Chapitre 7 - Manipulation & misérable

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Loìs Aelfric, écrit noir sur blanc. Personne d'autre à part elle ne connaissait son nom de famille, même pas Gia. Ce nom, elle ne l'avait pas lu, pas imaginé, ni même prononcé, depuis une étérnité. Son nom résonnait en écho dans ses pensées, se mêlant aux souvenirs macabres de son village natal. En un éclair, elle vit défiler devant ses yeux : le sang, son frère disparaissant dans les bois, la mort et les derniers instants de ses parents.

Une larme coula sur sa joue avant de s'écraser sur la page du carnet, diluant quelque peu l'encre sèche. Pourtant ni la tristesse, ni le chagrin ne se trouvaient en elle. Non, c'était de la colère noire et absolue, nourrie par l'espoir de retrouver son frère et un désir de vengeance profond. Ses doigts froissèrent le papier et le capitaine le retira de ses mains avant qu'elle ne le réduise en charpie.

– Oui, c'est bien ce que tu crois, affirma-t-il.

Comment ? Comment le savait-il ?! Tout cela était impossible. Une multitude de questions foisonnaient dans son crâne. Azalaïs, assoiffée de réponse et la gorge sèche s'exclama :

– Vous le connaissez d'où ?!

– J'ai quelques espions un peu partout sur les trois océans, c'est comme ça que j'ai réussi à étoffer cette liste.

– Vous répondez pas à ma question ! cria la jeune femme, les poings serrés.

– Tu manques de patience Azalaïs, nota le capitaine. Je connais ton frère. L'un de mes espions m'a rapporté le récit, plus que touchant, d'un esclave du Torboyo. Il ne cessait de parler d'une jeune fille, à la chevelure auburn et au visage parsemé de tache de rousseur. Sa petite sœur disait-il...

– Je suis pas la seule femme au monde à correspondre à cette description. Ça peut être n'importe qui ! Dites-moi ce que vous me voulez !

– Il répétait ton nom à longueur de journée... Azalaïs, Azalaïs, ô Azalaïs. J'ai parcouru les mers et je connais bien les femmes. Je peux t'assurer qu'on ne rencontre que très rarement un nom comme le tien.

– Qu'est-ce que vous me voulez ? J'ai pas d'argent à vous offrir et je vous donnerai pas mon corps, conclut-elle en crachant sur le sol.

– Petite, loin de moi l'idée d'abuser de toi, non, et puis ton or ne m'intéresse pas. J'ai d'autres plans. Mon navire a besoin de profil comme le tien, hargneux et pugnace. Veux-tu sauver ton frère ?

– Qui vous dit qu'il est encore en vie ?

– Tu manques d'optimisme petite. Oui ton frère est encore de ce monde et je sais exactement où il est, ajouta-t-il avec un sourire satisfait.

– C'est évident que je le veux ! Et je veux aussi voir le Torboyo couler par le fond, je veux le faire de mes propres mains !

– N'allons pas trop vite en besogne, veux-tu ? Commençons d'abord par ton frère.

– Pourquoi vous m'aidez ? demanda-t-elle si soudainement que le capitaine en recula d'un pas.

– Parce que moi aussi... Je veux voir le Torboyo couler. Il n'apporte que chaos et destruction. Alors, vas-tu te rejoindre à nous ?

La jeune femme acquiesça d'un vif mouvement de tête vertical. Le capitaine lui tendit la main dans la foulée et elle la serra d'une poigne forte.

– Capitaine Joan Hamilton, se présenta-t-il.

– Capitaine, rétorqua-t-elle sur un ton solennel.

– Très bien, tu peux rejoindre le pont. Je te laisse le plaisir d'annoncer la nouvelle à l'équipage et nous reprendrons cette discussion plus tard. Je dois m'entretenir avec mon second.

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