— Patria, je m'oppose à ce que ce Nohyxois soit déclaré champion de Dacéana ! Par Macdiar ! Il ne possède pas les qualités requises pour représenter l'île. C'est un agitateur, une source de discorde. Pas plus tard qu'il y a trois jours il m'a menacé. Je lui avais uniquement dit que Domoïos serait encore vainqueur cette année et il est devenu furieux. Il a fallu l'intervention de Bartamos pour que nous n'en venions pas aux mains. Seul le grand Domoïos a les qualités requises pour mériter le titre.
Le patriarche tourna la tête vers le guerrier à la peau bleue et déclara :
— Tout facteur de désunion est pris avec le plus grand sérieux ici, c'est une accusation très grave qui est formulée à ton encontre Izba. Ce que raconte Mourïos est-il vrai ?
Le Nohyxois, conscient de ce qui se tramait, s'emporta avec l'énergie du désespoir :
— Patria, Pentanos m'emporte à l'instant si mes mots diffèrent de la réalité, ces affirmations sont totalement fausses ! Seul l'accusateur est coupable des faits qu'il dénonce.
— Tu me traites de menteur ? hurla le lascar de Norbhaile indigné, j'ai au moins dix témoins qui peuvent appuyer mes affirmations.
Maul savait parfaitement que l'Héméien n'aurait aucun mal à trouver des soutiens. Finalement, malgré les étranges incohérences qui se multipliaient, le chemin du temps finissait toujours par reprendre son cours initial.
— Allons, allons, leur dit-il calmement, nous devons tirer cette affaire au clair.
Puis relevant la tête pour s'adresser à la foule :
— Il y a eu, voilà trois jours, une altercation entre Mourïos et Izba. Y a-t-il quelqu'un dans le public qui puisse soutenir que Mourïos n'en est pas à l'origine ?
Une dizaine de silhouettes se levèrent.
— Merci, messieurs, vous pouvez vous asseoir. Y a-t-il maintenant quelqu'un qui puisse soutenir qu'Izba n'en est pas à l'origine ?
La question fit s'éteindre la rumeur et le silence s'installa. Plus personne ne bougeait. Le patriarche n'en fut pas surpris. Il avait interrogé les Dacéaniens pour la forme et ne s'attendait pas à en trouver un prêt à défendre le jeune guerrier. Il s'apprêta donc à le disqualifier quand à nouveau la foule s'agita. Un personnage tentait de descendre sous les huées et les insultes. Foulant à son tour le sable de l'arène, Ménéryl s'approcha de la tribune.
— Le temps est décidément bien facétieux aujourd'hui, lâcha Maul entre ses dents.
— Et bien jeune homme ! Venez-vous soutenir les dires d'Izba ?
Ménéryl, mal à l'aise d'avoir ainsi toute l'attention portée sur lui, lâcha d'une traite, comme si les mots avaient été comprimés en lui :
— Je les soutiens, car sinon personne ici ne le fera ! Je ne peux me résoudre à le voir renoncer à une victoire amplement méritée...
Il marqua un court silence et se tournant vers l'accusateur ajouta :
— Surtout si c'est à cause des allégations d'un menteur.
— Baveux ! Charlatan ! Comment oses-tu m'insulter ? Je vais te découper en deux, rugit Mourïos qui avait posé une main sur un de ses glaives.
— Garde ton calme Mourïos ! gronda le patriarche sur un ton qui refroidit immédiatement l'Héméien.
Puis, se tournant vers Ménéryl il reprit calmement.
— Lorsque deux personnes affirment pour un même événement avoir vu des choses contraires, l'une d'entre elles ment ! Savez-vous jeune homme comment on règle sur cette île ce genre de différent ?
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Mémoires du Monde d'Omne Tome I
FantasyL'Omne. Vaste continent entouré de l'Orbia : l'anneau aux milliers d'îles. C'était la fin d'une époque, celle de la chute des hommes dieux. Les royaumes finissaient à peine de panser les plaies de la Grande Guerre que déjà, partout, les convoitises...