CHAPITRE IV

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Ce qui s'est passé hier soir ne doit pas se reproduire. Je ne sais pour quelle raison elle a fait ça. Ce moment était bizarre mais tellement sensationnel. Il faut que j'arrête de penser à ça mais comment on peut oublier un instant de désir intérieur ? Je repense à ses lèvres qui allaient presque se poser sur les miennes et ses yeux qui me fixaient avec envie. Je déteste depuis dix ans Lauren et pourquoi, maintenant, je la désire plus qu'en amie ? Il faut que je reprenne mes esprits, ce n'est pas bien de penser ce genre de chose d'elle.

Je me lève de mon lit. Je dois aller en cours au lycée pour la première fois et je vais la voir contre ma volonté. J'ai peur de ce qu'il va se passer. J'ai un mauvais pressentiment. Je stresse énormément. J'espère que je ne vais pas me retrouver avec elle, parce que oui, elle a redoublé. Lauren n'est pas très studieuse comparé à moi. Je dois avouer que je suis très forte à l'école et que je n'ai pas besoin de réviser pour avoir de bonnes notes, ce qui me facilite les choses. Lauren a une réputation de populaire, il ne faut pas l'embêter ou la contrarier. Elle est accompagnée de ses petits toutous, Lucy et Normani. J'espère qu'elles vont me laisser tranquille ce qui m'étonnerait. Et j'espère sincèrement que j'aurais au moins une amie, je ne suis pas très sociable.

Je décide de me préparer et de faire ce qu'il y a à faire et de m'en aller en montant dans la voiture où mon chauffeur m'attend.

Je m'installe devant avec lui.

- Tu n'es pas trop stressée ? Me demande-t-il.

- Je dois avouer que si, je lui réponds nerveusement.

- Ne t'inquiète pas, ça va aller. Si tu as un problème ou quoique ce soit, appelle moi, je viendrai te chercher.

Je hoche la tête en le remerciant. Mon chauffeur est très gentil. Je le connais depuis que je suis toute petite. Il me gardait des fois quand la femme de ménage n'était pas disposée à être là.

Nous arrivons quelques minutes au parking du lycée. Je souffle un bon coup et descends du véhicule.

- Bonne journée, Camila ! Me dit-il.

Je hoche la tête poliment et marche en direction du panneau où nos noms sont inscrits. Il y a beaucoup de monde devant. Alors, je décide d'attendre quelques minutes pour que je puisse passer sans me faire bousculer. Je vois que je peux me frayer un chemin. Je passe sans difficulté, je suis petite, ça me facilite les choses. J'essaye de repérer mon nom et je le vois enfin. Je m'en vais de cette foule qui m'étouffe et monte les escaliers pour rejoindre ma classe. J'arrive devant la porte et il n'y a personne.

Je m'assois contre le mur et regarde mon portable. Il est huit heures. J'avale difficilement ma salive. Je tremble, due au stress. Je n'ai pas envie de voir Lauren, elle m'effraie énormément. Elle m'a fait endurer des choses qui m'ont rendus malheureuses. C'est en parti à cause d'elle que je suis comme ça.

Des personnes commencent à arriver. Je me relève pour faire bonne impression. Tout le monde est en uniforme, les garçons sont en costume, cravate, en rouge et noir, les filles, nous avons le choix entre jupe et pantalon. Je préfère être en jupe parce que le pantalon qu'ils donnent, ne me va pas du tout, il a une coupe droite et n'est pas dans mon style.

Nous sommes, à présent, quinze. Dans les classes, nous sommes souvent entre dix et vingt car nous sommes peu nombreux dans les lycée de ce genre.

- Entrez, je vous en prie ! Dit le professeur qui vient d'arriver.

J'entre dans la classe et m'assois tout devant et mets mon sac à côté de moi pour que personne ne vienne à cette place.

Je fixe la porte en espérant que Lauren ne rentre pas. Je prie intérieurement. Les élèves défilent et le professeur ferme la porte. Je suis soulagée, elle n'est pas là. Je peux au moins être tranquille pendant toute la journée.

Le cours commence et quelques minutes plus tard, quelqu'un toque à la porte. Je prends peur d'un coup.

- Entrez !

La scène se passe au ralenti. La personne ouvre et des cheveux noirs apparaissent. Cela me fait automatiquement penser à Lauren. Je déglutis. La fille montre son visage et c'est bien elle. J'ai parlé beaucoup trop vite toute à l'heure. J'ai presque envie de pleurer. Je détourne le regard vers la fenêtre. Je regarde le ciel gris. Le temps est aussi triste que moi.

- Tu peux t'asseoir devant, lui dit l'enseignant.

Pourquoi lui a-t-il dit ça ? Non. Je refuse mais je ne peux rien dire. Je veux disparaître maintenant. Je ne la regarde pas. Je ne veux pas de contact visuel avec elle.

Je sens qu'elle s'assoit en enlevant mon sac violemment de la chaise. Je ne dis rien, je ne veux pas la contrarier. Je fixe toujours le paysage dehors. Une larme glisse sur ma joue. Je l'essuie rapidement. J'ai l'impression de tout le temps pleurer, d'être faible sans arrêt.

Une main se pose sur ma cuisse. Je sursaute. Je ne bouge plus. Je sens qu'elle se penche à mon oreille. Son souffle me donne des frissons désagréables. Son geste me dégoûte. Elle ne m'a pas demandé la permission de le faire.

- On va bien s'amuser cette année ! Chuchote-t-elle avec une voix séduisante. Tu pourras me donner tes notes à chaque fin de cours ?!

Je hoche la tête précipitamment.

Elle me dépose un bisou sur la joue délicatement. Elle a complètement changer mais je ne crois pas que c'est en mieux, c'est même pire.

- Tu peux me rejoindre, après, dans les toilettes ?! Tu veux bien ?! Dit-elle de la même manière.

- D'accord, je lui dis en bégayant.

Je tremble. Pourquoi veut-elle que je la rejoigne ? Je suis tellement effrayée quand elle est là.

Elle se détache de moi et j'arrive à respirer correctement. Je ne sais pas ce qu'elle cherche à faire.

La sonnerie s'enclenche une heure plus tard et tout le monde sort précipitamment mais moi, je prends totalement mon temps. Mes mains tremblent, je n'arrive pas à me calmer. Lauren est partie depuis longtemps.

Je me lève et sors de la classe lentement en appréhendant ce qu'il va se passer. La panique monte de plus en plus. Je suis très peu confiante. Généralement, je suis sûre de moi quand je suis proche d'elle pour lui montrer que je n'ai pas peur et qu'elle ne m'est pas supérieure mais cette fois, j'appréhende énormément, de peur qu'elle me fasse quelque chose de pire encore que les insultes.

ObligatedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant