. Qu'elle chieuse celle-là, même se noyer elle ne peut pas le faire sans geindre dit Pierre se dirigeant vers la cuisine pour chercher son couteau de boucher.

Quand il revient, il écarte Gisèle pour que sa belle robe fleurie ne soit pas tâchée. De la main gauche il empoigne la chevelure mouillée de sa femme et avec le couteau dans la main droite, il lui tranche la gorge, d'un coup net. 

Il la regarde avec peine et dégoût et s'exclame:

- Et en plus la vipère, n'a même pas pris la peine de raser ses POILS. Mais, regarde ma belle Gisèle, comme les ONDULATIONS du sang qui coule dans l'eau tiède sont épiques. Du grand art, je dois dire. Laissons profiter du calme jusqu'à demain et nous lui rendrons sa liberté.

Gisèle acquiesce et se permet même de l'embrasser sur la bouche. Un baiser furtif qui les surprend tous les deux, emporté par l'euphorie de l'instant.

Il est inutile de vous préciser que le bois du lit a tapé contre le mur de la chambre toute la nuit. 

Pierre et Gisèle n'avaient jamais été aussi épanouis et espèrent que leur secret ne soit jamais Percé à jour.

VIENS LÀ! N'AIE PAS PEUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant