THÈME : MALADIE
Mots imposés : médecin, cancéreux, épidémie, braquage, femme, médicament, chimio, banane, hôpital, pansement
Léa ne sait pas grand chose.
Léa était morte. Léa avait eu un cancer. Elle errait dans les couloirs de l'HÔPITAL, cherchant un docteur pour lui demander si elle pouvait sortir. Ne trouvant pas de docteur, elle se dirigea vers la sortie et, tout naturellement, ne la trouva pas. Les fantômes ne hantent que les lieux qu'ils ont connus, ou alors dans lesquels ils sont morts, si tant est que cette mort ait été violente. Ils ne pouvaient pas voyager. Ils étaient prisonniers de leur endroit, jusqu'à ce qu'on les libère. La mort de Léa n'avait pas été violente, mais elle ne le savait pas non plus. Son mari en revanche, il le savait. Enfin, il croyait savoir. Il ne savait pas lui, que quelqu'un s'était introduit dans l'hôpital. Il pensait que le cancer avait tristement pris le dessus. Que la CHIMIO n'avait servit à rien. Qu'elle s'était infligée tout ces protocoles pour... rien.
Quand elle est entrée à l'hôpital quelques jours avant sa mort, elle allait relativement bien pour quelqu'un qui devait subir une chimio. Elle souriait, elle blaguait, elle jouait avec la mort. Les docteurs l'aimaient beaucoup, des patients comme ça, on n'en voyait peu, et ils étaient des soleils dans ces couloirs de souffrance. Léa se souvenait de ça. De son entrée, des piqûres, des nausées, des vomissements, des vertiges. De sa décadence en si peu de jours. Elle se souvenait, alors que des gens passaient dans le couloir des CANCÉREUX à travers elle, qu'il y avait eu une alerte. Un code rouge. Isolement, dépistage... La routine en cas de suspicion d' ÉPIDÉMIE. L'anthrax... Elle se souvenait qu'un docteur avait employé ce terme au détour d'un couloir, alors qu'elle agonisait mille morts.
Il n'y avait jamais eu d'épidémie. Jamais eu d'anthrax non plus d'ailleurs. Léa errait donc, cherchant la sortie, ou quelqu'un. Elle tapotait l'épaule des gens, des patients... Personne ne lui répondait. Elle se rendit dans la chambre d'une vieille, essaya de la réveiller. Cette même vieille FEMME aux PANSEMENTS plus nombreux que ses cheveux lui demanda de lui foutre la paix.
— Mais... Vous m'entendez ? Vous me voyez ? demanda Léa, heureuse.
— Oui je vous entend ma petite dame, et je n'aime pas qu'on me dérange dans ma mort, ils n'ont même pas encore fait le nécessaire, vous voyez ? Je croupis là, dans ce lit... Heureusement que je ne risque plus d'escarres !
— Comment je peux sortir ? Je me sens beaucoup mieux !
— Ha bah ça, je veux bien le croire, vous êtes morte !
Léa ne la crut pas et ressortit de la chambre. Tout était réel et irréel. Elle chercha alors son mari, mais il n'était ni dans la chambre qu'elle avait occupée, ni dans les couloirs. Elle voulut alors téléphoner mais ne parvint pas à prendre le combiné qui était suspendu au mur.
Léa avait décidément du mal à se souvenir. Son mari ne viendrait plus. Il n'avait plus de raisons de venir. La dernière fois qu'il avait franchi les murs de cet hôpital, c'était pour signer des papiers avant que le corps de sa tendre épouse soit emmené au funérarium pour y subir les derniers soins réservés aux êtres humains avant d'être inhumée. Léa ignorait que, le jour de sa mort, c'était le jour du braquage. Que des voyous étaient venus chercher des drogues et des MÉDICAMENTS dans la grande pharmacie. Elle ne se souvenait pas que, en entendant les cris de panique, elle était sortie en trombe de sa chambre et avait glissé sur une peau de BANANE pour voir ce qui se passait. Tous les deux ignoreraient que les docteurs avaient ramassé Léa, inconsciente, morte et avaient cru qu'elle avait fait une attaque.
Et depuis, elle errait dans les couloirs, cherchant la sortie.
VOUS LISEZ
VIENS LÀ! N'AIE PAS PEUR
Horrorrecueil d'histoires courtes, en collaboration avec Driller_Killer, sur le principe du texte-challenge, avec un thème et dix mots communs pour chaque texte.