Chapitre 28

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Le chemin vers la place paraissait une éternité pour Amara qui usait de toutes ses forces pour se débattre. Elle pensait réussir à se défaire de l'emprise de ces deux gardes, mais en vain. Celle-ci n'arrivait pas à croire que tout était bel et bien terminé, que sa mère, Eluë et Eden allaient mourir devant ses yeux de jeune femme. Elle refusait d'assister à cela, mais que faire face à la volonté d'un roi hors de contrôle.

Une fois arrivée sur la place, elle regardait autour d'elle. On pouvait y voir tous les habitants d'Erawel, des amis, de la famille éloignée, des voisins... Tout le monde était là, tous étaient venus voir les personnes qu'elle chérissait brûler. Amara n'arrivait plus à penser et à réfléchir, voir tous ces gens avait déclenché en elle une vague de colère qu'elle-même ne comprenait pas d'où elle venait. Que pouvait-elle faire de plus pour éviter cette horreur ?

Au milieu de la place se trouvait cinq bûchers côte à côte. Ce fut Eluë la première à être attacher, ensuite est venu le tour d'Eden puis de Vanà. Tous les trois regardaient autour d'eux. Tous ces regards fixés sur eux comme s'il s'agissait de bête de foire les déstabilisaient. Ils commençaient à réaliser que c'était fini, que la vie allait pour eux, prendre un autre chemin. On pouvait voir dans leur regard une peur qui saisissait leur cœur. Ils se sentaient prêts à partir et à affronter leur destin, mais étaient-ils vraiment prêts à endurer ces souffrances pour y parvenir ?

Eden regardait autour de lui, il ne connaissait personne et personne ne le connaissait mais tous le dévisageaient et le jugeaient. Il recevait de nombreux cailloux dans le ventre et sur la face. Sa seule faute avait été de vouloir sauver la seconde femme qu'il avait aimé durant toute son existence. Son regard s'était posé sur Amara qui se débattait de toutes ses forces. Il savait que tout était de sa faute, que s'il n'avait rien dit, rien de tout cela ne se serait passé, mais comment lutter face à de tels sentiments et face à l'envie de sauver une personne qu'on aime ?

Il regardait chaque détail de son visage, ses yeux, ses cheveux ondulés et châtains, son sourire. Eden se souviendrait de chaque détail de son corps jusqu'à sa mort et même après. Il souriait, la voir le remplissait de joie et de courage. Il se sentait prêt à quitter ce monde rempli de tristesse et d'injustice.

- Pourquoi souris-tu ? Comment fais-tu pour être joyeux alors que nous allons être brûler dans quelques minutes ? avait demandé Vanà terrifiée.

Les deux femmes qui se trouvaient près de lui avaient suivi son regard jusqu'à la jeune femme qui essayait d'empêcher la mort des gens qu'elle aimait. Tous les trois s'étaient alors mis à sourire.

- Nous nous retrouverons lâcha Eluë en regardant sa vieille amie.

Vanà lui avait décroché un sourire, ils étaient prêts à affronter la mort et à accepter leur destin.

Amara refusait de se laisser faire et de les voir souffrir sans pouvoir rien faire.

- Lâchez moi sur le champ, ordonna-t-elle aux gardes qui la tenaient fermement, laissez les partir, ils n'y sont pour rien, c'est à moi de payer, pas eux.

Le roi ne faisait pas attention aux propos de sa femme, il était trop focalisé sur les prisonniers et sur les gardes qui allaient obliger la reine à regarder. Elle allait souffrir et c'est ce qu'il souhaitait, il allait l'obliger à écouter sa mère hurler de douleur et se décomposer sous ses yeux. Le roi ne cherchait qu'une chose, le mal. Victorieux, il souriait en voyant ce spectacle.

- Laissez-moi prendre leur place, par pitié, supplia la reine en pleurant.

- Et vous enlevez toute souffrance ? Jamais, cracha-t-il.

- Vous n'êtes qu'un monstre !

Le roi par réflexe gifla la reine sous les regards de tous les habitants, celle-ci, consciente de ce qu'il venait de faire, souriait. Il ne s'était pas contrôlé et n'avait pas réfléchi aux conséquences de ses actes. Sans réfléchir, il se tourna vers les gardes qui étaient chargés d'allumer le bûcher et leva la main pour leur donner l'ordre de commencer. Ceci avait détourné l'attention des habitants et ils oublièrent aussitôt cet incident. Amara hurlait, mais le roi ne prêtait pas attention aux désapprobations de sa femme, le peuple voulait de l'action, ils voulaient du spectacle.

AMARA DRYGSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant