On a tous souffert de Bastogne. Sans exception. Mais on a souffert ensemble. C'était sacrément dur moi je vous le dis mais on s'est débrouillés.
On se réchauffait avec les blagues de merde de Malarkey, les blagues encore moins drôle de Skip ou le sourire de Paulette.
Paulette, on voyait qu'elle souffrait mais elle disait rien. Je l'ai jamais entendu se plaindre. Elle pensait toujours aux autres. C'était jamais « il fait froid ici ! », c'était « vous avez pas trop froid ? ». On faisait tout ce qu'elle pouvait pour la protéger et elle détestait ça. En retour, elle faisait tout pour nous protéger. C'était de bonne guerre.
La chaleur humaine ça sauve des vies. On en est la preuve.
Essayant de conserver un semblant d'équilibre, je me fraye un chemin jusqu'au capitaine Winters.
- Capitaine ! Luz m'envoie vous dire que...
Un craquement me fais taire. J'épaule mon fusil et nous avançons vers l'anormal bruit. Roe qui venait d'arriver nous suit. Dénotant sur le blanc de la neige, j'aperçois un allemand. Je le met en joue pendant que le capitaine lui ordonne de venir ici. Il le fouille méticuleusement. La scène pourrait sembler comique vue de l'extérieur. Le capitaine Winters a le visage encore couvert de mousse à raser, Roe le regarde faire, un peu en retrait et le regard de l'allemand passe de Winters à moi. Une petite vingtaine d'année, il semble savoir ce qui lui pend au nez. Winters trouve un bandage, le donne au doc et ordonne à ses hommes de l'envoyer au PC situé en ville.
Nous n'avons pas beaucoup de choses à faire. Nos occupations se résument à essayer de nous réchauffer et à tenir moralement. Quant à tenir la ligne de front, nos lignes sont une vraie passoire. Voir un allemand dans une tranchée américaine ne m'étonnerais qu'à moitié... voir pas du tout.
Je déambule entre les trous de souris quand j'entend Dike appeler Lip. Il s'arrête devant nos docs.
- C'est quoi ça ? Deux médecins dans le même trou. On fait quoi si jamais vous vous prenez un obus ?
- Vous nous remplacez. C'est pas compliqué. marmonne Roe
- Pardon ?
L'arrivée de Lipton coupe court à la discussion.
- Adjudant-chef. Où est mon trou de souris ?
Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel.
- Par là chef. Vous n'avez pas du le voir. Je vais vous montrer où c'est, vous êtes un peu près du front.
Il me jette un coup d'oeil rapide. Je secoue la tête en regardant ce qui nous sert de chef. Une expression désolée passe sur son visage et il s'éloigne.
Je rejoins Guarnere dans son trou. J'entend le doc faire sa tournée pour tenter de trouver de la morphine quand un premier obus explose.
Nous restons terrés en attendant la fin de la démonstration de feu.
Quelques heures plus tard, nous sommes rassemblés dans une clairière. Assise entre Malark et Muck, nous rions à gorge déployées.
- T'aurais surtout du tirer dans le cul d'Inqeu.
Nous rions encore plus en pensant à la tête qu'aurais fait ce pauvre mec du cinq cent-sixième en se retrouvant avec une balle dans les fesses.
- En tout cas, on se les gèles ici. renchérit Malark
- Ouais tu l'as dis. répond Penkala en tendant sa gamelle au cuisto
Je regarde d'un drôle d'air ce qui vient d'atterrir dans ma gamelle. Je croise le regard mon irlandais préféré.
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Fight - Band of Brothers
Fiksi SejarahC'est une française. Ils sont américains. Une civile. Des soldats. Elle veut se battre. Ils sont la meilleure compagnie de l'armée américaine. Résistante. Héros. Un souhait commun. Sauver le monde. Et survivre.