AMARA DRYGS

Chapitre 22

Amara était partie dans un endroit, qui autrefois la rendait heureuse et la calmait. Elle montait sur cette colline avec peine dû au poids de sa robe. Avec rage, elle arracha au moins deux couches de sa robe et elle les laissa là, en plein milieu du chemin. Elle se sentait déjà plus légère mais pas complètement. Elle n'arrivait plus à respirer, comme si quelqu'un appuyait sur sa poitrine fortement. Son souffle était coupé. Sachant pertinemment que personne ne viendrait la déranger, elle arracha son corset d'un coup sec, laissant enfin place à l'air qui lui revenait dans ses poumons. En montant, des images du roi et de tout ce qu'il lui avait fait subir venaient submerger ses pensées. Ses larmes coulaient à flot le long de ses joues. Pourquoi devait-elle endurer tant de douleur ? Qu'avait-elle fait pour mériter tout ça, toute cette haine ?

Amara se sentait seule, délaissée, personne ne l'aimait, le duc ne l'aimait pas comme il lui avait promis de l'aimer, il ne l'avait pas attendu, il s'était marié dans son dos, il avait rompu ses promesses. Sa sœur la haïssait alors qu'elle n'avait fait que la sauver d'un sort terrible. Le roi, son mari, la détestait et quant à Eluë et Lina elles faisaient semblant de l'apprécier car Amara était leur reine. Elle n'arrivait plus à vivre cette vie qu'était la sienne. Elle voulait impérativement en finir, de toute manière qui serait réellement atteins par sa mort ?

La reine aurait rêvé qu'Heldoria prenne sa place. Arrivée en haut de la colline, elle admirait la vue somptueuse. En face d'elle, se trouvait le village d'Erawel en minuscule. On pouvait voir le château en hauteur et le village juste en dessous, pour montrer que le château était au-dessus de tout. Tout était encerclé de forêt et de champs. Amara aimait ce village, elle aurait voulu que sa vie se déroule autrement. Elle voulait que sa vie ne soit pas toute tracée, d'abord, rencontrer l'amour, ensuite, se marier, puis, avoir des enfants, construire sa vie elle-même, construire une belle famille et surtout être heureuse.

On pouvait voir au loin, le clocher de l'église qui faisait retentir la cloche pour annoncer qu'il était seize heures. D'un coup, tous ses souvenirs lui revinrent en tête. Elle se rappelait à quel point sa vie, avant, était belle. Elle se souvenait de la complicité qu'elle avait avec les membres de sa famille, avec Thalos et avec lui. Celui qui ne cessait de hanter ses pensées depuis maintenant plus de six longues années. Sous ce magnifique paysage, Amara s'était recroquevillée sur elle-même, ces images ne cessaient de déambulaient dans son esprit et sans réfléchir, elle s'était mise à crier et à pleurer. Intérieurement elle était à bout, on pouvait ressentir et entendre sa souffrance, cette douleur si profonde qu'elle gardait en elle depuis bien trop longtemps.

La Amara joyeuse et pleine de vie n'était plus, désormais. Il s'agissait maintenant d'une nouvelle Amara, mélancolique, triste, traumatisée mais surtout à bout et au bord du précipice...

***

Quatre ans plus tôt

Les yeux de la jeune femme s'ouvraient petit à petit. Que s'était-il passé ? Elle sentit une douleur atroce à l'arrière de sa tête comme si un carrosse lui était passé dessus. Elle leva sa main et la porta à l'arrière de son crâne. Elle sentit quelque chose de liquide qui coulait à travers ses cheveux. Que se passait-il ? Elle s'asseya et regarda sa main pour comprendre et donc voir quel était ce liquide. Malgré l'obscurité dans laquelle elle se trouvait, un zeste de lumière lui permit de constater que sa main était recouverte d'une substance rougeâtre. Aussitôt, elle comprit, il s'agissait de son sang. A ce moment-là, tout lui revint en tête, la course poursuite, la fête qui n'en était pas une, le roi et le coup qu'elle avait reçu à la tête. La reine voulait se relever et partir de cet endroit dont elle ignorait l'existence, mais sa blessure à l'arrière de sa tête lui faisait terriblement mal et ne lui permettait pas de rester debout sans avoir des vertiges. Elle regardait alors autour d'elle, où était-elle ? Où le roi l'avait-elle enfermée ? Rien de ce qui se trouvait autour de la jeune femme ne lui était familier. Où ce monstre avait-il pu l'emmener ?