Chapitre 2

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Ce qu'Adrien savait du reste de cette journée, c'était Nino qui le lui avait expliqué. Le DJ était plongé dans un profond état de choc émotionnel, ce qui lui permettait de narrer les événements comme s'il y était parfaitement étranger, un peu à la manière dont il aurait raconté un film qu'il aurait vu un soir, par hasard, en faisant défiler distraitement les chaînes sur l'écran de sa télévision. Qu'à cela ne tienne, le cas de Nino était des plus préoccupants, et les médecins de la cellule psychologique qui les avait pris en charge ne le lâchaient pas d'une semelle.

Néanmoins, deux jours après les faits, il avait reçu l'autorisation de rendre visite à son meilleur ami. Il lui avait appris, alors qu'Adrien ne daignait pas quitter le plafond du regard, qu'Alya passait son temps à pleurer, sans discontinuer, au point d'en vomir par moments alors que rien n'avait effleuré la paroi de son estomac depuis quarante-huit heures ; Luka, de son côté, restait prostré dans un coin de sa cabine, murmurant comme un mantra que tout était de sa faute. Qu'elle était partie. Partie pour toujours.

Adrien ne s'en souvenait pas, mais il avait ordonné à son kwami de le détransformer alors qu'il étreignait fermement le cadavre de son amie, se balançant sur lui-même en hurlant de désespoir, les traits de son visage disparaissant derrière le rideau de ses larmes. Il avait protesté avec véhémence quand les secours étaient arrivés pour lui prendre sa camarade des bras, s'égosillant qu'ils n'avaient pas intérêt de l'approcher, encore moins de la toucher. Tout le monde là-bas, Plagg compris, avait tenté de le raisonner, mais ce n'est qu'à l'arrivée de Nathalie qu'il avait abdiqué, à bout de forces, donnant de faibles coups de pieds dans le vide pour se débattre, regardant impuissant des étrangers enfermer Marinette dans une housse mortuaire.

Nino lui avait appris qu'après l'accident de Ladybug – cette appellation avait le don de mettre Adrien hors de lui –, le Papillon avait rappelé à lui son akuma, et Lila avait été emmenée au poste de police pour y subir un interrogatoire.

En ce dimanche matin, elle n'était toujours pas sortie, et Adrien souhaitait au fond de lui qu'elle ne revoie plus jamais le soleil se lever.

Les soldats sans visage et les plaies que Princesse Désolation avait infligées à Paris avaient disparu avec ses pouvoirs de super-vilaine, mais les dégâts occasionnés, sans l'intervention de la coccinelle, étaient des cicatrices qui rappeleraient à tout jamais le drame survenu ce jour-là. Par chance, les blessés les plus graves n'étaient pas en danger de mort, et aucun décès, sinon celui de l'héroïne, n'était à déplorer.

Le miraculous de Marinette n'avait par-ailleurs subi aucun dommage, ce qui n'empêchait pas Tikki d'être profondément choquée par la disparition brutale de sa porteuse. Les parents de la jeune fille l'avaient récupérée en venant identifier le corps à la morgue, et depuis, Nino affirmait qu'elle ne quittait plus la chambre de Marinette. Comme elle n'avait pas officiellement renoncé à elle, le kwami était prisonnier du monde des humains, et lorsque Nino lui avait proposé son aide pour retrouver ses compagnons dans leur dimension, elle lui avait jeté un regard noir, le priant de bien vouloir sortir.

Nino supposait qu'elle voulait attendre que l'enterrement soit passé pour retourner dans son miraculous, mais Plagg la connaissait comme s'il l'avait faite, et il n'aurait pas misé sa réserve de camemberts là-dessus.

Après deux heures à faire la conversation à une coquille vide, Nino était rentré chez lui, lançant innocemment à son camarade un « À demain ! » en le saluant de la main, comme si leur prochain rendez-vous n'avait rien à voir avec une cérémonie d'adieux.

Adrien n'avait pas réagi, se contentant de fixer ses yeux vitreux sur le même point imaginaire sans ciller, exception faite du moment où le sommeil l'avait emporté loin de cette réalité.

Marinette - Miraculous Ladybug FanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant