Chapitre 7

88 9 0
                                    

Quatre mois plus tard...
- Clark ! Tu vas rater ton bus !
Le garçon entend la voix de sa mère du fond de la cour, où il est occupé à faire fondre la neige devant la porte grâce à sa vision laser. Des rayons de lumière rouge vif jaillissent de ses pupilles pour transformer la glace en vapeur. Clark a compris comment tirer des rayons enflammés avec ses yeux il y a des années, lorsqu'il a mis le feu à une bande dessinée sans le faire exprès, alors qu'il essayait d'apprendre à lire. Il ignore comment il parvient à réaliser quelque chose d'aussi incroyable : il lui suffit de viser quelque chose et... de se concentrer.
- Oh non ! s'écrit-il.
Pris par son travail, il a perdu la notion du temps. Il entend un klaxon au loin et voit le bus scolaire jaune arriver au bout du chemin. Il court vers la route, mais glisse sur une plaque de verglas. Oups !
La chute ne le blesse pas, c'est impossible, mais, le temps qu'il se relève, le bus est déjà en train de repartir. Whitney Fordham, un garçon cruel qui fréquente la même école, lui fait des grimaces à travers la vitre arrière.
- Attendez ! crie Clark. Attendez-moi !
Le bus ne s'arrête pas. L'enfant imagine que le conducteur ne l'a pas vu, peut-être parce qu'il se concentre sur la route verglacée. Ou peut-être qu'il est pressé et n'a pas envie d'aider un garçon en retard. Quoi qu'il en soit, le bus abandonne Clark.
- Zut ! s'exclame-t-il.
Furieux, il donne un coup de pied dans un tas de neige et vaporise avec sa vision laser la plaque de verglas sur laquelle il a glissé. Mais cela ne le calme pas.
Clark ne sait pas quoi faire. Il n'a pas le droit d'être en retard à l'école, il a un contrôle important ce matin ! Il regarde vers la ferme, mais son père est déjà parti en camionnette, une heure plus tôt, pour aller chercher des provisions en ville. Clark ne sait pas quand il doit revenir, probablement après le début des cours.
Il doit se débrouiller tout seul. Il ne lui reste qu'une chose à faire. Clark jette un coup d'œil alentour pour vérifier que personne ne le voit et commence à courir. Il traverse les champs enneigés et se dirige vers la ville plus vite que n'importe quel bus. Sa super-vitesse fait fondre la neige et dissimule ses traces. De la vapeur d'eau s'élève autour de lui. Un spectateur ne verrait qu'un mouvement flou.
Clark sourit jusqu'aux oreilles. Ça fait du bien de se lâcher, pour une fois.
Il ralentit en s'approchant de la ville et arrive devant l'école quelques instants seulement avant le bus. Whitney écarquille les yeux en voyant Clark marcher sur le trottoir devant lui. La brute sort du bus et grimace avant de le rejoindre. Il mesure une tête de plus que Clark, qui est petit pour son âge.
- Hé ! lance-t-il. Comment tu es arrivé aussi vite, Kent ?
- J'ai pris un raccourci, répond Clark en haussant les épaules.
Il tente de s'écarter, mais Whitney l'attrape par l'épaule.
- Pas si vite, grogne la brute. Je te parle, Kent !
Le cœur de Clark se serre. Whitney s'en prend à lui depuis le jardin d'enfants. Il ne le supporte plus. Dans de tels moments, il souhaite presque que ses parents le fassent étudier à la maison, comme son père me voulait. C'est Martha qui a convaincu son mari de laisser Clark aller à l'école comme n'importe quel autre enfant. Son fils lui en est reconnaissant, même si cela veut dire qu'il doit côtoyer des brutes comme Whitney.
- Arrête de m'embêter, dit Clark.
- Ah, ouais ? répond Whitney.
Il pousse Clark si fort que l'enfant trébuche en avant et lâche ses livres sur le trottoir. Un manuel d'histoire atterrit dans une flaque de glace et de neige fondues.
- Essaie de m'en empêcher, alors !
Clark aimerait tellement se défendre... Ce n'est pas la première fois qu'il voudrait montrer à Whitney ce dont il est vraiment capable. Un feu solaire brûle derrière ses yeux. Il serre les poings. S'il le voulait, il pourrait projeter son adversaire de l'autre côté de la rue, et même plus loin.
Mais cela n'en vaut pas la peine.
Il a promis à ses parents qu'il ne révélerait pas ses pouvoirs. Maintenant qu'il est plus grand, il comprend à quel point c'est important. Lui non plus ne veut pas que les autres pensent qu'il est différent. Il veut qu'on le traite comme un enfant normal, pas comme un monstre capable de lancer des rayons laser avec ses yeux ou de se déplacer plus vite qu'un bus scolaire.
Alors, au lieu de projeter Whitney de l'autre côté de la ville ou de lui brûler les orteils, Clark se contente de ramasser ses livres et de s'éloigner. Son manuel d'histoire est trempé ; il espère qu'il n'est pas fichu.
- Ça suffit, Whitney ! lance Lana Lang en s'interposant. Pourquoi est-ce que tu ne t'attaques pas à quelqu'un de ta taille ?
Clark et elle sont toujours voisins, même s'ils ne se connaissent pas très bien. Martha lui a raconté qu'ils ont joué ensemble, un jour, quand ils étaient petits, mais le garçon s'en souvient à peine.
Clark grimace. Il est reconnaissant envers Lana pour son aide, mais c'est gênant de ne pas pouvoir se défendre seul. Il rougit de honte en entendant les rires des autres enfants. Cette journée va de pire en pire.
- Tout va bien, Lana, ment-il. Ça n'a pas d'importance.
La cloche se met à sonner, et il se précipite vers sa salle de classe.
- Tu as raison, Kent ! ricane Whitney derrière lui. Fuis ! Tu ne sais rien faire d'autre...
Un de ces jours... pense Clark. Attends un peu...
Il fulmine toujours lorsqu'il s'assoit pour passer le contrôle préparé par M. Plummer. Clark a déjà lu le livre entier à super-vitesse, il finit donc le test bien avant tout le monde. Comme il a du temps libre, ils en profitent pour s'amuser avec sa super-vision. Cela fait longtemps qu'il a appris à contrôler ses yeux, et il se distrait en scrutant le squelette de ses camarades de classe et de son professeur. Il arrive aussi à voir sous la peau pour observer les muscles et les organes. Les cœur battent derrière les cages thoraciques. Les poumons s'emplissent d'air. Il peut même regarder dans l'estomac des gens pour voir ce qu'ils ont mangé au petit déjeuner. D'ailleurs, on dirait que M. Plummer a pris du bacon et des oeufs brouillés.
C'est écœurant, mais plutôt cool, et c'est un bon exercice pour apprendre à maîtriser ses super-pouvoirs.
Je devrais peut-être devenir médecin quand je serai grand, réfléchit-il. Je n'aurais même pas besoin de machine à rayons X pour détecter les problèmes de mes patients.
Quand regarder l'intérieur des gens commence à l'ennuyer, Clark dirige sa vision télescopique vers l'extérieur. Il peut alors surveiller tout Smallville depuis sa salle de classe, et même voir à travers les murs. Il n'espionne pas les maisons et les entreprises, parce que ce serait impoli, mais rien ne l'empêche de regarder un film qui passe au cinéma à quelques pâtés de maisons de là. S'il se concentre, il parvient même à entendre la musique et les dialogues. Il suit le début d'un film de science-fiction sans bouger de son bureau. C'est un assez bon film, qui parle de l'arrivée d'un visiteur d'une autre planète.
Clark apprécie de pouvoir se détendre ainsi, sans que personne le sache. C'est bien mieux que de regarder les autres élèves terminer leur contrôle.
- Clark ? Tu as fini le test ?
La voix de son professeur interrompt le film. Clark revient à une vision normale et réalise que le cours est terminé. Les élèves ont tous rendu leur copie et se dirigent vers la classe suivante.
- Je suis désolé, s'excuse Clark. J'étais dans la lune.
Dans un sens, il dit la vérité. Il a toujours été fasciné par les livres et les films qui traitent de l'univers et de planètes lointaines. Il rêve même parfois d'un monde étrange avec un immense soleil rouge.
Il ne comprend pas pourquoi.

Man of Steel : La naissance d'un super-héros (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant