En ces temps, tension et agitation régnaient sur l'ouest de Thésan. Afin que s'élève davantage la discorde, les agissements du monarque de Sargonne prirent alors une voie scélérate. Je ne peux que l'admettre, pareille manigances ne naît que dans les profondeur des natures les plus noire. Mais le tout-puissant règne des hommes-dieux ne pouvait être aboli que par des solutions audacieuses et c'est bien la voie de la liberté que par son sacrifice, Yvanion à offert à l'humanité.Il fit mander un assassin de l'île d'Od. Cette communauté de tueurs à la terrible réputation seyait parfaitement aux desseins qui étaient les siens. Leur redoutable efficacité dans l'art de transformer la vie en mort allait préluder à la cruelle machination qui était sienne. Efficace, l'envoyé d'Od le fut ! Dès le lendemain, Éralid et Azélaïs, bien qu'étroitement surveillés, furent retrouvés morts, le visage tellement mutilé que tout ce qui en restait semblait de même matière que leurs cervelles.Enflé de l'assurance que nourrissait l'exactitude de ses prévisions et se flattant de parvenir à la gloire, Yvanion avait fait assassiner son propre fils. Mais pour accomplir ce qu'il avait projeté, la fille de Bertrand avait également affreusement péri en présence de gardes qui n'avaient même pas été blessés.En Exinie, la responsabilité de l'Ugreterre fut largement mise en cause. Bertrand, poussé par la haine et par le devoir de se montrer hardi aux yeux de ses vassaux, agit de manière impulsive. Il ordonna à Yvanion, comme s'il lui eut été assujetti, l'envoi de troupes. Celui-ci répondit : "Je me hâte, enragé par la soif de vengeance qui me tenaille, pour que nos armées se rejoignent. Laissez-moi dix jour car les choses à faire sont nombreuses". Confiant en sa force et en l'emprise qu'il avait sur le roi Gargandra, Bertrand donna l'ordre de marche sans attendre. Au sixième mois de l'an huit cent trente-neuf, son armée passa la frontière de l'Ugreterre et livra aux flammes et au pillage, partout où elle passa, tout ce qu'elle trouva. L'armée Ugre marcha vers le sud et stoppa l'avancée Exinienne dans les plaines bordant la ville de Turonne.
Gaïl le Vénérable, Mémoires du Monde d'Omne
***
Le lendemain, après une nuit comme il n'en avait pas passé depuis longtemps et nourrit comme il l'avait été, Ménéryl avait recouvré de ses forces. Il insista pour accompagner Izba au combat auquel il devait assister. Fusèrent alors des "non", des "je vous le déconseille", des "c'est trop tôt" et enfin des "ce n'est pas une bonne idée". Mais le jeune homme avait la tête aussi dure que l'antracier et ils finirent par accepter en lui imposant deux conditions. La première était d'utiliser une béquille pour ses déplacements. La seconde était de ne pas emporter d'arme avec lui. Les Dacéaniens avaient un penchant naturel aux duels. Une personne armée et étrangère à l'île était pour eux génératrice d'excitation et parfois même d'embrasement. Un grabataire désarmé ne représentant pas un défi digne d'intérêt, il y avait peu de chance qu'il soit provoqué. Mais Orphith lui avait tout de même fait promettre de ne pas céder à l'agressivité.
Ménéryl avait l'impression d'être un homme nouveau. Sa barbe avait été rasée, ses cheveux coupés jusqu'aux épaules et coiffés. Il portait des vêtements propres et à sa taille, donné par une connaissance d'Orphith. Un pantalon, une tunique, une large ceinture en cuir et même une cape courte à capuchon. Des vêtements faits pour le combat, permettant une grande liberté de mouvement. Tout de gris vêtu, il avait une allure discrète et bien qu'un peu maigre, il était plutôt bel homme maintenant qu'il était propre. Muni de sa béquille, il suivit Izba et put enfin découvrir le bourg qu'il avait arpenté de nuit.
VOUS LISEZ
Mémoires du Monde d'Omne Tome I
FantastikL'Omne. Vaste continent entouré de l'Orbia : l'anneau aux milliers d'îles. C'était la fin d'une époque, celle de la chute des hommes dieux. Les royaumes finissaient à peine de panser les plaies de la Grande Guerre que déjà, partout, les convoitises...