Obligated

CHAPITRE VIII

J'ai sûrement été dur dans mes paroles mais vous ignorez la souffrance qu'elle m'a fait provoquer pendant toute ma vie. J'ai maintenant vingt ans et je vais me marier dans deux jours. Je ne suis pas excitée à l'idée de m'unir avec Lauren. D'ailleurs, celle-ci est devenue plus mûre mais elle est toujours aussi horrible à mes yeux. Je ne peux pas cacher qu'elle est de plus en plus magnifique mais à chaque fois que je la vois, je ressens des frissons de dégoût. Elle s'est excusée mais, pour moi, ce n'est pas suffisant.

Aujourd'hui, je vais voir ma robe de marier. On me l'a acheté, je n'ai pas pu choisir. Ma mère a de bons goûts alors je ne m'en fais pas. Je sais que si je serai allée à ce magasin, j'aurais pleuré mais pas de joie, de désespoir.

Dans deux jours, je vais devoir passer une alliance au doigt de Lauren. Je grimace en pensant à ça. Justin est mon témoin, c'est le seul. Je n'ai voulu de personne d'autre. Justin a pu, pour l'occasion, se libérer de ses services pour aller à mon mariage. Je suis heureuse qu'il soit là, je ne tiendrai pas sans lui. C'est un des seuls piliers que j'ai, avec ma sœur. D'ailleurs celle-ci grandit de plus en plus vite, elle a cinq ans. Elle a gardé la même bouille mais elle sait très bien parler. Elle est plus intelligente que moi, à l'époque.

On tambourine à la porte.

- Ma chérie ! Tu viens essayer la robe ?

Je souffle et me lève du lit. J'ouvre la porte et suis ma mère sans réels envies. Je traîne des pieds jusqu'à la chambre où est la tenue spéciale. On entre dans celle-ci et je vois une magnifique robe blanche, tenue par un cintre, accroché à un porte manteau. Je m'approche d'elle et passe ma main dans les tissus de dentelle. Je souris tout de même. Mais la réalité me revient en mémoire et mon sourire se perd. Je vais porter le nom de Jauregui pour toujours. Une larme s'échappe de mon œil et tombe sur la robe de mariée. Je fais semblant de rien et me tourne vers ma mère. Elle a l'air heureuse et rêveuse.

- Tu seras une très belle épouse.

Je hoche la tête.

Ma mère s'approche de moi et prends le cintre dans sa main et me le donne.

- Va l'essayer.

Je ne proteste pas et vais dans la salle de bain. Il y a un grand miroir. J'ai des cernes violettes et énormes. Je fais peur à voir. Je décide à me déshabiller. Je le fais lentement. Quand je suis enfin en sous-vêtements, j'enfile la robe. Après cela, je m'admire en ne comptant pas les cernes. Cette tenue me va à merveille. Je me sens belle pour la première fois depuis longtemps. J'ajuste mon buste et mets la robe correctement à ma taille pour être plus à l'aise. Dans ce miroir, je vois apparaître ma mère. Je sursaute, elle n'a fait aucuns bruits. Je pose ma main sur mon coeur.

- Tu m'as fait peur.

- Tu es belle, ma chérie.

Je remarque qu'elle va pleurer. Je me tourne vers elle.

- Ce n'est qu'un mariage, je lui dis.

- Pour moi, ce n'est pas rien de voir sa fille se marier avec quelqu'un. Je suis sûre que Lauren te rendra heureuse.

Je n'en suis pas si sûre. Je baisse la tête.

- Ne me parle pas de Lauren, je lui demande gentiment.

- C'est ta future femme, il faut en parler.

- S'il te plaît, Maman. Tu sais très bien pourquoi je te demande ça.

- Elle s'est excusée et elle est devenue beaucoup plus mature et disciplinée. Et cela, rien que pour toi.

- Maman, ce n'est pas pour moi qu'elle fait ça. Je sais qu'elle espère que ce mariage n'est pas lieu, tout comme moi, alors, elle essaye d'être gentille aux yeux de ses parents pour qu'ils changent d'avis. Je sais qu'elle dit que des choses néfastes à mon égard à ses géniteurs, pour qu'ils se disent que je ne suis pas assez bien pour leur fille et franchement, j'espère que Lauren arrivera à réussir son coup.

- Comment peux-tu être certaine de ça ?

- Je ne sais pas mais je le sens, c'est tout. Je connais Lauren depuis mes cinq ans, au bout d'un moment, je sais comment elle marche, je termine en soufflant.

- Essaye d'être radieuse à ton mariage, dit-elle avant de partir.

La porte claque dans un bruit qui doit sûrement raisonner dans toute la maison.

J'enlève cette foutue robe avec énervement. Ma propre mère n'essaye même pas de me rassurer ou de me comprendre. Sa seule envie est de me voir me marier, que ce soit avec n'importe qui. Elle devrait être compréhensive, elle était dans la même situation que moi. Ses choix sont contraires aux miens et c'est dur de supporter ça.

J'ouvre la porte de la salle de bain et sursaute de peur quand je vois Lauren dans mon lit.

- Je vous ai entendu, m'avoue-t-elle. Tu penses vraiment ça de moi ?

Je ne réponds pas et décide de partir. Mais elle me retient par le bras.

- Non. Ne pars pas. Je veux que tu me répondes.

Je la regarde droit dans les yeux, sans flancher.

- Enlève tes sales pattes de moi ! Je lui ordonne, menaçante.

Elle contracte sa mâchoire.

- Je te lâcherai si tu me réponds.

- Je sais que tu me détestes comme moi, je te déteste, je lui dis avec haine.

- Tu te trompes.

Je me lâche brutalement de sa prise.

- Pourquoi es-tu devenue si gentille tout d'un coup ? Je lui demande en fronçant les sourcils.

- Je me suis enfin rendue compte que tout ça était de ma faute, que je n'aurais pas dû te faire ça. Dès le jour où je t'ai vu tomber devant moi, j'étais partager à l'idée de t'aider ou de me moquer mais tu sais ce que j'ai choisi. Je ne veux pas mettre la faute sur Normani et Lucy mais elles m'ont encouragé à te faire souffrir. Quand je voulais t'épargner, elle me disait que j'étais faible de ne pas montrer ma domination envers toi. Alors je l'ai fait et voilà où nous en sommes.

Je ne pensais pas que Lauren était influencé par ses amies.

- Je sais que tu ne vas pas me pardonner. Mais si tu veux que tes enfants vivent dans le bonheur et non dans la haine, il faudrait que tu songes à accepter ma présence.

Ce qu'elle dit est vrai. Je le ferrai, sûrement, mais seulement pour mes enfants et pour rien d'autres.

- Je veux juste que tu me promettes de ne pas me faire souffrir quand je serrai ta femme, je lui dis avec un air de supplice.

Elle hoche la tête en souriant.

- Je te le promets, Camila, dit-elle avant de partir.

Je ferme les yeux. Je ne me vois pas avoir des enfants avec elle. Pourquoi je pense à ça alors que je n'ai que vingt ans ? On est trop jeune pour l'instant. Il faut que je me concentre sur le mariage. Une chose est sûre, c'est que Lauren veut véritablement se rattraper. J'espère qu'elle ne ferra pas de faux pas et qu'elle est vraiment sincère cette fois.