Ça été dur. On avait froid. Le froid on s'y habitue jamais vraiment. On s'habitue à la faim, au manque de sa famille, à l'odeur de la mort, aux allemands en face. Mais le froid on s'y habituait pas. Mais le pire de tout, c'était les morts. Ça nous minait le moral alors on essayait de pas trop y penser. Mais combien de fois, derrière un arbre, j'ai cru que Hoobler allait me sauter dessus pour me parler de son Lüger ? Combien de fois j'ai surpris le regard de Babe quand il entendait une voix qui se rapprochait de celle de Julian ? J'ai arrêté de les compter rapidement. Ça faisait plus mal que ça nous rendais sains. Mais le plus horrible dans tout ça, c'est qu'ils étaient devenus pour nous une excuse en plus pour tenir. On ne se battait plus seulement pour survivre et empêcher les allemands d'avancer. On se battait pour leur mémoire.
Je n'ai jamais su si c'était une bonne chose. De tuer pour la mémoire de quelqu'un. Je ne suis pas sûre que c'est ce qu'ils auraient voulus.
Après avoir fini mes corvées, je saute dans le trou qui s'offre à moi.
- Salut les gars.
- Tient. Salut Pau'.
Luz débarque et s'assoit. On se sert tous les quatre pour tenter de se réchauffer. Nous entendons Buck faire une halte dans chaque trou. Ses pas crissent dans la neige quand il se baisse à notre niveau.
- Ça va les gars ?
- Plutôt bien ouais.
- Je voulais juste vous dire de faire attention...
Le coup de feu qui a tué Hoob résonne soudain dans mes oreilles.
- T'inquiète pas pour nous... On fera gaffe. Le rassure Bill
- Ouais pas de problèmes. Sourit Babe
Je hoche la tête.
- George ?
- Hein ? Oh oui Buck. T'inquiète pas.
Il nous adresse un dernier bref sourire et s'éloigne. Le silence revient avant d'être coupé par Roe qui fait sa tournée.
- Tout va bien ici ?
- Ouais... le rassure Babe
- Roe attend ! le rappelle Bill
- Oui ?
- La cicatrice de Pau est bien refermée ?
- Normalement oui. Pourquoi ?
- Dit donc ! Parle comme si je n'étais pas là pendant que tu y es.
- C'est ce que je fais princesse.
- Ouais... Je vois ça.
- Elle te fait mal ?
- Elle tiraille avec le froid mais rien de plus.
- C'est normal... Je n'y peux rien malheureusement... Elle saigne encore ?
- Je ne crois pas.
- Tu changes bien les pansements tous les jours ?
- Non.
Il marque un temps d'arrêt.
- Pourquoi ?
- D'autre en ont besoins plus que moi. Si tu crois que personne ne voit que tu cours partout pour essayer de trouver une maigre ampoule de morphine et que la dernière fois que tu es allé en ville tu es revenu avec des draps en guise de pansement tu te mets le doigt dans l'œil jusqu'à tes rangers. Donc non. Je ne les change pas tous les jours.

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Fight - Band of Brothers
Historical FictionC'est une française. Ils sont américains. Une civile. Des soldats. Elle veut se battre. Ils sont la meilleure compagnie de l'armée américaine. Résistante. Héros. Un souhait commun. Sauver le monde. Et survivre.