CHAPITRE XIX

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Nous entrons enfin après deux heures dans les bouchons. Après notre échange physique dans la voiture, nous n'avions pas osé parler. Je ne la regardais pas et fixait l'extérieur. Je suis extrêmement embarrassée. Je n'en reviens pas. Je l'ai touché. Je ressens encore la sensation de ses veines qui palpitaient sous mes doigts. Je rougis en pensant à ça.

Je sens une main dans le bas de mon dos. Je me tourne, surprise. Je baisse la tête. C'est comme si je n'avais plus envie que Lauren me regarde ou qu'elle soit proche de moi. J'ai une honte intérieure que je ne peux décrire.

- Tout va bien ? Tu n'as pas parlé pendant tout le trajet, me dit-elle, inquiète.

Je hoche la tête et me dirige vers l'immeuble, où nous devons rester tout le séjour, sans un mot. Elle me suit en portant les valises. Nous entrons dans le hall et tout est grand. Plusieurs personne courent et je ne sais plus où donner de la tête. Quelqu'un vient vers nous et prend nos bagages. Le lieu est chic, luxueux, trop propre, inondé de lumières artificielles, rempli de personnes sans émotions, un endroit neutre. Je n'aime pas être là. Ça ne me ressemble pas.

- C'est ta mère qui a insisté pour que nous séjournons ici, m'annonce Lauren en grimaçant.

Ça m'aurait étonné. Ma mère aime fouiner dans tout ce que je fais et veut faire les choses à ma place ou à la place des autres. Comme c'est le cas ici. Ces goûts riches, je ne les partage pas et apparemment, Lauren non plus.

D'ailleurs, celle-ci me regarde et réfléchis.

- Ça te dit qu'on parte d'ici ?

Je lève un sourcil.

- Je pense sincèrement que tu préfères dormir dehors, que dans ce luxe. Ai-je raison ?

Je hoche la tête, dubitative.

- Si tu veux, on peut rester mais...

- Non ! Je me précipite de lui dire. On va faire notre lune de miel en dormant en face de la mer à la pleine lune, on se lavera les dents avec du sable mouillée, nous nous doucherons avec l'eau du robinet dans des bars, nous nous changerons derrière les rochers et nous ferons nos excréments dans des toilettes publics en mauvais état.

Lauren paraît amusée mais n'a pas l'air contre mon opinion.

- Je veux vivre, au moins une fois, la vie d'une personne démunie d'argent. Je veux simplement ne pas faire ce que veut ma mère. Je veux faire ce dont j'ai envie. Être libre. Heureuse. Mettre en pratique mes propres choix. Être fou pendant quelques instants. M'allonger dans l'herbe en me disant que rien ne m'attend le lendemain. Rêver en regardant les étoiles. Penser à la façon dont je t'embrasserai la prochaine fois. Sourire en t'admirant, la lune t'éclairera comme à notre mariage et je pourrai te dire à quel point tu es belle.

Je ne sais pas pourquoi je dis toutes ces choses mais ces paroles voulaient sortir depuis très longtemps. J'enfouissais cela au fond de mon coeur et je les sors enfin.

Lauren est bouche bée face à mes paroles mais sourit finalement en acquiesçant.

- Veux-tu me suivre ? Je lui demande en espérant qu'elle dise oui.

- Je crois sincèrement que je vais te suivre dans ce long périple, dit-elle en rigolant.

J'entoure mes bras autour d'elle. Je suis heureuse qu'elle accepte. Je pense qu'on aime les mêmes choses. Je l'ai sûrement convaincu, aussi.

- Par contre, il faut que je reprenne nos valises, intervient-elle.

Je me détache d'elle.

- Oui, c'est vrai mais à quoi bon les garder ?

ObligatedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant