Après Bastogne, on est allé au Bois Jacques. Personne ne dira le contraire, ça a été la partie la plus difficile de toute cette foutue guerre. Mais nous avons tenu. Nous étions la Easy Company vous voyez ? Il était hors de question qu'on se laisse avoir par un paquet d'allemands planqués dans un village.
Winters m'a ordonné de prêter main forte à Roe. Et Roe m'a ordonné d'aller chercher des médocs sur les lignes de la 507e.
- Fais attention sur la route. m'a-t-il dit
Cela fait quinze minutes que je marche. Toujours entourée du même manteau blanc et d'un silence pesant. Je grogne en me rendant compte que je ne sais même pas si je suis dans la bonne direction. Un craquement résonne dans le silence. Je fais volte-face. Une crosse de fusil s'abat sur ma tête et je m'effondre.
J'ouvre péniblement les yeux. Un frisson dû à la froideur du sol me parcoure. Je pousse un grognement en tentant de me redresser. La neige tangue devant mes yeux. Je secoue la tête pour m'obliger à recouvrer une vision un tant soit peu claire. Je me relève. Tant bien que mal. Un pied devant l'autre, un arbre comme appui, repartir en diagonale, se ré-appuyer sur un autre arbre. Ma progression est lente et si j'étais lucide, je pesterai sur le fait qu'on m'entendrait jusqu'à Berlin. Une voix résonne au loin, un écho qui se perd dans les arbres. Une silhouette grandit et danse devant mes yeux. Quelqu'un me secoue par les épaules.
- Paulette ! Leroy ! Soldat ! Répondez !
Je gargouille une réponse. Le visage de Lipton m'apparaît, déformé par je ne sais quoi.
- Lip. soufflai-je avant que mes jambes ne m'abandonnent.
Lipton me rattrape de justesse.
- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé princesse ?
Il doit être très inquiet pour moi, c'est la première fois qu'il m'appelle comme ça. Je me sens soulevé et le monde bascule à l'horizontal.
Le trajet jusqu'au camp disparaît dans ma mémoire au fur et à mesure qu'il se déroule.
Nous passons devant Winters et Nixon. Le reste de la Easy est rassemblé dans une clairière. J'ignore alors que leurs regards sont inquiets. Je ne verrai jamais les yeux écarquillés de Malarkey quand il me voit arriver dans les bras de Lipton. Je ne verrai jamais la mâchoire serrée de Liebgott tant il s'inquiétait pour moi.
Je crois entendre leurs chuchotements quand Lipton passe devant eux.
- Que s'est-il passé ? demande quelqu'un. Buck je crois
- Je n'en sais rien. admet Lip. Il faut qu'elle se repose. On verra après.
Je sens sa poitrine se soulever contre mon épaule quand il soupire.
- Aller les gars. Il faut retourner au boulot.
Quand j'ouvre les yeux, je ne vois que du bleu. Je crois être de retour dans la forêt quand ma vision s'élargit. Les bords d'un trou apparaissent et me rassurent. Je m'assois. Un mouvement au-dessus de moi descend dans l'abri. C'est Shifty.
- Attend ! Tu dois rester allongée. Ordre de Roe.
- Ça va Shifty. Où je suis ?
- De retour au Bois Jacques.
- Ouais, je sais. Mais pour la garde.
- Ah. Première ligne. Mais je vais dire à Winters que tu n'es pas en état.
- Si. Je peux y aller.
- Je...
- Shifty, s'il te plaît.
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Fight - Band of Brothers
Historical FictionC'est une française. Ils sont américains. Une civile. Des soldats. Elle veut se battre. Ils sont la meilleure compagnie de l'armée américaine. Résistante. Héros. Un souhait commun. Sauver le monde. Et survivre.