— Pourquoi l'Ugreterre ? demanda Ménéryl à Izba
— Je te l'ai dit, nos destins sont maintenant liés et ils étaient les seuls à te faire une proposition.
— Mais Sargonne n'aurait pas mieux répondu à tes ambitions ? Je ne veux pas que tu te sacrifies.
— Tu te trompes ! Les armées d'Ugreterre sont excellentes. Et puis rend toi compte Ménéryl ! Tu as été rejeté par la mer il y a six jours venant d'on ne sait où. En plein tournoi de Dacéana et juste avant la finale qui plus est. Si cela n'avait pas été le cas, j'aurais vaincu Domoïos, mais j'aurais quand même perdu. Clairement, personne ne serait descendu dans l'arène comme tu l'as fait. Tu es arrivé entre la vie et la mort et seulement six jours après tu remportes un combat singulier face à l'un des meilleurs guerriers de l'île. Je me suis déshonoré en ne m'opposant pas à votre affrontement. Il y a peu tu utilisais encore une béquille ! Je me suis dégoûté de n'avoir eu aucune réaction lorsque tu t'es présenté pour me défendre. J'étais prêt à tout pour ne pas perdre ce tournoi, même à te laisser t'embarquer dans un combat que je considérais inégal. Et pourtant tu l'as vaincu. Par Dacéane et par Macdiar ! comparé à ce que tu as fait pour moi, je m'abaisserais davantage si j'appelais le fait de te suivre un sacrifice ! Tu n'es pas un homme comme les autres, tu n'es pas venu par hasard, nos destins sont liés. Si l'Ugreterre te propose de rejoindre son armée, alors c'est là-bas qu'il faut que j'aille.
Puis, ne laissant pas à Ménéryl le temps de répondre, il changea de discussion pour ne pas remuer le couteau dans la plaie de sa honte.
— Et toi Orphith, tu es sûr de vouloir laisser Chunsène se rendre à Ur-Naram ? Tu ne préfères pas y aller toi-même ?
— Tu as battu Domoïos plutôt facilement finalement et regardes dans quel état Ménéryl a mis Mourïos. Chunsène sait se débrouiller et vous êtes des guerriers redoutables, je n'ai aucune crainte.
Orphith rigola franchement puis reprenant son sérieux il ajouta :
— Je pense que la rencontre avec Kéleuce n'est pas seulement d'ordre médical, elle doit aussi être politique. Chunsène le connaît très bien, il fait pratiquement partie de sa famille tant il était proche de son père. D'ailleurs il n'y a aucune chance qu'elle me laisse y aller à sa place. Elle est la personne tout indiquée pour ce travail et je sais que vous veillerez sur elle comme sur la prunelle de vos yeux. J'ai une entière confiance en vous.
— Tu peux compter sur nous, dit Ménéryl qui pour la première fois ressentait poindre l'orgueil de celui sur lequel on compte.
— Merci à vous mes amis d'en avoir fait une priorité, je sais que cela vous oblige à mettre de côté vos ambitions. Tu vois Izba, moi aussi j'ai la faiblesse de ne pas tenter de vous en dissuader. Chunsène est beaucoup trop précieuse pour moi et je n'ai confiance qu'en vous.
— Par Dacéane ! cela t'a fait gagner du temps que de ne pas essayer ! rétorqua le Nohyxois en souriant.
Le soigneur lui rendit son sourire et dit :
— Je rentre en discuter avec elle, vous venez avec moi ou bien vous restez profiter de la fête ?
— Je vais allez faire un tour chez Mirgae pour lui faire mes adieux, répondit Izba.
— La nourrice qui t'a allaité ? J'ignorais que tu avais gardé contact avec elle.
— Oui, elle est la seule qui ne m'a jamais exclu, mais je restais discret, je ne voulais pas lui attirer des problèmes. Je ne peux partir sans lui dire au revoir.
— Tu as raison, et toi Ménéryl ?
— Je ne connais personne ici et nous partons demain, je ne vois aucun intérêt à me mêler à la foule. Mais j'ai tout de même envie de faire une balade avant de rentrer.
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Mémoires du Monde d'Omne Tome I
FantasyL'Omne. Vaste continent entouré de l'Orbia : l'anneau aux milliers d'îles. C'était la fin d'une époque, celle de la chute des hommes dieux. Les royaumes finissaient à peine de panser les plaies de la Grande Guerre que déjà, partout, les convoitises...