14

315 46 83
                                    

Ethan

Putain, deux heures. Ça va faire deux heures que je suis ici avec Noah, à essayer de mentir aux flics. Mais ils ne veulent rien entendre, et en plus de ça, ils veulent nous coller une amende pour cette nuit. Ils font vraiment chier. C'est Noah et moi qui payons, alors que Logan, Hannah et Ava nous ont aidés à créer cette énorme fête. De toute façon, ils s'en sortent toujours, peu importe les emmerdes.

Le flic avec une grosse moustache noir dégueulasse nous engueule encore, et Noah et moi sommes assis, en faisant des têtes de pauvres enfants apeurés. On se fout de sa gueule, en fait.

- Donc je vous le redis, plus de fête ou de soirées ici ! La prochaine fois, l'amende sera doublée, vous avez compris ?

Il nous crie dessus, et je fais une grimace quand je reçois ses postillons en pleine face. On garde la tête baissée, et on le laisse continuer.

- Ce qui est arrivé cette nuit est très grave, et tout ça à cause de tout cet alcool !Je vais être obligé de...

Son talkie-walkie accroché à sa veste diffuse une voix, et cela l'oblige à fermer sa gueule. Mais l'information que son petit gadget dévoile me laisse bouche-bée.

- "Il y a eu un accident de bus sur la route 57, à côté de la station-essence. Il a été déclenché par une jeune fille qui s'est évanouie, son nom est Ashley Brown. J'ai besoin d'un ou deux policiers, merci."

Je n'arrive pas à y croire, elle est partie de chez moi ? Mais putain, pourquoi, ? Elle aurait pu se faire retrouver par son père. Et surtout, pourquoi s'est-elle évanouie ? Un sentiment nouveau arrive en moi, et je crois que c'est de l'inquiétude. Je ne sais pas pourquoi je m'inquiète pour elle, mais je m'en fous et il faut que je sache si elle va bien.

- Je la connais !

- Qu'est-ce que tu viens de dire, mon bonhomme ?

Putain, s'il m'appelle encore une seule fois comme ça, je vais le frapper, qu'il soit flic ou non.

- J'ai dit que je connais cette fille ! On est amis !

Parfois, il faut un peu exagérer la réalité pour avoir ce que l'on veut. Il a l'air de me croire, et je continue.

- Je peux venir avec vous ? Aussi, elle était à la soirée, c'est peut-être pour ça qu'elle s'est évanouie.

- Tu veux dire qu'elle avait bu ?

Bon, je vais mentir, mais j'essaierais qu'elle n'ait pas d'amende et surtout, qu'elle ne soit pas reliée à la baston des deux mecs.

- Je crois, oui.

- D'accord, merci beaucoup.

Il s'en va et je me dépêche de le rattraper.

- Attendez ! Il faut que je vienne avec vous. Je...l'aime vraiment beaucoup.

Il me regarde et dit oui dans un soupir.

- Super, merci.

Je rentre dans sa voiture avant qu'il n'eut lui-même le temps de le faire. J'avoue que je prends un peu trop mes aises, et je lui dis :

- Il faut que vous rouliez vite, ça a du créer des bouchons, ce merdier.

- De une, tu enlèves ce langage vulgaire quand tu es dans cette voiture, et de deux, tu n'as pas à me dire ce que je dois faire.

Je ricane doucement et laisse sortir un "désolé" discrètement. Il démarre la voiture, et se dirige vers le lieu de l'accident grâce à son GPS.

- Vous n'êtes pas censé connaitre la ville ?

- De quoi tu te mêles ? Bien sûr que je connais la ville, mais là...il faut se dépêcher.

Il bredouille la fin de sa phrase. Ce qu'il vient de dire n'a absolument aucun sens, et je ne peux m'empêcher de continuer à me moquer de lui.

- Peut-être que finalement, vous ne connaissez pas si bien votre métier.

Il me regarde et je comprends qu'il vaut mieux que je me taise.

Après vingt-cinq minutes de route, on peut enfin apercevoir le bus. D'ici, on n'a l'impression qu'il ne s'est rien passé, mais la fumée noire qui s'échappe du devant du véhicule me fait comprendre qu'il s'est pris la voiture qu'il précédait. D'ailleurs, il y en a énormément des voitures, et toutes les personnes qui étaient à l'intérieur sont sorties et forment maintenant un cercle près du bus.

Dès que nous nous sommes garés un peu n'importe comment, je sors de la voiture en trombe et me précipite vers le lieu où tous les regards sont posés. J'essaie de me frayer un chemin parmi tous les gens qui n'ont rien à foutre ici, et j'arrive finalement à me trouver une place qui me permet de bien voir l'accident. Je peux donc constater ma théorie et remarquer que l'arrière de la vieille automobile rouge, qui est placée devant le bus, est complètement détruite.

Il y a deux camions de pompier, et une trentaine de personne allongées par terre, avec des couvertures isothermiques. Ils sont tous blessés, et je peux voir qu'il y a des cas peu grave, comme des cas qui ne sont pas très beaux à voir. Mon premier réflexe est de trouver Ashley, mais elle est introuvable. Je ne sais pas si j'ai le droit de me déplacer pour aller la chercher, mais personne ne bouge, alors je me retiens de faire le con.

Les pompiers commencent à rentrer des personnes blessées dans leurs camions pour les emmener à l'hôpital. Cela me stresse encore plus de ne pas l'avoir encore trouvé, et mon cœur bat à la chamade. Je commence à transpirer, mais toutes mes inquiétudes s'évaporent quand je la vois enfin. Elle est assise par terre, un peu cachée, et Dieu merci, elle à l'air d'aller bien. Enfin, son front est quand même un peu ensanglanté, mais le sourire qu'elle tend au policier me rassure. J'aimerais tellement aller la voir et la prendre dans mes bras pour la réconforter. Mais je vais attendre qu'ils l'emmènent à l'hôpital, et à ce moment-là, j'irai passer m'assurer qu'elle se sente bien. Je garde les yeux rivés sur elle, et je ne peux m'empêcher de penser comment j'en suis arrivé là. Je ne suis pas le genre de mec à tomber amoureux facilement. Donc, j'imagine que je ne ressens rien pour elle. Quand au baiser de cette nuit, c'était seulement pour la réconforter. Elle a trop souffert, et c'est injuste. Alors, c'est tout à fait normal que je tienne à savoir si elle se porte bien. Je ne veux même pas être ami avec elle, et je suis sûr qu'elle pense la même chose pour moi. Point final, il n'y a pas d'autres explications.

Une voix qui m'est familière me fait sortir de mes pensées, et je me retourne. Je peux voir, avec une colère qui commence à monter en moi, que son petit con de père est ici, dans la foule, en train d'appeler sa fille. Il n'a pas l'air inquiet, seulement enragé. Enragé qu'elle se soit enfuit de ce mariage de merde. Il pousse les gens autour de lui, et crie le nom de sa fille. Il ne faut absolument pas qu'elle rentre avec lui. Alors, je laisse ma colère contrôler mes gestes encore une fois, et je me dirige vers ce gros con. Il me voit arriver, et avant qu'il ne puisse me dire quoi que ce soit, je lui fous un gros coup de poing dans sa gueule de merde. Il ne peut même pas me renvoyer la même, car deux policiers nous attrapent par derrière, et nous écarte. Je suis fier de moi, car je crois bien lui avoir explosé le nez. Les flics nous amènent chacun dans une voiture différente et avant qu'il ne puisse plus me voir, je lui tends un beau doigt d'honneur.

Bad Love ( Fr )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant