CHAPITRE XXV

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- Toi et Lauren vous devez partir quand de cette ville ? Me demande Ally en essuyant des verres.

- Elle va m'emmener autre part dans deux jours.

Je bois une dernière gorgée de ma boisson. J'ai la tête qui tourne et je me sens un peu pâteuse. J'ai envie de rester sur cette chaise le plus longtemps possible.

- Il vous reste à peu près une semaine ?

Je hoche la tête.

- J'espère qu'on se reverra, m'avoue-t-elle.

- Je l'espère aussi.

- Tu vas pardonner à Lauren ?

Je souffle. Je n'ai pas trop envie de parler de ce qu'il s'est passé.

- Je ne sais pas mais sûrement que oui car je l'aime trop pour ne pas lui parler.

Elle me sourit.

- C'est la meilleure chose à faire.

Je fais tourner mon doigt sur le bord du verre. Je pose ma tête sur mon autre main. Mes yeux doivent être rouges.

- Tu peux dormir ici. Il y a un lit de libre.

- Merci, c'est gentil. Je n'ai pas la force de retourner à la plage.

Elle jette son chiffon sur le bar et se déplace vers moi. Elle me fait signe de la suivre ce que je fais, lasse. Mes paupières se ferment toutes seules pendant que je marche. Je zigzague et me prends un poteau dans l'épaule. Je crois que j'ai un petit peu trop bu. Ally m'aide à me tenir droite et à ne pas tomber. Elle ouvre une porte et me fais entrer. Je découvre l'endroit et c'est très joli. Il y a des bougies d'allumées dans toute la pièce et le lit est très grand. On a une vue sur la mer lointaine. On sent le vent léger sur nous. C'est parfait pour dormir paisiblement.

- Je te laisse. Dors bien, rajoute-t-elle en me prenant brièvement dans ses bras.

Je lui souris faiblement dû à ma fatigue. Je m'écroule sur la surface molle et confortable des couettes. J'enlève mes chaussures et mes habits. Je me mets dans les draps. Me tête repose sur l'oreiller.

J'entends la porte s'ouvrir. J'ouvre un œil pour vérifier c'est qui et vois une silhouette de femme. Elle s'approche de moi et s'allonge à mes côtés. Je sens l'odeur de Lauren. Je me tourne pour être dos à elle.

Sa main vient se poser sur mon épaule. Elle m'embrasse sur cette zone. Tout ceci se passe dans un grand silence. Son geste est reposant.

- Je suis sincèrement désolée de t'avoir donné un coup. Il n'était pas voulu et je regrette ma violence, j'aurais dû agir avec maturité. J'étais tellement enragée contre elle que je n'ai pensé qu'à la frapper et la faire souffrir pour ce qu'elle t'a fait.

Je me retourne pour la regarder dans les yeux. Ma bouche est près de la sienne. Mon bras est en dessous de ma tête. Je lui prends la main et l'examine. Je vois des bleus sur ses phalanges et des ouvertures avec du sang séché. Elle ne s'est pas soignée. Je me redresse mais elle me prend le poignet.

- Je vais le chercher, dit-elle.

Je hoche la tête et me rallonge. Je fixe le plafond en attendant son retour. Elle se lève et passe la porte. Cette scène me rappelle quelque chose. A notre adolescence, elle avait des plaies sur son visage. Je m'étais occupée d'elle. Je n'ai jamais su pourquoi elle s'était battue.

Lauren refait son apparition et me donne la trousse de soin. Je la prends et l'ouvre. Elle s'assoit en face de moi. Elle me tend sa main droite, l'autre n'est pas endommagée. Je déverse de l'alcool sur le coton et pose celui-ci sur les parties ouvertes sur ses doigts. Elle grimace à chacun de mes touchés. Je ne suis pas délicate.

- Plus doucement, s'il te plaît, se plaint-elle.

J'exécute sa demande. Je suis froide. Je ne sais pas pour quelle raison. Je crois que je ne peux plus lui en vouloir.

- Je me suis excusée. Tu veux quoi de plus ? Dit-elle avec un air énervé.

Je la regarde dans les yeux. Je me sens un peu bête d'être comme cela avec elle. Je ne suis pas d'humeur, c'est sûrement l'alcool. Elle fronce les sourcils.

- La dernière fois que je t'ai soigné, tu étais blessée au visage, je commence en changeant de sujet. Tu t'étais battue ?

Elle baisse la tête. Elle prend ma main et la caresse avec son pouce.

- J'avais cogné un garçon. Je me rappelle que je marchais avec Normani et Lucy.

Elle a un rictus sur les lèvres.

- Je ne t'aurais jamais avoué ça avant car je l'ai frappé pour te défendre, lâche-t-elle en rigolant. J'ai entendu qu'il disait des choses méchantes à ton égard. J'ai bouillonné au fond de moi et ai éclaté mon poing dans sa joue. Il a plus souffert que moi.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Son geste était tellement attendrissant.

- Lauren. Je te pardonne.

Elle relève la tête, étonnée et heureuse. Elle m'embrasse. C'est un simple baiser mais qui fait du bien. Elle me sert dans ses bras. Mes doigts viennent s'emmêler dans ses cheveux. Je lui dépose pleins de bisous sur son visage. Elle rigole. Ce moment est mignon. Je voudrais qu'il ne s'arrête jamais.

- Je t'aime, dit-elle.

- Moi aussi, mon amour.

- Mon amour ? Répète-t-elle, surprise.

Je cache mon visage dans son cou.

Elle nous allonge et je suis en dessous d'elle. Elle me fixe. Je suis sûrement entrain de rougir.

- Tu es belle quand tu rougis.

Ce moment est tellement doux et tellement bien. J'approche sa tête de la mienne et mes lèvres viennent se coller aux siennes. Elle caresse ma cuisse. Je sens quelque chose de froid contre mon buste. Je me détache de sa bouche. Je vois que c'est un collier. Je ne l'ai jamais vu sur elle. C'est une chaîne en argent avec un pendentif en forme de Lune. Je le prends entre mes doigts.

- J'ai un cadeau pour toi, m'annonce-t-elle. J'ai demandé à Ally de te garder au bar pour que je t'achète ça. Je voulais absolument que tu me pardonnes.

Elle plonge sa main dans sa poche et une petite boîte apparaît. Elle l'ouvre et un autre collier surgit. Cette fois-ci, celui-ci est un soleil. Je souris. Lauren est la meilleure des femmes, je ne pouvais pas rêver mieux qu'elle. Même si au début, je pensais l'inverse.

- Tu l'aimes ?

- Oui. Il est magnifique. Merci.

Je le mets autour de mon cou et l'admire.

- Le Soleil inonde, de sa lumière et de sa chaleur, nos journées, la Lune est le lumignon poétique éclairant nos nuits, dit-elle d'une voix lente. Camila, tu es comme le Soleil pour moi, tu illumines ma vie.

- C'est tellement beau, Lauren.

Sa tête vient se mettre sur ma poitrine. Elle ferme les yeux. Je lui fais des papouilles dans sa chevelure de jais. Son souffle devient régulier. Elle a l'air paisible.

Je n'ai plus sommeil depuis qu'elle est entrée dans la chambre. Je fixe plutôt le paysage devant moi. La Lune est là. J'ai l'impression qu'elle nous observe. C'est un astre sécurisant. Je le sens comme ça. Les étoiles l'accompagnent et rend le ciel encore plus beau. Une larme coule sur ma joue. Je n'ai jamais autant été épanouie. Je remercie la vie de m'avoir donné le privilège de goûter à la joie. Peut-être que cela va être de courte durée mais je vais en profiter le plus possible.

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