Je me suis souvenue toute ma vie de l'éclair dans les yeux de Malarkey quand il m'a vu à cheval. J'étais enfin sur mon terrain favori. Voyez-vous, à Carentan, mon père était agriculteur et mon oncle boulanger. C'était le boulanger du village. Alors mon père cultivait les céréales et mon oncle les transformait en farine au moulin pour faire son pain. J'ai toujours adoré les chevaux. Depuis toute petite. Dès qu'il y avait une corvée à faire avec le cheval, c'était pour moi. Et j'adorais ça ! Un gros cheval de trait, gentil comme j'en ai rarement vu. Il s'appelait Rivière à cause d'un fâcheux accident qu'il avait eu quand il était petit. Mes parents sont parti avec. J'ai espéré qu'il aille bien toute la guerre. Lui qui était si gentil, au front, vous imaginez ?
1er juillet 1944
Nous sommes rentrés au village où nous logeons vers 13 heures. Blithe a été blessé pendant une patrouille par un tireur isolé. Je ne le connaissais pas mais nous faisions partis de la même compagnie. Malarkey et un de ses amis ont trouvé un side-car dans une ville à deux ou trois kilomètres de là où nous stationnons. Bien sûr, ils veulent rentrer avec. Le seul problème c'est que nous sommes trois et qu'il n'y avait que deux places. Mais le hasard fait bien les choses. Pendant que nous réfléchissions à comment rentrer, un paysan est passé à côté de nous. Il râlait car son cheval devait être amené dans un village proche mais son palefrenier n'était pas disponible. Je suis alors allée lui proposer de lui amener.
- Où logez-vous ? me demande-t-il
- A Saint Pellerin.
- C'est là où il doit être amené. Bien. Si vous me promettez d'y faire attention, vous me rendriez bien service.
- Promis monsieur. Vous n'avez pas par hasard une selle et un filet ?
- Suivez-moi !
Après avoir fait un signe à Malarkey, je suis le vieil homme. Il me donne le harnachement et me présente le cheval.
- Il s'appelle Joey. Quand vous serrez au village, amenez-le près de l'église. Quelqu'un viendra le chercher.
- Très bien ! Merci encore monsieur.
Je sors de la grange en selle. Je souris en voyant l'expression de mon ami quand il me voit à cheval.
- On y va ?
- C'est parti !
Ils prennent la route et je marche dans le champ qui la borde. Il n'y a qu'un village qui sépare la route du champ sur notre chemin, je vais pouvoir suivre mes deux compères sur la totalité de notre chemin.
Nous parcourons les deux premiers kilomètres tranquillement. Nous apercevons au loin Saint Pellerin, notre halte.
Sans prévenir, je pars au galop et je les distances. J'entends seulement un : « Eh ! C'est pas juste ! » qui se pert dans le vent. Ils arrivent à ma hauteur. Je les vois faire des grands signes en montrant le champ devant moi. Je rie en voyant ce qui les inquiète. Un tronc d'arbre. Sans même ralentir, Joey saute au dessus et redouble de vitesse. Il semble aimer prendre part à cette course. Nous entrons dans le village. Je quitte la bordure de route et je longe les maisons. Un chemin en sable s'ouvre à ma gauche, comme prévu. Je débouche dans la cour occupée par les soldats exactement au même moment que la moto. Les autres regardent avec une certaine méfiance Joey qui souffle en piétinant, content d'avoir gagné. Je repars tranquillement vers l'église pour laisser mon compagnon de course à son propriétaire.
Je les rejoins ensuite dans la salle qui nous sert de réfectoire. Je m'avance et tapote l'épaule de Liebgott qui se décale pour me laisser une place. Malarkey arrive ensuite. Un gars en béquille commence à raconter quelque chose qui semble faire rire tout le monde.
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Fight - Band of Brothers
Fiksi SejarahC'est une française. Ils sont américains. Une civile. Des soldats. Elle veut se battre. Ils sont la meilleure compagnie de l'armée américaine. Résistante. Héros. Un souhait commun. Sauver le monde. Et survivre.