C'est à parti de la Hollande que nous avons commencer à redouter les nouveaux. On en perdait à la pelle. Des soldats, des sergents ou des lieutenants qui sortaient tout droit d'écoles bien vues avec des noms pompeux. Ils n'y en a pas beaucoup qui s'en sont bien sortis. Je vois encore ce gosse, si petit. Un soldat de Bull. Il paraissait minuscule par rapport à nous. On était pas tous très grands mais vous imaginez ? Cette petite brindille face à Lip, Bull ou Bill ? On l'a jamais retrouvé. Certains disent qu'une grenade lui a sauté à la figure. La plupart ne se souviennent même plus de son existence. Mais je n'oublie pas. À mon plus grand désarroi parfois mais je n'oublie jamais un visage. James Miller il s'appelait.
C'était des gosses. Encore plus que nous. Mais ils se sentaient invincibles. Parce qu'ils avaient des uniformes.
17 septembre 1944 ; Hollande
Mon saut se passe relativement bien. Nous traversons un champ d'herbes hautes puis un champ de terre. Nous retrouvons face à une maison avec l'ordre de ne pas tirer.
Finalement, les allemands ont déserté en nous voyant arriver. Nous entrons dans Eindhoven sous les drapeaux orange et bleus, blanc, rouges. Tout le monde danse et chante. J'essaye de me frayer un chemin dans cette foule. Hoobler faisant tourner un petit garçon dans les airs m'arracha un sourire. Plus loin, Cobb se fait piquer son casque par une hollandaise hardie. Les officiers essayent tant bien que mal de nous faire continuer à avancer. Je marche droit devant moi, admirant les festivités. Quelqu'un m'attrape par le bras. Il me tire sur le côté et je me retrouve au milieu d'une photo.
- Allez souris Leroy ! me dit Martin qui m'a tiré jusqu'ici
Il passe son bras autour de mes épaules en souriant et je fais de même, Perconté de l'autre côté.
- Souriez ! sourie Hoobler
Nous formons un joli groupe. Serrée entre Perco et Martin, il y a Bill, Babe et Hoobler à ma droite. Chuck est trop occupé à embrasser une hollandaise pour se préoccuper de la photo. Les endroits vides sont envahis par des hollandais et des hollandaises pour qui la vue des américains est décidément très plaisante.
Nous finissons par avancer. Talber est en train d'embrasser une brune. Il la quitte à contre cœur. Des hommes avec un brassard orange fluo arrivent soudain et embarque soudain la jeune femme. Je la suis et m'arrête à côté de Bull. La foule s'écarte au passage des brassards. Ils la poussent à genoux dans une clairière. Ils déchirent sa robe et la mettent à genoux. Une autre femme arrive avec une tondeuse et lui rase les cheveux. La foule hurle des choses que je ne comprends pas. Ils les encouragent si j'en crois leur intonation. La femme est en larmes. Je voudrai l'aider mais je ne sais même pas de quel crime ils l'accusent.
Les cris de la foule redoublent d'un coup, au bout de la rue. La deuxième division blindée des British Guards entre dans la ville. Les tanks sont recouverts par des femmes qui agitent leur drapeau national.
Une demi-heure plus tard, nous avons récupéré tout le monde. Nous montons tous sur les blindés, cela nous évite de marcher. Nous roulons pendant une heure à travers la campagne hollandaise. En approchant de notre destination, le silence se propage dans la colonne. Une femme est sur le bas-côté, les cheveux rasés et un bébé dans les bras.
- Les cheveux rasés ça veut dire ?
- Elle a couché avec un allemand. m'informe Martin
Je regarde ma ration, restée dans ma main. J'appelle un gars à pieds. Je la lui lance en montrant la maman de la tête. Il lui donne. Elle la prend et la serre sur son cœur avec son bébé en le berçant. Nous nous fixons jusqu'à ce que nous ne puissions plus nous voir, ses yeux marrons me détaillants. Je crois qu'elle a compris.
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Fight - Band of Brothers
Historical FictionC'est une française. Ils sont américains. Une civile. Des soldats. Elle veut se battre. Ils sont la meilleure compagnie de l'armée américaine. Résistante. Héros. Un souhait commun. Sauver le monde. Et survivre.